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Aix en Provence : un lâcher de neurones entre les platanes du cours Mirabeau (La Provence, 18 février 2009)

vendredi 20 février 2009, par Mathieu

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Les enseignants-chercheurs en grève donnaient leur cours hier en plein air

Forcément, lorsqu’on est attablé aux 2G ou à la Belle Époque, les conversations ne tournent pas souvent autour de la renaturation des paysages fluviaux depuis cent ans, la monarchie hispanique au XIXe siècle ou encore la traduction spécialisée italien-français. Mais toute chose a une fin.

Hier, passants et badauds en terrasse ont eu droit à une ribambelle de cours universitaires... donnés en direct sur le cours Mirabeau, à grand renfort de tableaux bricolés, de sono, de tracts, de cartes et autres affiches. La première salve a été déclenchée vers 14h. "Qu’est-ce que la Méditerranée ?", au pied d’un Roy René impassible et face à une quarantaine d’étudiants assis sur les pavés, cela donne un tableau forcément décalé.

Les curieux affluent, butinent entre chaque groupe. Les géographes sont particulièrement engagés dans la danse. "Nous avons considéré qu’il était de plus en plus difficile d’être dans nos murs : nos conditions matérielles sont déplorables, il suffit de se promener à la fac de lettres pour s’en rendre compte", assène Boris Gresillon, maître de conférences à l’Université de Provence. Entre des locaux pas folichons et une estrade en plein air, il n’y avait qu’un pas, qu’ils ont allègrement franchi. Dénonçant, bien sûr, leurs conditions de travail, mais également ce qui soude leur mouvement depuis des semaines : le décret Pécresse et la réforme du statut des enseignants-chercheurs.

Trois vieilles dames sont assises sur le rebord de la fontaine, devisant à voix haute, le plus naturellement du monde. L’orateur, en plein exposé sur l’impact volcanique sur les paysages méditerranéens, semble un peu déconcerté. Pas toujours facile de se frayer une voix entre les bruits de foule et la circulation automobile. Un peu plus loin, campée en face d’une banque, une historienne évoque, avec malice, "la barricade, symbole de la contestationà travers les siècles". "C’est génial, pour une fois l’université n’est pas cloisonnée. Donner des cours dehors, je pensais que ça allait être moins facile", se félicite Florence Bancaud, professeur de littérature allemande qui vient d’initier son parterre de vrais et faux étudiants à l’histoire de l’art. "Ça attire du monde, cela montre aussi qu’on peut être sérieux même en grève", souligne Lucie Bounoua, étudiante en 3eannée d’arts plastiques. Qui ajoute, espiègle : "Ça nous permet aussi de voir d’autres cours." L’Université de Provence avait initialement prévu aujourd’hui d’organiser une journée "portes ouvertes" à destination des lycéens. Annulée pour raison de grève. Hier, elle a fait mieux : transporter la science au coeur de la ville.

Par Julien Danielides