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Instance nationale d’évaluation compétente pour l’attribution des PES : membres, fonctionnement, analyse (novembre 2009)

vendredi 6 novembre 2009, par Moumoute

Le site du Ministère (page consacrée aux PES) fournit la liste des enseignants-chercheurs nommés, au 18 septembre 2009) à la nouvelle instance nationale compétente en matière d’évaluation des candidatures des enseignants-chercheurs à la PES pour 2009. Veuillez ouvrir le document joint pour trouver cette liste, ordonnée par sections du CNU. Il est à noter cependant qu’il n’y a aucune relation institutionnelle entre l’instance et le CNU. Les enseignants-chercheurs issus du CNU sont désignés par tirage au sort…

Rappelons que les fonctions de cette instance ("qui se prononçait précédemment en matière de PEDR") sont temporaires, le CNU ayant vocation – selon la circulaire du 18 juin 2009 en doc joint n°4 – à assurer ces tâches d’évaluation. Le dispositif transitoire mentionné par la circulaire est le suivant :

- pour les établissements non passés aux compétences élargies (RCE), le président de l’établissement prend sa décision d’attribution sur proposition de l’instance nationale

- pour les établissements passés aux RCE, le président de l’université, sur proposition du CA, peut recueillir préalablement l’avis de l’instance nationale sur les candidats.

Autrement dit, l’avis de l’instance vaut surtout dans le premier cas (établissements non passés au RCE). Si RCE il y a, c’est le CA qui donne l’avis principal, et le président peut, s’il en a le temps, comparer les recommandations du CA avec celles de l’instance.
La circulaire ne dit pas si, dans ce second cas, les membres des CA auront regardé par-dessus l’épaule de l’instance nationale.

Comment cette instance fonctionne-t-elle ?

Apparemment, pour cette année, de manière assez improvisée et tout à fait précipitée. Des membres nommés en catastrophe au début de l’été ont été chargés d’en trouver d’autres (entre 2 et 4 chacun) pour la rentrée.

Les membres se réunissent à Paris par section ; les candidatures sont réparties entre chacun des membres par section. Sur la base des recommandations concernant les candidatures (doc joint n°1), ils proposent une évaluation des CV candidats. Notons que les candidats de cette session ont dû envoyer leurs dossiers en juin, au moment difficile du prolongement des calendriers universitaires, des examens organisés à la va-vite et de l’amertume générale.

L’approche est, comme c’était à prévoir, très quantitative (cf. fiche d’évaluation en document joint n°2) et intuitive (traquer les dossiers gonflés etc… mais sur quelles bases ?). La relative transparence de l’approche a été « garantie » par l’accès aux dossiers instruits par les autres experts (s’ils prenaient la peine de les lire) et par le fait qu’en cas de doute, il était possible de revenir sur l’ensemble du dossier et non sur la seule fiche d’évaluation.

Cela dit, la lettre de cadrage (25 juin, doc. n°3) montre que le classement des dossiers est en partie téléguidé par les pourcentages réclamés par le ministère (20% de dossiers devant obtenir A, autrement dit la PES : a priori, il y a, quel que soit le nombre de candidatures, 20% d’excellents)…

Si l’on peut compter sur le sérieux des collègues nommés, on doit donc s’inquiéter de la pertinence des données qui leur sont transmises et de leur marge de manoeuvre réelle.

Cette prestation est rémunérée environ 300 euros pour les expertises de dossier et la participation au comité d’expertise ; 500 pour l’expertise de dossiers et la présidence de comités d’expertise. C’est le MESR qui est payeur.

Quelques chiffres proposés par Michel Bernard (Paris 3)

Qui sont-ils ? Pour les amateurs de statistiques, une belle image de l’excellence française :

- 93 femmes sur 436, soit 21% : l’excellence scientifique est très masculine

- Sections CNU les plus représentées (au moins 10 membres) :

CNU Représentants
- 27 INFORMATIQUE : 29
- 60 MECANIQUE, GENIE MECANIQUE, GENIE CIVIL : 25
- 63 ELECTRONIQUE, OPTRONIQUE ET SYSTEMES : 24
- 61 GENIE INFORMATIQUE, AUTOMATIQUE ET TRAITEMENT DU SIGNAL : 20
- 28 MILIEUX DENSES ET MATERIAUX : 15
- 32 CHIMIE ORGANIQUE, MINERALE ET INDUSTRIELLE : 12
- 62 ENERGETIQUE, GENIE DES PROCEDES : 11
- 31 CHIMIE THEORIQUE, PHYSIQUE ET ANALYTIQUE : 11
- 33 CHIMIE DES MATERIAUX : 11
- 34 ASTRONOMIE, ASTROPHYSIQUE : 10
- 65 BIOLOGIE CELLULAIRE : 10
- 1 DROIT PRIVE ET SCIENCES CRIMINELLES : 10

L’excellence scientifique n’est pas très "sciences humaines". Pour mémoire : d’après les chiffres du ministère, les sciences humaines (hors disciplines juridiques) représentent 21% des professeurs et 28% des maîtres de conférences. Le groupe de disciplines le plus représenté, le 9 (sections 60 à 63), compte 80 représentants, soit 18% de toute l’instance, alors qu’il ne représente que 10% des professeurs et 12% des maîtres de conférences. C’est peut-être ça qu’on appelle le "génie des procédés" (section 62)...
L’excellence scientifique n’est pas très égalitaire. [sur le statut des SHS dans l’attribution des primes, voir aussi, note de SLU]

- Universités les plus représentées (au moins 8 membres) :

Etablissement Représentants
- Université Paris 6  : 22
- Université Toulouse 3 : 15
- Université Strasbourg : 13
- Université Aix Marseille 1 : 12
- Université Paris 11 : 12
- Université Paris 7 : 11
- Université Aix Marseille 2 : 10
- Université Montpellier 2 : 10
- Université Nancy 1 : 10
- Université Bordeaux 1 : 9
- Université Bourgogne : 9
- Université Paris 1 : 9
- ENS Cachan : 9
- Université Nantes : 9
- Université Paris 5 : 8
- Université Lyon 1 : 8
- Université Grenoble 1 : 8
- Université Paris 10 : 8

Sur ces 18 universités gâtées par le sort, 6 sont "autonomes" depuis cette année, 4 le seront l’année prochaine. L’excellence scientifique est très LRU.