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Lettre des historiens de l’Université de Bourgogne à la communauté scientifique - 30 septembre 2016

mercredi 5 octobre 2016, par Laurence

Cher(e)s collègues,

Nous, enseignants du département d’histoire de l’UFR Sciences humaines de l’Université de Bourgogne souhaitons vous faire part de notre profonde inquiétude face aux coupes budgétaires récemment décidées par la présidence, qui menacent gravement la qualité des enseignements que nous dispensons aux étudiants et par conséquent la qualité des diplômes que nous leur délivrons.

Au début de l’été 2016, la présidence de notre université a soudain découvert que l’établissement allait se trouver en ample déficit à cause d’augmentations de dépenses pourtant prévisibles et annoncées (GVT, point d’indice, contribution au fonds de handicap, hausse des effectifs étudiants). Elle a annoncé par un courrier aux directeurs de composantes et aux responsables de formation que l’université devait réaliser des économies à hauteur de 5 millions d’euros et anticiper cet effort « à travers une offre de formation revue »… à la baisse de 35000 h par rapport à 2015-2016. Les directeurs de composantes et les responsables de formation ont par conséquent reçu dans les premiers jours de juillet des notifications de dotation drastiquement en baisse : pour l’UFR Sciences humaines, à laquelle nous appartenons, les coupes proposées étaient de 36% pour les crédits de fonctionnement et 11,7% pour les crédits d’enseignement. Les enseignants de l’UFR Sciences humaines et d’autres composantes ont immédiatement opposé à la présidence des motions de protestation. Suite à l’expression de notre mécontentement, et en conséquence de la rallonge budgétaire accordée par le gouvernement en juillet à l’ensemble des universités pour compenser la hausse des effectifs, les baisses de dotations ont été allégées début septembre : pour notre UFR, il ne s’agissait « plus que » de - 5% pour les crédits de fonctionnement et - 6,7 % pour les crédits d’enseignement.

Mais même dans cette version allégée, ces coupes budgétaires compromettent dangereusement l’activité d’enseignement de toutes les UFR de l’Université de Bourgogne :

-  les groupes de TD supplémentaires nécessaires n’ont pas pu ouvrir à la rentrée

-  la solution préconisée par la présidence consiste en une diminution de 25% des TD au second semestre, « compensée » par le recours à l’enseignement numérique – enseignement pourtant impossible à mettre en place en un temps aussi rapide, dont le bénéfice pour les étudiants est discutable et dont la promotion n’est en réalité qu’une stratégie pour faire des économies en réduisant définitivement le nombre d’heures de cours en présentiel.

Plus généralement, nous trouvons intolérable que l’enseignement soit considéré comme une variable d’ajustement budgétaire, révisable à la dernière minute, une fois les emplois du temps des étudiants et les services des enseignants bouclés et même après la date de la rentrée universitaire. Et ce dans une opacité totale sur les choix budgétaires opérés par la présidence.

Nous considérons également que nous avons déjà atteint le plancher au-dessous duquel il n’est plus possible de descendre et que notre offre de cours ne peut être davantage réduite qu’elle ne l’est déjà, si l’UB veut continuer à fournir des formations de qualité à ses étudiants.

Avec nos collègues des autres composantes, qui sont également sinon davantage touchées, ainsi que les étudiants et les personnels de l’université, nous continuons donc depuis la rentrée à nous mobiliser au niveau local pour faire entendre à la présidence notre refus de ces coupes budgétaires et de leur conséquence, la réduction des heures d’enseignement et de l’offre de formation.

Cependant, nous sommes conscients que le problème de fond est un problème national, celui du désengagement de l’État du financement de l’enseignement supérieur et de la recherche, d’autant plus dommageable que nous nous trouvons dans une période d’augmentation des effectifs étudiants.

C’est pourquoi nous lançons un appel à une action coordonnée entre universités pour

-  protester ensemble avec davantage de poids auprès des présidences d’université et du MESR contre le processus de destruction de l’enseignement supérieur dans lequel nous sommes engagés

-  et alerter la société sur ce processus en marche.