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Grève à l’ENS : « On pâtit de la guerre entre Tron et Pécresse » - par David Perrotin, étudiant en journalisme, Rue89, 14 avril 2011

vendredi 15 avril 2011, par Elie

Six mois de mobilisation, trois mois de grève et 24 jours d’occupation. La détermination des étudiants de l’Ecole normale supérieure (ENS) de la rue d’Ulm à Paris pour défendre les travailleurs précaires ne mollit pas. Après un reportage
publié en novembre sur Rue89, je suis retourné voir ces représentants de la future élite
française.

Une centaine de personnes se sont rassemblées mardi pour exiger que les grévistes soient reçus au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Revendication restée jusqu’à ce jour lettre morte. (Voir la vidéo)

« On pâtit de la guerre entre Georges Tron et Valérie Pécresse »

Depuis octobre, une centaine d’étudiants se mobilisent pour défendre les travailleurs précaires de l’établissement – cuisiniers, jardiniers, femmes de ménage, bibliothécaires – qui accumulent les CDD malgré leurs nombreuses années d’ancienneté.

Sur les quatorze travailleurs précaires de l’ENS de la rue d’Ulm, onze sont en grève depuis le 11 janvier. Ils exigent un CDI et leur titularisation. Ils pourraient, dès lors, obtenir un prêt, devenir propriétaires ou tout simplement mener une vie « plus solide et moins effrayante pour l’avenir ».

Un premier accord avait été négocié entre la CGT et Georges Tron, secrétaire d’Etat chargé de la Fonction publique. Il prévoyait une « cédéisation » immédiate du personnel en grève, puis leur titularisation en 2012 par un relèvement du plafond d’emplois de l’école.

Selon Jean, un des étudiants les plus mobilisés de l’ENS, les conflits entre ministères entravent toutes négociations :

« Valérie Pécresse et la directrice Monique Canto-Sperber ont refusé d’appliquer ce premier protocole et en ont proposé un autre qui ne satisfait personne. Le problème, c’est que l’on pâtit de la guerre entre Tron et Pécresse. »

En effet, le deuxième protocole d’accord prévoit la « cédéisation » des seuls travailleurs qui ont trois ans d’ancienneté, ce qui, selon Jean, « laisserait sur le carreau deux cuisiniers et une femme de ménage qui n’ont que deux ans d’ancienneté ».

« Il n’y a plus de barrières sociales entre normaliens et précaires »

Les étudiants et le personnel en grève occupent nuit et jour les bureaux de la direction depuis le 22 mars. Ils continuent malgré la condamnation du tribunal administratif de vendredi 8 avril, qui inflige 50 euros d’astreinte par personne et par jour d’occupation. (Télécharger l’ordonnance de référé)

Un des cuisiniers en grève se félicite de cette solidarité « exceptionnelle » :

« Je suis ému de voir que certains étudiants mettent de côté leurs études pour nous défendre. Cela fait plus de trois mois que nous ne sommes plus payés par l’administration mais grâce à différentes collectes, les onze travailleurs en grève ont perçu l’intégralité de leur salaire. »

Pour qu’aucun des salariés ne relâche la pression, les étudiants ont pensé à différentes stratégies. Une distribution de sandwichs a lieu chaque midi et leur permet de gagner en moyenne 360 euros par jour.

Des banquets avec des invités de marque (Jean-Luc Mélenchon et Alain Krivine il y a quelques semaines et ils espèrent faire venir Stéphane Hessel) leur permettent de renflouer les caisses et de rémunérer les salariés à la place de l’administration.

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