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"Pour négocier, Pécresse trie ses interlocuteurs sur le volet", par Chloé Leprince, Rue89, 4 mars 2009

mercredi 4 mars 2009, par Elie

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Mercredi matin, on apprenait par l’AFP que Valérie Pécresse et "les syndicats" étaient sur le point d’arriver à un compromis sur la réforme du décret de 1984 sur le statut des enseignants. Ayant négocié une partie de la nuit de mardi à mercredi, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et quatre syndicats de l’enseignement supérieur annonçaient avoir avancé sur les principaux points de blocage.

"On a très bien travaillé, on a avancé sur toute une série de sujets", annonçait la ministre à l’issue de la réunion, relayée à peu près sur le même ton par les syndicats présents - à l’exception tout de même d’Autonomes Sup, plus sceptique dans son communiqué matinal. Les partenaires réunis parient sur une issue pour vendredi.

Ni Snesup, ni collectifs

Mais le casting de cette négociation pousse plutôt à relativiser en partie la déclaration d’intention. Autour de la table, ne figuraient en effet ni le Snesup (Syndicat majoritaire dans le supérieur avec sept des quatorze sièges aux instances représentatives). Ni les collectifs qui ont su se hisser en figure de proue dans ce mouvement, en particulier Sauvons la recherche et Sauvons l’université.

A ce jour, Valérie Pécresse ne négocie plus qu’avec FO, Autonome Sup, Sup’Recherche Unsa et la Sgen-CFDT. Lesquels comptent respectivement deux sièges chacun au CTPU (le Comité Technique Paritaire des Personnels enseignants titulaires et stagiaires de statut Universitaire, qui compte quatorze sièges au total côté enseignants), à l’exception de Force Ouvrière qui n’en a qu’un.

L’absence de ces collectifs n’est pas une surprise : interrogée le 24 février, sur France Inter, Valérie Pécresse avait d’emblée dit que, sur la réforme du décret, elle choisirait de négocier avec les seuls syndicats. Voici, en images, un extrait de l’interview (Voir la vidéo).

"Valérie Pécresse veut atomiser le conflit"

Une heure et demie après son passage sur France inter, son cabinet tentait d’ailleurs de déminer le terrain, proposant aux collectifs de les recevoir... "même si ce ne sera peut être pas exactement en même temps que les syndicats".

Si Pécresse boude les collectifs, quid du Snesup, alors ? Son absence mine en effet considérablement la représentativité des organismes qui sont en quête d’un compromis avec la ministre. Ce syndicat était bien convié et, mardi, Valérie Pécresse a même envoyé un nouveau courrier pour leur proposer de rejoindre la table ronde.

Or le Snesup a posé pour cela un certain nombre de conditions, et notamment que l’approche du conflit soit globale, et pas seulement limitée au statut des enseignants-chercheurs. Marc Champesme est secrétaire national du syndicat :

"Le ministère tente d’atomiser les discussions en ouvrant de micro-discussions sur de micro-dossiers : les chercheurs d’un côté, les syndicats de l’autre sur le statut... Or il faut une vision d’ensemble. En faisant cela, elle cherche le pourrissement du conflit : aller vite sur le statut des enseignants en espérant que cela éteindra la mobilisation."

Plusieurs enjeux, "pas une mobilisation corporatiste"

Comme le Snesup et le collectif Sauvons la Recherche, Jean-Louis Fournel, de Sauvons l’université, dénonce à son tour l’éclatement des dossiers et souligne qu’en négociant à part sur le statut des enseignants, Valérie Pécresse fait passer le mouvement pour une revendication corporatiste. Les trois poids lourd absents à la réunion dans la nuit de mardi à mercredi relèvent des points de blocage qui leur semblent inséparables des négociations. Et notamment :

- La question des suppressions d’emploi (900 à partir de 2010, après le délai accordé par Valérie Pécresse)
- Le "démantèlement" des organismes de recherche, à l’instar du CNRS
- La question de la formation des enseignants

Sur ce dernier point, on constate que Valérie Pécresse se montre peu diserte, alors que Sauvons l’Université et le Snesup réclament depuis le début du conflit, mi-janvier, que la ministre s’y plonge. Mais, officiellement, c’est un autre ministre qui est en charge du dossier, en l’occurence Xavier Darcos. Pour Jean-Louis Fournel, cette grosse impasse au menu des négociations de la nuit entérine que "les syndicats qui se prêtent à cette mascarade sont incapables d’analyser le mouvement".