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Privatisation de l’école, le fiasco suédois - Violette Goarant, Le Monde Diplomatique, septembre 2018

samedi 1er septembre 2018, par Mariannick

Bénéfices en hausse, résultats en baisse

Au cours de la campagne pour les élections générales qui se tiennent en Suède le 9 septembre, la poussée attendue de la droite xénophobe a occulté le débat sur l’avenir des services publics. À la tête d’un gouvernement minoritaire depuis quatre ans, les sociaux-démocrates n’ont même pas réussi à plafonner les profits des entreprises privées qui ont investi la santé ou l’éducation, au détriment de la qualité des services et de la réussite des élèves.

À faire lire d’urgence à JM Blanquer et aux syndicalistes "d’accompagnement" (!!)


À lire en kiosque, un lien internet sera est disponible le 1er septembre (abonnés).

C’est une école “deux en une” », résume Mme Elsa Heuyer. Cette professeure de français du lycée Drottning Blanka a dû apprendre à « optimiser » le temps et l’espace au bénéfice d’AcadeMedia, l’« entreprise éducative » cotée en Bourse qui l’emploie à temps (très) partiel : 28,7 %. Situé au sud de Stockholm, son lycée, un établissement privé sous contrat, dit friskola (friskolor au pluriel), partage ses locaux avec un autre du même groupe. Rentabilité oblige, Mme Heuyer doit gérer deux niveaux dans la même classe : « En pratique, je suis obligée de diviser le temps de cours par deux.  »

Exerçant, eux, à temps plein, ses collègues professeurs d’espagnol, Mme Sandra Nylen et M. Adrian Reyes, enseignent également une autre matière — un fait commun en Suède. Ils assurent en outre un tutorat pour une quinzaine d’élèves chacun, jouant le rôle de ce qu’on appelle en suédois un mentor. Par courriel ou par téléphone, ils doivent maintenir un contact permanent avec les parents pour le suivi des absences et de la scolarité, toutes matières confondues. « Lorsqu’un élève rencontre des difficultés, c’est de la faute du mentor  », soupire M. Reyes. Il n’est ainsi pas rare de voir un professeur aider un élève à faire remonter ses notes dans une autre matière que celles qu’il enseigne. « Je m’assure sans cesse auprès de mes élèves que tout va bien, car je sais que mon directeur va me demander des comptes, raconte Mme Nylen avec nervosité. Mais que faire lorsqu’ils échouent dans plusieurs matières ? »


Extraits :

Paradoxalement, les élèves continuent à affluer dans le privé, même si, à profil socio-économique équivalent, les résultats sont meilleurs dans le public (comme dans la plupart des pays occidentaux).”

La relation entre l’élève et le professeur devient celle d’un client et d’un “prestataire”.

La présidente du syndicat Lärnas Riksföbund :

“Nous étions favorable à ce qu’il y ait des écoles privées […]. Cela devait augmenter le pluralisme, la diversité, et favoriser une concurrence bénéfique pour les salaires. Mais c’est l’inverse qui s’est produit”