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"Président(e)s d’université : ça commence à craquer", par Véronique Soulé, Libéblogs, "C’est classe !", 19 mars 2009

jeudi 19 mars 2009, par Elie

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Ca devient impossible pour certains présidents d’université. Lise Dumasy, à la tête de l’Université Stendhal (Grenoble 3), l’a fait savoir hier par courrier à Valérie Pécresse. Avec les démissions en série d’enseignants-chercheurs, elle risque de ne plus pouvoir faire tourner sa fac.

Mardi, une trentaine d’enseignants-chercheurs lui ont annoncé qu’ils n’assumeraient plus leurs fonctions administratives. Une dizaine d’autres l’avaient déjà fait au cours des deux semaines précédentes.

Les enseignants-chercheurs entendent ainsi protester contre les "réformes" de Xavier Darcos et Valérie Pécresse, notamment celle de la formation des professeurs du primaire et du secondaire qui mobilise beaucoup dans cette université de lettres et sciences humaines. Ils veulent aussi dénoncer les charges administratives qui pèsent sur eux, souvent sans décharges horaires. Il leur faut par exemple désormais calculer les chiffres d’insertion professionnelle des diplômés, par filière.

Les démissionnaires n’assurent plus la coordination des emplois du temps, la direction des filières ou des départements, la gestion des fichiers Entreprises pour les stages, etc. Ajouté à cela, la fac, très mobilisée, participe au "printemps des chaises" (on enlève les chaises pour empêcher les cours).

"Consciente des risques de paralysie totale que fait courir à terme à l’université cette vague de démissions, faisant suite à de nombreuses actions de grève et de blocage", écrit le communiqué, "la Présidente de l’université Stendhal a adressé ce mercredi 18 mars 2009, une lettre à Madame Valérie Pécresse, pour demander le report d’un an de la réforme de la formation des enseignants, seul à même de permettre que s’engagent dans de bonnes conditions les nécessaires discussions avec l’ensemble des représentants de la communauté universitaire sur l’ensemble des réformes en cours."

"Elle rappelle que ce report est en particulier nécessaire pour que la construction des nouveaux masters - dont la mise en place est prévue pour 2010–2011 - se fasse de manière concertée et cohérente sur l’ensemble du territoire, et en rapport avec la forme des nouveaux concours qui doit elle-même être rediscutée durant l’année qui vient."

Dans leur majorité, les présidents d’université s’étaient montrés jusqu’ici accommodants et plutôt solidaires de leur ministre de tutelle. Il y a deux jours, la CPU (conférence des présidents d’université) a toutefois indiqué qu’elle perdait patience, souhaitant le report de la "masterisation". Lise Dumasy, elle, le dit sans détours : si ça continue, ça deviendra vite ingouvernable.