Recherche : même les académiciens sortent l’épée - Marianne, Sylvain Lapoix, 7 février

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Outrés par le discours de Nicolas Sarkozy le 22 janvier, les sages de l’Académie des sciences ont publié jeudi 5 février un communiqué pour condamner ces propos jugés nuisibles aux vocations scientifiques Certains membres de la noble institution pourraient rencontrer Pécresse… et infléchir la politique de casse de la recherche ?

Après les étudiants, les chercheurs et les profs, Nicolas Sarkozy va-t-il provoquer une manifestation d’académiciens ? Qu’ils viennent battre le pavé ou demeurent sous la Coupole, les sages de l’Académie des sciences ont décidé de faire entendre leur voix contre le discours de Nicolas Sarkozy du 22 janvier dernier sur la stratégie nationale de recherche et d’innovation, où il évoquait notamment une recherche française « médiocre », qui éloignait ses universités des classements mondiaux.

L’Académie en médiateur du conflit ?

« L’Académie des sciences souhaite faire état de la vive émotion soulevée parmi ses membres par l’appréciation portée récemment sur l’état de la recherche scientifique dans notre pays » : c’est ainsi que commence le communiqué en date du jeudi 5 février (disponible ci-dessous en document joint). Soulignant que la France reste une référence dans de nombreuses disciplines, le texte met en garde contre la « démobilisation des jeunes chercheurs » face à une recherche méprisée. L’Académie annonce mener une « réflexion approfondie » sur la question de l’évaluation de la recherche dont elle fournira les conclusions « dans les mois qui viennent ».

Selon le blog Sciences de Libération, le jugement de Sarkozy sur la science aurait été très mal pris par les sages. Un pays qui a tant de fois remporté la médaille Fields récompensant l’excellence mathématique mondiale ne peut pas être foncièrement mauvais ! Après les présidents d’université et les chercheurs, l’apparition de l’Académie dans le débat sur la réforme Pécresse pourrait bien annoncer un tournant dans la polémique.

En 2004, les professeurs Brézin et Beaulieu, respectivement président et vice-président de la noble institution, avaient joué les médiateurs dans une crise qui avait amené 2000 directeurs d’unités de recherche à menacer de démissionner. De cette intervention opportune étaient nés les états généraux de la recherche et 1000 embauches dans l’université. Un rendez-vous devrait avoir lieu entre la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche et quelques représentants de l’Académie des sciences en début de semaine. Reste à savoir si cette annonce vise à diminuer l’intensité de la manifestation prévue mardi 10 février ou si le président de la République craint vraiment de s’attaquer aux sages.