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Les universités américaines dans la tourmente du marché - Jacques Coubard, L’Humanité, 22 juin 2009

mardi 23 juin 2009, par Laurence

Washington . La réduction des donations ou les déboires de la spéculation ont creusé les déficits des établissements jusqu’aux plus prestigieux.

Réputée pour son accueil des étudiants venant de familles sans grands moyens financiers, l’administration de l’université de Reed, à Portland (Oregon), a calculé, recalculé les comptes pendant des semaines pour conclure qu’ils ne pouvaient plus garder la classe d’accueil prévue pour ces étudiants. Plus assez d’argent. Moins de généreux donateurs, moins de fonds venus des fondations ou des anciens élèves (-25 %). Les « réserves » placées en Bourse ont périclité. Les coûts de gestion augmentent plus vite que les prix et il manque 50 000 dollars pour boucler le budget de l’établissement, qui accueille 1 300 étudiants.

La solidarité passe à la trappe au moment où les demandes d’inscription de candidats démunis sont plus nombreuses (23 % cette année) avec la montée du chômage, l’augmentation des frais médicaux…

1500 universités privées

La crise frappe toutes les universités, tout le système d’éducation dont le pays était si fier, présenté par les idéologues de Sarkozy comme un modèle d’intégration, d’équité et d’efficacité.

Le président de Reed, Colin Diver, explique que la direction s’est refusée à réduire le personnel. Ce serait porter atteinte aux programmes, à la qualité de l’enseignement, explique-t-il au New York Times. Augmenter les droits d’inscription, le coût des études serait augmenter la pression sur des familles qui se débattent dans des situations difficiles.

Reed est emblématique. Mêmes les plus riches des 1 500 universités privées subissent des déficits qu’elles - comblent en supprimant des emplois, en abandonnant des programmes. À Clemson, un autre établissement, on a même supprimé cinq jours de salaires. À Syracuse, un tiers des étudiants font appel à l’aide sociale. Un record pour cette ville du nord-est. Dans dix-neuf États, en vingt-cinq ans, l’apport extérieur de capitaux est passé de 30 % à 19 %.

Cette dégradation fait l’objet d’une analyse détaillée d’Andrew Delbanco, dans la New York Review of Books. Il publiera un livre sur le sujet à la prochaine rentrée qui s’annonce désastreuse.

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Pour lire des compléments d’information dans le New York Times

Pour lire l’analyse d’Andrew Delbanco dans laNew York Review of Books-