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Ouverture sociale : qui finance les dispositifs d’égalité des chances ? - Un dossier de Sophie Blitman, Jessica Gourdon, Sylvie Lecherbonnier, Camille Stromboni et Emmanuel Vaillant, "Educpros", 18 mars 2011

lundi 21 mars 2011, par Laurence

Introduction

"Une grande école, pourquoi pas moi ?" programme de l’Essec, "Optim" des Arts et Métiers ParisTech, "Classe prépa à l’enseignement supérieur" du lycée Henry-IV… Les dispositifs d’ouverture sociale se sont multipliés et sont promus par les établissements les plus cotés. Mais par qui et comment sont-ils financés ?

Les taux de boursiers augmentent ces dernières années dans les grandes écoles, avec le taux symbolique de 30 % de boursiers du CROUS atteint dans un tiers des écoles de la CGE (Conférence des grandes écoles). Les dispositifs d’égalité des chances se multiplient et s’affichent pour démontrer les efforts d’ouverture sociale consentis par les grandes écoles. Deux indicateurs qui masquent le fait que l’ascenseur social reste bloqué pour les étudiants des milieux les plus modestes. Et que la mixité sociale dans les écoles les plus prestigieuses est encore limitée.

Quels sont les investissements consentis par les grandes écoles, par la puissance publique et par les entreprises pour soutenir ces dispositifs ? Les budgets de cinq d’entre eux ont été passés au crible par la rédaction d’EducPros.

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Passeport Avenir : un dispositif à l’initiative des entreprises

Passeport Avenir a été créé à l’initiative de SFR, en 2005, sous l’appellation « Passeport Télécom ». Ce dispositif, à l’origine dédié à la diversification du recrutement dans l’entreprise, soutient aujourd’hui les élèves de milieux modestes d’une cinquantaine de prépas et d’une quarantaine d’écoles d’ingénieurs et de commerce.

Le budget annuel 2011 de Passeport Avenir est de 760.000 €. Ses ressources proviennent à 92,5 % d’entreprises privées et à 7,5 % de subventions publiques.

Quant aux dépenses, 85 % d’entre elles correspondent à des dépenses de programmes : la formation des tuteurs (deux jours de formation proposés dans l’année à chaque tuteur), la conception et animation du tutorat, ainsi que des ateliers, aide au financement du passage des concours, cours d’anglais…

Les 15 % restants couvrent des dépenses de fonctionnement qui regroupent la communication (site Web, supports de communication, événementiel…) et les frais généraux. Il est à noter que ce budget ne tient pas compte du temps passé par les 850 bénévoles de l’association (environ 750 salariés des entreprises et une centaine d’enseignants) sur leur temps de travail et leur temps personnel.

À l’ENSEA (École nationale supérieure de l’électronique et de ses applications) par exemple, ce sont surtout des moyens humains qui sont mis à disposition pour le suivi des élèves : un secrétariat à mi-temps et l’équivalent d’une heure par mois d’enseignement par étudiant.

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PQPM : un budget conséquent pour un programme qui essaime

Lancé en 2002 par l’ESSEC, le programme d’ouverture sociale « Une grande école : pourquoi pas moi ? » (PQPM) a essaimé dans une centaine d’écoles d’ingénieurs et de management. Le dispositif propose aujourd’hui du tutorat à des collégiens, lycéens et des étudiants ainsi qu’une aide à l’orientation.

Le budget annuel du programme PQPM, qui concerne les collégiens et les lycéens, représente environ 260.000 €, soit environ 1.300 € par jeune et par an. Les deux tiers des dépenses de PQPM concernent le fonctionnement : frais de transport hebdomadaire des jeunes (des cars sont affrétés chaque semaine pour acheminer les lycéens depuis Garges-les-Gonesse ou Argenteuil), sorties culturelles et miniséjours des lycéens (en France, à Londres et à Bruxelles). Le tiers restant correspond à des dépenses de programmes : les salaires et rémunérations des équipes PQPM. Ne sont pas compris les étudiants tuteurs qui sont bénévoles, les professeurs-référents des lycées et les intervenants extérieurs (ateliers théâtre, aide à l’orientation...).

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PEI à Sciences po Lille : un financement pluriel


Lancé par Sciences po Lille en 2007, PEI (Programme d’études intégrées) a essaimé dans les cinq autres IEP (instituts d’études politiques) de province (Aix-en-Provence, Lyon, Rennes, Strasbourg, Toulouse). L’objectif est de préparer à leur concours commun ou d’accompagner les lycéens suivis vers l’enseignement supérieur.

Le budget du dispositif de prépa gratuite au concours commun se monte à 550.000 €, soit 440 € par élèves (chiffres 2009-2010). 1.250 élèves ont participé au programme en 2009-2010, dont plus de 400 lycéens de terminale. 160 lycées sont concernés par le PEI, 200 étudiants des instituts y participent ainsi que 200 professeurs (lycée, université, IEP et CPGE).

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CPES d’Henri-IV : des fonds publics et privés pour de petites promotions


La classe préparatoire aux études supérieures (CPES), lancée par le lycée Henri-IV en 2006 et réservée aux boursiers sélectionnés sur leurs résultats (les trois quarts ont obtenu au moins une mention bien au bac), est une « prépa à une prépa ». Une année de mise à niveau avant d’entrer dans l’une de ces prestigieuses CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) conduisant à l’ENS d’Ulm, Polytechnique ou HEC. Unique en France, cette formation d’un an comptait 29 étudiants à la rentrée 2010.

La CPES est avant tout financée par l’État, qui paie les professeurs du lycée Henri-IV intervenant dans la CPES. Cette classe bénéficie en plus du soutien d’entreprises privées, qui financent toutes les bourses que touchent les étudiants, outre celles octroyées par le CROUS.

Pour ses trois premières promotions, la CPES a réussi à lever 240.000 € pour aider 86 élèves. Ce qui représente au total une aide de 2.800 € par an par étudiant (ces derniers perçoivent ces aides pendant trois ans : l’année de la CPES et les deux années de prépa). Parmi les donateurs, figurent la Fondation HEC (334.000 €), la fondation Accenture (172.000 €), la FNAC (71.000 €) et Renault (60.000 €).

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Optim : financements publics à l’honneur

Soutien scolaire pour préparer le bac, aides financières, mais aussi découverte du monde de l’entreprise et tutorat : le programme Optim, lancé en 2005 par Arts et Métiers ParisTech avec des IUT, entend inciter les élèves de première et de terminale de milieux défavorisés à poursuivre des études scientifiques et technologiques. 20 lycées situés en ZEP (zone d’éducation prioritaire) ou ZUS (zone urbaine sensible), en Île-de-France et dans les académies de Lyon et Dijon, sont partenaires de ce dispositif.

Le budget d’Optim Paris en 2010-2011 s’élève à 46.700 €. Près des deux tiers (30.000 €) proviennent du rectorat, le reste du financement étant assuré par la région (10.000 €) et par les Arts et Métiers ParisTech (6.700 €).

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Ouverture sociale des grandes écoles : "premiers résultats encourageants" pour la CGE

L’année 2010 a commencé par une polémique sur l’ouverture sociale des grandes écoles, elle se termine par un livre blanc remis par la CGE (Conférence des grandes écoles) à Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, mardi 14 décembre. Peu de propositions révolutionnaires dans ce document, mais un état des lieux de l’implication des grandes écoles en faveur de l’égalité des chances.

La CGE fait état de « premiers résultats encourageants ». 61% des écoles membres de la CGE comptent plus de 30% d’étudiants bénéficiaires d’une bourse sur critères sociaux (bourses CROUS et autres). Plus de 30% des établissements ont entre 20% et 30% de boursiers. Si l’on s’en tient à l’indicateur « boursiers du CROUS », 32,5% des écoles comptent plus de 30% de boursiers CROUS et plus de 40% des écoles sont entre 20 et 30% de boursiers et pourraient atteindre 30% dès cette année.

61% des écoles membres de la CGE comptent plus de 30% d’étudiants bénéficiaires d’une bourse sur critères sociaux

Les écoles d’ingénieurs et de management les plus sélectives se situent, elles, dans la tranche de 20% à 30% de boursiers, dont 10% à 20% de boursiers du CROUS. Les écoles consacrent désormais un budget pour aider leurs étudiants à financer leurs études : 40% des écoles allouent entre 100 000 et 500 000 euros par an à ce sujet, 27% plus de 500 000 euros.

10 000 lycéens tutorés, 100 000 touchés

Parmi les différentes actions engagées, la CGE insiste plus particulièrement sur les programmes mis en place avec les collèges et les lycées. Pour elle, « les programmes de tutorat ont fait leurs preuves ». En 2009-2010, une école sur deux fait partie d’un projet labellisé « cordée de la réussite », 129 écoles de la CGE sont têtes de cordée. Les grandes écoles vont tutorer cette année 10 000 lycéens et en toucher près de 100 000 à travers les diverses actions menées.

30% des écoles mènent également des actions d’accompagnement de collégiens. Un millier d’élèves sont concernés. Le tutorat concerne aussi les étudiants des grandes écoles eux-mêmes. 36% des établissements ont mis en place des dispositifs d’accompagnements de leurs élèves les plus fragiles.

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