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"Les facs attendent un recul en bonne et due forme", par Ixchel Delaporte, l’Humanité, 19 février 2009

jeudi 19 février 2009, par Elie

Malgré les vacances, la deuxième grande journée de mobilisation des universitaires, prévue pour jeudi, s’annonçait bien suivie.

Détermination et unité contre pourrissement ? C’est vraisemblablement le scénario qui se profile dans les semaines à venir, dans le bras de fer qui oppose la communauté universitaire au gouvernement. Près de deux semaines et demie après le début de la grève, les universitaires ont été rejoints par les organismes de recherche, les étudiants, les IUFM et même la Conférence des présidents d’universités… Sans compter les appels des syndicats du primaire et du secondaire et ceux émanant des syndicats lycéens à manifester aujourd’hui. « Le gouvernement sent bien que ça bouillonne dans tous les sens et la décision de donner un délai supplémentaire pour la remontée des maquettes prouve bien qu’ils ne peuvent construire aucun programme pour 2009 », explique Valérie Robert, universitaire et membre de Sauvons l’université. Les tentatives du ministère de l’Enseignement supérieur semblent vaines. Ainsi, la nomination d’une médiatrice par Valérie Pécresse n’a pas débloqué la situation.

Fissures à droite

Même les syndicats marqués à droite, comme Autonome Sup, qui avaient accepté une rencontre avec la ministre, en sont sortis plus qu’insatisfaits et appellent à une participation massive à la manifestation d’aujourd’hui : « Nos interlocuteurs se renvoyant la balle, nous n’avons obtenu que des demi-acceptations assorties de nombreuses réticences formelles ou mentales. Bref, les ministères ont cherché, une fois encore, à gagner du temps (…). Devant ce nouveau refus de dialogue, il ne reste plus qu’à mener une action encore plus résolue. » À l’UMP aussi, des réticences face au décret sur le statut des enseignants-chercheurs se sont exprimées. Ainsi Daniel Fasquelle, Benoist Apparu et Claude Goasguen, députés mandatés par Jean-François Copé, ont mis en avant une série de mesures pour la réécriture du décret sur la base « d’une évaluation nationale et par discipline » par le CNU (Conseil national des universités). Sur la modulation des services, les trois députés reviennent sur la nécessité d’un « service national de référence ».

« Ils jouent la montre »

Ce premier signe de repli sur le statut a-t-il pour but de diviser le mouvement ? En partie oui, et les grévistes en sont bien conscients. Pour Marie-Albane de Suremain, maître de conférences à l’IUFM de Créteil, et Bernard Paulré, professeur d’économie à la Sorbonne, le gouvernement est aux abois : « Nous voyons bien qu’ils jouent la montre et la division. Pour nous comme pour la coordination nationale, il n’y aura pas de concessions. Nous avons voté à l’unanimité lors de la dernière AG deux points clés : retrait de la réforme de mastérisation de la formation des enseignants et retrait du décret sur le statut des enseignants-chercheurs. »

En attendant la prochaine assemblée générale, qui se tient demain à Nanterre, le mouvement ne cesse de s’élargir. « Vu l’ampleur des dégâts et vu la quantité de personnes touchées par ces réformes, analyse Valérie Robert, de SLU, il y a peu de chances que les tentatives de division fonctionnent. » Hier, le SNESup-FSU, syndicat majoritaire de l’enseignement supérieur, appelait de son côté à « un sursaut responsable du gouvernement dans les plus courts délais ».