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"Prime d’"excellence" scientifique : le CNRS fait du porte à porte" : communiqué de presse du SNCS-FSU + "PES et mensonges de la ministre", SNCS-Hebdo 10 n° 5 (8 juin 2010)

mardi 8 juin 2010

Communiqué

La direction du CNRS s’est lancée dans une campagne désespérée pour convaincre les chercheurs des vertus de la Prime d« Excellence » Scientifique (PES) imposée par la Ministre Valérie Pécresse. Les chercheurs sont sollicités individuellement et saturés de messages électroniques les invitant à se porter candidats à l’obtention de cette prime.

Face à une telle propagande, le SNCS-FSU entend rappeler la nature et les effets de la PES.

La PES n’est pas un dispositif d’amélioration des carrières : seuls 660 chercheurs sont censés la recevoir, soit moins de 5% de l’effectif total chaque année.

La PES est conditionnée à l’effectuation d’un service d’enseignement. Elle est donc tout à la fois un outil de destruction du statut de chercheur à temps plein et un moyen de tarir le recrutement universitaire.

La PES nie la réalité de la recherche scientifique, résultat de travaux collectifs menés au sein des laboratoires et des équipes.

La PES sera attribuée par des comités nommés arbitrairement par les directions scientifiques des Instituts du CNRS. Elle récompensera donc, non pas le mérite scientifique, mais l’adhésion aux principes d’une politique combattue depuis trois ans par la communauté des chercheurs et enseignants-chercheurs.

SNCS-Hebdo 10 n° 5. PES et mensonges de la ministre

Alors que la communauté scientifique refuse le principe de l’individualisation des salaires, alors que les instances scientifiques (comité national de la recherche scientifique, conseils scientifiques des organismes, CSS, etc.) ont relayé cette opposition en rejetant la prime dite « d’excellence scientifique » (PES), le ministère impose ce système, et les directions des organismes de recherche lancent des campagnes individualisées de candidature à la PES. Le SNCS appelle à continuer la lutte pour une réelle revalorisation des carrières et contre une mesure dont l’objectif final est la destruction du statut de chercheur à temps plein.

Patrick Monfort, secrétaire général du SNCS-FSU

Depuis 2007, toutes les réformes de la recherche conduisent d’une part à retirer leurs missions aux organismes de recherche, et d’autre part à pousser les chercheurs vers le statut d’enseignant-chercheur. Il est important de rappeler ici que le gouvernement voulait dès juillet 2007, au moment du vote de la LRU, affecter les chercheurs des organismes dans les universités. L’action rapide du SNCS (www.sncs.fr/article.php3 ?id_article=919&id_rubrique=17) a permis d’arrêter cette volonté de la politique de Sarkozy.

Rappelons aussi la création en 2008 des postes de chaires « organismes de recherche - universités » qui permettent de recruter des maîtres de conférences effectuant 1/3 de charge d’enseignement, soit 64 h équivalent TD.

Sous prétexte d’améliorer les carrières des chercheurs, Valérie Pécresse annonce à l’été 2009 la création de la prime dite d’excellence scientifique (PES). Dans la plus grande des précipitations, la ministre décide qu’en 2009, la PES sera attribuée automatiquement sur critères de récompenses scientifiques (prix divers, médailles...). Les sections et conseils scientifiques ont immédiatement réagi pour dénoncer cette perversion des prix scientifiques, et les élus SNCS dans ces instances ont été à la pointe de cette bataille. À partir de 2010, la PES est attribuée sur la base d’un dossier de candidature, sauf pour une liste de prix scientifiques pour lesquels l’automaticité de la PES est conservée. Il faut rappeler ici que l’attribution de la PES est conditionnée, par le décret qui l’a instituée, à une charge d’enseignement de 64 h équivalent TD. Les dossiers de candidature actuellement diffusés par les organismes de recherche tentent sur ce point de brouiller les pistes. SOYONS CLAIRS : tout titulaire de la PES sera lié à l’obligation d’enseignement de 64 h équivalent TD.

Autre exemple : le SNCS a notamment demandé à la ministre, lors d’une entrevue le 4 mai, d’engager des négociations sur le blocage des carrières, notamment des CR1. Réponse de la ministre : les CR bloqués dans leur carrière n’ont qu’à enseigner, on leur donnera une prime pédagogique ! Un conseiller de la ministre propose même de mettre en application un indice fonctionnel dans la grille des carrières des CR. Cela signifie que pour obtenir cette augmentation salariale, les CR1 devront s’engager à enseigner. Quelle charge ? Il est à parier : 64 h équivalent TD, le chiffre magique et obsessionnel du ministère.

Pour le SNCS, la PES n’est pas un dispositif d’amélioration des carrières des chercheurs. Son caractère de récompense, mais aussi de sanction en fait un outil d’asservissement. Son mode d’attribution nie les réalités de l’extension de la recherche scientifique. Elle met en danger les collectifs de recherche (laboratoires et équipes) dont la défense est notre priorité.

Quand la ministre annonce qu’elle se préoccupe d’améliorer les carrières des chercheurs, elle ment. Elle n’a qu’un objectif : faire disparaître à terme le métier de chercheur à temps plein et supprimer notre statut. Elle en rajoute d’ailleurs, puisqu’elle annonce la mise en place du recrutement direct des chercheurs par les Alliances. Cela reviendra à créer des comités de sélection ad hoc comme dans les universités, avec des fléchages thématiques et géographiques pré-orientant les recrutements.

Le SNCS s’est battu contre le principe de cette PES, et continuera à rassembler les chercheurs contre sa mise en place. Il soutient donc toutes initiatives de lutte contre la PES. Il a donné mandat à ses élus de ne pas participer aux commissions d’attribution ad hoc que mettent en place les directions. Le SNCS appelle les personnels à continuer de signer la pétition contre la PES (www.petition-pes.fr/ ?petition=2).

Le SNCS demande que la masse salariale destinée à la PES soit utilisée pour améliorer la grille salariale des CR2, débloquer celle des CR1 et augmenter le nombre de promotions DR2. Cette exigence est la seule qui permette d’améliorer les conditions salariales des chercheurs.