Accueil > Revue de presse > Le trafic de diplômes à Toulon accuse la loi LRU - Cédric Omet, Marianne2, 17 (...)

Le trafic de diplômes à Toulon accuse la loi LRU - Cédric Omet, Marianne2, 17 avril 2009

vendredi 17 avril 2009, par Laurence

Pour lire cet article sur le site de Marianne2

Info ou intox, les avis divergent sur ce trafic de faux diplômes à l’Université de Toulon et une enquête a été ouverte. Cette affaire interroge sur la toute puissance accordée par la loi LRU aux conseils d’administration, et notamment aux Présidents d’université...

Ça ne tourne pas rond à l’USTV, l’Université du Sud – Toulon – Var. Visée par une enquête du pôle économique et financier du tribunal de grande instance de Marseille pour un trafic présumé de faux diplômes, la fac s’avère être un vrai foutoir : manque de sérieux dans les procédures d’admission pédagogiques, passe-droits accordés par l’administration, manque de moyens… Ajoutons-y la toute-puissance d’une présidence renforcée par la loi LRU, on obtiendra un ensemble de conditions, qui, réunies, ne pouvaient que générer un cocktail aussi explosif qu’un crapuleux trafic de diplômes…

Des passe-droits accordés par l’administration ?

Ainsi des acrobaties constatées dans les procédures de VES – Validation des Etudes Supérieures – qui permettent aux étudiants étrangers de faire valider leur formation étrangère pour s’inscrire en France. Selon Stéphane Mounier, responsable syndical Snesup à l’Université de Toulon, « ça fait longtemps que les enseignants tirent la sonnette d’alarme sur la procédure VES, mais quand on avertit d’un dysfonctionnement, on nous traite de révolutionnaires… ». Evidemment, à Toulon, il semble révolutionnaire de croire qu’un refus pédagogique en commission VES est un refus définitif… « Dans ces cas-là, comme c’est arrivé avec des étudiants chinois qui n’avaient pas le niveau, l’administration passe en force et réorganise une commission VES sans les responsables de diplômes… Et valide l’inscription ! ». Révolutionnaires disait-on ? « Du coup, c’est même arrivé que des étudiants soient inscrits dans le mauvais diplôme ! », poursuit le responsable syndical.

Lettre du directeur de l’IAE de l’USTV aux étudiants en document joint

Des jurys fictifs ? Qui est responsable ?

Reste que la délivrance d’un faux diplôme engagerait nécessairement les professeurs du jury qui l’auraient validé. Voilà qui explique probablement pourquoi le vice-Président de l’USTV en personne, Pierre Sanz de Alba, interviewé par France Info, «  ne comprend pas très bien comment on peut imaginer un trafic de diplômes alors que les décisions des jurys (…) se prennent de manière collégiale… ». Pourtant, selon un autre témoignage France Info, d’un professeur souhaitant garder l’anonymat, « certains ne parlaient pratiquement pas du tout le français. ». Dans ces conditions, l’obtention d’un diplôme français est soit fortuite, soit malveillante. Il semblerait que la deuxième option soit plus crédible.

D’autant que le directeur de l’Institut d’Administration des Entreprises de l’USTV admet, dans une lettre aux étudiants, « avoir été l’objet d’une tentative de corruption au début de l’année… ». Par ailleurs, selon Var Matin, « dans un courrier du 19 mars dernier, Tristan Lecoq, inspecteur général de l’Education nationale et directeur du Centre international d’études pédagogiques, a alerté l’ensemble des universités françaises sur de possibles fraudes , notamment sur les TCF - Test de Connaissance du Français - passés en Chine ».

Une remise en question des principes de la loi LRU ?

La loi LRU, on le sait, fait débat depuis plusieurs semaines dans le monde universitaire (à Toulon, le bâtiment de la Présidence de l’université est d’ailleurs occupé). Or elle renforce le pouvoir des Présidents d’université en diminuant la représentation des minorités au sein des différents conseils, nous précise M. Mounier. En cela, elle annihile les contre-pouvoirs en réduisant les possibilités de contrôle. Loin de nous l’idée d’établir un lien de cause à effet direct entre cette nouvelle loi et ce trafic de diplômes, qui semble d’ailleurs exister depuis 5 ans. Il convient pourtant de s’interroger sur les effets possibles de cette loi. En renforçant le «  despotisme universitaire », elle ne contribuera certainement pas à empêcher ce type de dérive, dont on soupçonne qu’elle ne concerne pas seulement l’Université de Toulon, mais plusieurs autres petites universités…

Enfin, ajoutons que les universités recrutent de plus en plus de contractuels, un personnel « qui a juste le droit de se taire », selon le responsable syndical, « représentant un tiers des effectifs à Toulon ». Un personnel précaire, moins bien formé, plus malléable et éjectable à souhait, donc indéniablement plus facile à manipuler…

Portfolio

  • Lettre du directeur de l'IAE