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Le SNES « va continuer à pousser… » - L’Humanité, 24 mars 2009

mercredi 25 mars 2009, par Laurence

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Après plusieurs mois de bras de fer avec le gouvernement, le SNES-FSU, principal syndicat du secondaire, a ouvert hier à Perpignan, et pour une semaine, son congrès national.

Et de huit ! Huit semaines que l’université, et désormais plus largement l’ensemble du monde éducatif, se mobilise contre les réformes engagées par Valérie Pécresse et Xavier Darcos. C’est dans ce contexte que s’est ouvert, hier, à Perpignan (Pyrénées-Orientales), le congrès national du SNES-FSU, principal syndicat des enseignants de collèges et lycées.

Pendant cinq jours, quelque 500 délégués vont débattre des orientations et des revendications dont le syndicat sera porteur pour les deux ans à venir. Après des mois de bras de fer avec le gouvernement, ce rendez-vous s’annonce des plus combatifs. Roland Hubert, cosecrétaire général de l’organisation, en résume les enjeux.

Dans quel état d’esprit abordez-vous ce congrès ?

Roland Hubert. Traditionnellement, le congrès est un moment privilégié pour le fonctionnement démocratique du syndicat, ainsi que pour la mise en débat des grandes questions d’actualité. Cette année, il s’inscrit, en plus, dans un contexte particulier de lutte intense, avec des attaques importantes contre le système éducatif et la fonction publique. Mais aussi avec, en réaction, une unité syndicale forte, qui s’est traduite de belle manière les 29 janvier et 19 mars. Une unité que l’on compte bien poursuivre.

Justement, alors que le gouvernement aime à se montrer inflexible, quelle leçon tirez-vous de ces mobilisations ?

Roland Hubert. Certes, le gouvernement tente de camper sur ses positions. Mais n’oublions pas qu’il a dû reculer, en décembre, sur la réforme du lycée que Xavier Darcos voulait mettre en oeuvre dès la rentrée 2009. Ce projet a pu être combattu grâce à un travail d’explication sur le terrain et à une unité entre enseignants, parents et lycéens. Il n’y a pas de formule miracle. Mais, comme l’a montré le conflit dans les DOM, il est fondamental, pour un mouvement, d’être toujours porté par les professions concernées, d’être populaire et de savoir s’expliquer. Les récents sondages, qui montrent l’attachement de la population à la fonction publique, nous font dire que ce travail n’est pas vain…

Le SNES est-il confronté, comme d’autres syndicats, à une crise des vocations ?

Roland Hubert. Le mouvement syndical enseignant est confronté aux mêmes difficultés que les mouvements syndicaux des autres secteurs. Comme eux, nous faisons face à un renouvellement important dû aux départs en retraite et au changement de génération. C’est sûr, on a des virages à prendre. Même si, dans l’éducation, les taux de syndicalisation restent importants. Beaucoup de collègues viennent aux réunions d’information et aux débats que l’on organise. On peut encore s’appuyer sur une certaine image du syndicalisme. Aux dernières élections professionnelles, le SNES et, globalement, les syndicats de la FSU sont ressortis confortés. Le taux de participation était même en hausse. Un signe, à l’heure où le gouvernement explique que les syndicats sont à côté des préoccupations des personnels…

Xavier Darcos vient d’annoncer un report d’une partie de la réforme de la formation des maîtres. Comment l’appréciez-vous ?

Roland Hubert. Il y a de la part du ministère un recul. Il a pris acte que ce qu’on lui demandait depuis des mois. En même temps, cela n’est toujours pas satisfaisant : il faut retirer le projet actuel et remettre à plat le dispositif de formation. Au SNES, nous restons pour l’élévation du niveau de recrutement et de qualification des enseignants, mais pas de la manière dont le propose le ministre. On va donc continuer à pousser…

Entretien réalisé par Laurent Mouloud