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Rapport Grosperrin 2. Le RETOUR. Revue de presse MàJ 9 décembre 2011

vendredi 9 décembre 2011

Le plus beau lapsus calami… revient à J. Grosperrin lui-même : "La formation actuelle des futurs professeurs - basée essentiellement sur les savoirs académiques- ne correspond pas aux atteintes de ce métier"

Formation des enseignants : même les députés UMP dénoncent le gâchis

Médiapart, Lucie Delaporte, 9 décembre

Ce devait être une des grandes initiatives de Nicolas Sarkozy. Mais, vite faite, mal faite, la réforme de la formation des profs est entièrement à revoir, conclut le rapport de la mission présidée par le député UMP, Jacques Grosperrin. Face à un bilan désastreux, il appelle à « une réforme de la réforme ».

Quelques jours après la décision du Conseil d’Etat d’annuler une partie de l’arrêté du 12 mai 2010 relatif à la formation des enseignants –au motif que le ministre ne pouvait décider seul en la matière–, le rapport que vient de publier la mission parlementaire présidée par le député UMP Jacques Grosperrin est venu cette semaine apporter un ultime coup de grâce à la masterisation. Cette réforme qui instaure le recrutement des enseignants au niveau master (bac + 5), et supprime la première année de formation en alternance, devait pourtant être l’une des grandes réformes de l’éducation du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Elle devait, par l’élévation du niveau de
recrutement, et la refonte complète de la formation, consacrer une revalorisation du métier d’enseignant et une plus grande professionnalisation.

A peine un an et demi après son entrée en vigueur, non seulement ces objectifs n’ont pas été atteints mais… tout est à recommencer, estime sans ambiguïté le rapport Grosperrin. Après avoir entendu 92 experts, le bilan que fait la mission de la réforme est sans appel. Mal ficelée sur la forme, comme vient de le rappeler le Conseil d’Etat, qui relève rien de moins qu’un « abus de pouvoir » de la part du ministre, cette réforme a été sur le fond un gigantesque gâchis, constate le rapport. Outre un processus d’entrée dans le métier des enseignants stagiaires « improvisé, boiteux et un peu hasardeux », ceux-ci étant jetés sans formation pratique devant leurs classes, le rapport rappelle aussi tous les autres ratés d’une réforme avant tout menée pour des questions budgétaires. Et démonte le scénario avancé par le ministère de difficultés passagères liées à une année de transition.

En supprimant l’année de formation en alternance des nouveaux enseignants, Bercy aura fait l’économie de quelque 16.000 postes en 2010, dégageant selon le rapport une économie de 204 millions d’euros. « Toutefois, c’est précisément parce qu’elle a été amorcée – aussi – pour des raisons budgétaires, que la mastérisation aurait dû, s’agissant des deux volets essentiels que sont le contenu de la formation et son articulation avec le concours, conduire à des choix irréprochables. Cela n’a malheureusement pas été le cas », écrit la mission.

« Une professionnalisation qui reste à démontrer »

Revenant sur la genèse de la réforme, le discours de Nicolas Sarkozy du 2 juin 2008, le rapport Grosperrin rappelle la précipitation avec laquelle ont été mises en place les nouvelles formations. Il souligne combien l’improvisation manifeste dans ce dossier a provoqué d’importantes tensions dans les universités désormais en charge des masters « Enseignement et formation ». Ainsi, si la mise en place de ces formations a constitué « un véritable exploit », « il n’est pas sûr que (la formation) y ait gagné en légitimité et crédibilité », déplore le rapport. Le « dialogue de sourds » qui s’est rapidement instauré, à ce sujet, entre la rue de Grenelle et le ministère de l’enseignement supérieur a ainsi débouché sur des choix contradictoires, comme le montre le maintien d’un concours déconnecté du nouveau modèle de formation.

En fin de compte, la masterisation a abouti à créer une offre de diplôme sans aucun cadrage national, note poliment le rapport qui sous-entend que ces nouveaux masters ont été construits de bric et de broc. Pire, la « professionnalisation de la formation... reste à démontrer ». Un constat d’autant plus cruel que c’était l’objectif officiel de la réforme. Alors que la formation professionnelle via des stages d’observation et en responsabilité devait devenir majoritaire en deuxième année de master, ce mode d’apprentissage du métier n’aura en réalité été égal, au maximum, qu’à six semaines de stage, et encore seulement en deuxième année de master.

Habituellement si friand de chiffres, le ministère de l’Education nationale se révèle d’ailleurs « incapable » de donner le nombre « d’étudiants en stage d’observation et de pratique accompagnée, ces derniers n’étant ni gérés ni payés par ses soins ». Mais selon les différentes personnes auditionnées, bien peu d’étudiants ont réellement effectué ces stages, faute de propositions, mais souvent aussi parce qu’à quelques mois du concours leur priorité était ailleurs.

Remettre l’ouvrage sur le métier

Car le rapport précise également que la masterisation a fait se « télescoper » un concours « entièrement déconnecté du master » et le diplôme lui-même, ce qui conduit à penser que l’articulation du concours et du diplôme n’a été « ni pensée ni réfléchie », selon l’expression du conseiller d’État, M. Marcel Pochard. Reprenant une critique formulée de longue date par certains syndicats enseignants, le rapport pointe, enfin, que la masterisation pose bel et bien un problème de discrimination sociale « puisque l’accès des couches les moins favorisées aux études et au diplôme de master est aujourd’hui réduit ». Alors que la crise des vocations se confirme, réduire ainsi le vivier de candidats –sans un accompagnement social spécifique– semble aberrant.

Que faire, face à ce terrible aveu d’échec, faut-il aménager (la réforme) ou « remettre l’ouvrage sur le métier ? », s’interrogent les rapporteurs avant de conclure : « Les enjeux sont trop importants pour se contenter d’améliorations apportées à la marge. » En clair, c’est tout l’édifice de la masterisation qu’il convient d’abattre pour repartir sur de meilleures fondations.

Dans la première version du rapport, en juillet, la suppression des concours au profit du master, chère au député UMP Jacques Grosperrin, était en première ligne. L’idée avait provoqué un tel tollé chez les députés socialistes et communistes que la publication du rapport avait été refusée –fait très rare– par les membres de la mission. Il en reste aujourd’hui quelques phrases, à l’intérieur du texte mais la question ne figure pas dans la vingtaine de propositions du rapport. Parmi ces pistes, on trouve une meilleure articulation du master et du concours, des stages obligatoires dès la première année de master, le développement de l’alternance ou l’accompagnement financier des candidats aux métiers de l’enseignement. Des pistes dont pourront s’emparer les candidats à l’élection présidentielle.

Reste qu’il ne sera pas facile pour le candidat UMP de revendiquer dans son programme le détricotage d’une réforme qu’il vient –par un passage en force de surcroît – de mettre en place.

Lire la ici (abonnés) ou ci-dessous en pdf

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Interview de J. Grosperrin dans l’express

7 décembre 2011
Formation des enseignants : "La société devrait mieux reconnaître ce métier"
Un rapport parlementaire a été adopté ce mercredi et propose une évolution de la formation des enseignants. Le but est de corriger les imperfections de la réforme de 2010. Explication avec Jacques Grosperrin, député UMP du Doubs et auteur du rapport.

Quel est le bilan de la réforme de 2010 ?

La mastérisation et l’allongement des études qui en découle ont permis d’élever le niveau d’exigence. Mais en contrepartie, ce prolongement des études a été discriminant sur le plan social, car tous les étudiants n’ont pas les moyens financiers de poursuivre efficacement leurs études jusqu’en Master 2. Ainsi, le nombre d’élèves se présentant aux différents concours de l’Éducation nationale pour être professeur (professeurs des écoles, Capes...) est mécaniquement plus faible.

Quelle solutions proposez-vous pour corriger ces effets pervers ?

Lire la suite ici (pour voir le délicieux lapsus)

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ActeursPublics.com


Sylvain Henry

08/12/2011

Les députés UMP renoncent à la suppression du concours d’enseignant

Retoquées en juillet dernier, les propositions de la mission parlementaire chargée de réfléchir à la formation des enseignants sont enfin rendues publiques. La fin du concours ne figure plus parmi les préconisations. Un rapport utile pour 2012, affirme à Acteurs publics Jacques Grosperrin, le président UMP de la mission.

Faire évoluer la formation des enseignants, mais maintenir le concours. C’est en substance ce qui ressort du rapport de la mission parlementaire “sur la formation initiale et les modalités de recrutement des enseignants”, dont le rapport a été “validé” le 7 décembre par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale.

En juillet, cette même commission s’était opposée à la publication d’un premier rapport de la mission – événement rarissime –, car il préconisait de remplacer le concours des enseignants par le master et de confier “aux autorités académiques ou aux établissements le soin de recruter sur la base d’un entretien professionnel les enseignants”. Une proposition alors rejetée par la commission et contre laquelle les syndicats d’enseignants et de parents d’élèves s’étaient immédiatement dressés, dénonçant une menace contre le statut des enseignants et pointant les prémisses d’un possible démantèlement du service public de l’éducation.

La version définitive du rapport préconise de réduire le poids des épreuves disciplinaires, de renforcer l’articulation entre le concours et la formation, de multiplier les stages obligatoires pour les étudiants admissibles et de mieux accompagner les enseignants débutants. La proposition relative au remplacement du concours a été supprimée. “Syndicats et opposition se sont arc-boutés pour des raisons politiques sur le maintien du concours tel qu’il existe aujourd’hui, regrette le député UMP du Doubs Jacques Grosperrin, président de la mission. Il est pourtant indispensable de le faire évoluer.”

Calmer la grogne

Quand les défenseurs du concours fustigent le caractère arbitraire des entretiens professionnels et les difficultés des mutations géographiques qui, selon eux, en découleraient, Jacques Grosperrin répond : “C’est la même chose pour un médecin formé en milieu urbain qui interviendrait par la suite en milieu rural. Il est capable de s’adapter. Je souhaitais mieux prendre en considération la dimension pédagogique de l’enseignant dans son recrutement. Mais certains sont figés dans l’immobilisme et s’attachent à bloquer toute évolution…

La suite

LIBÉRATION, 7 décembre 2011

Des parlementaires appellent à « réformer la réforme » de la formation des enseignants
La mission de l’Assemblée nationale chargée de tirer le bilan de la masterisation, contestée y compris à l’UMP, a remis ses conclusions.

La « masterisation », ce n’est toujours pas ça. La formation des enseignants, réformée dans la douleur en 2010, doit à nouveau être remise à plat si l’on veut « préserver l’attractivité du métier », selon les conclusions de la mission de l’Assemblée nationale chargée de plancher sur le sujet.

Adopté par les députés de droite, sauf Serge Couanau, et rejetté par l’opposition, le rapport parlementaire (version provisoire en pdf ici) a fait l’objet de discussions très vives au sein de la commission.

En juillet dernier, la même commission s’était opposée à la publication d’un rapport très similaire, un événement rarissime, parce qu’il proposait, à terme, de « remplacer le concours par le master et confier aux autorités académiques ou aux établissements le soin de recruter sur la base d’un entretien professionnel les enseignants ».

Cette fois, la proposition très critiquée à l’époque a été retirée, l’idée ne figurant plus que dans le corps du rapport.

Chute inquiétante du nombre de candidats

Tirant un «  bilan contrasté de la masterisation de la formation et du recrutement des enseignants intervenue en 2010 », le rapport déplore notamment « un allongement de la durée des études discriminant sur le plan social » et « une chute inquiétante du nombre de candidats aux concours ».

Alors que la France était déjà isolée en Europe avec une formation très axée sur les disciplines et les savoirs académiques, au détriment de la pédagogie pour faire cours à des classes hétérogènes, cette réforme a même «  paradoxalement accentué le recrutement disciplinaire », critique le rapport.

Il faut « réformer la réforme afin de préserver l’attractivité du métier », a déclaré le rapporteur, Jacques Grosperrin, député (UMP) du Doubs.

Pour ce faire, « les épreuves d’admissibilité devraient être organisées en fin de licence », dans le souci de « protéger le master des effets délétères du concours », tandis que l’admission interviendrait en fin de master. Le master, « spécialisé par métier d’enseignement », devrait comprendre des « stages de pratique accompagnée et en responsabilité », limités à « à un tiers du service de référence » et rémunérés.

S’agissant de l’épineuse question de l’accompagnement des professeurs stagiaires, souvent trop livrés à eux-mêmes, «  le tutorat doit être renforcé » et « il faut créer des maîtres formateurs dans le second degré ».

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Blog du MONDE DE L’ÉDUCATION

07 décembre 2011
Le député Jacques Grosperrin plaide toujours pour la suppression des concours enseignants

Jacques Grosperrin
En juillet, le député UMP du Doubs Jacques Grosperrin avait soulevé un tollé en proposant de supprimer le concours de recrutement des enseignants. Son rapport d’information sur la formation initiale des enseignants avait d’ailleurs été rejeté par la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale. Depuis, silence radio.

Mercredi 7 décembre, le député est revenu à la charge en présentant une nouvelle version de son rapport à la même commission. Les deux mesures contestées - celles visant à " supprimer le concours externe de l’agrégation " et à " remplacer, à terme, le concours par le master " - ne figurent plus dans la liste des propositions. Mais apparaissent toujours dans le corps du texte...

"Deux voies d’entrée dans le métier"

M. Grosperrin campe donc sur ses positions. Depuis la réforme de la "mastérisation", mise en place en 2010, qui a supprimé l’année de formation en alternance dans les IUFM et élevé le niveau de formation des enseignants de la licence (bac+3) au master (bac+5), le concours n’a plus lieu d’être, estime l’élu de la majorité, car "il forme avec le master deux voies d’entrée dans le métier, parallèles et autonomes, aucune n’ayant prise sur l’autre".

Pour appuyer sa proposition, Jacques Grosperrin a auditionné deux grands "serviteurs" de l’éducation nationale, qui partagent son analyse : Marcel Pochard, conseiller d’Etat et ancien directeur général de la fonction publique, et Alain Boissinot, le recteur de l’académie de Versailles. Le député précise toutefois que la suppression du concours ne pourrait voir le jour "avant dix ou quinze ans, le temps de construire le nécessaire consensus social et politique autour d’une telle évolution, nombreux étant encore ceux qui sont attachés au modèle traditionnel du concours".

"Réformer la réforme"

Pour le reste, pas de changement. Jacques Grosperrin répète qu’il faut "réformer la réforme". Selon lui, la priorité est de "professionnaliser" la formation des enseignants, pour l’heure trop académique, en organisant une véritable alternance de pratique et de théorie. Il propose aussi de revoir le calendrier des concours : les épreuves écrites d’admissibilité auraient lieu à la fin de la fin de licence et les épreuves orales d’admission, en fin de master. Le nombre de places en première année de master serait fixé en fonction le nombre de postes offert aux concours. Par ailleurs, les masters "enseignement" seraient spécialisés par types de métier.

Après de vives discussions, le rapport a été adopté par l’ensemble des députés de droite, à l’exception de René Couanau. L’opposition, elle, a voté contre. "Son adoption est un coup de force de la part de la majorité présidentielle !", a protesté Marie-Hélène Amiable, députée du groupe de gauche démocrate et républicaine.

Aurélie Collas

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AFP

La formation des enseignants doit être encore revue
(rapport parlementaire)

La formation des enseignants, qui a fait l’objet d’une réforme en 2010, doit à nouveau être revue car il y a "urgence" à "préserver l’attractivité du métier", selon un rapport parlementaire adopté mercredi, après de vifs échanges entre députés sur l’avenir des concours.

En commission des Affaires culturelles et de l’Éducation, ce rapport de la mission de l’Assemblée nationale sur la formation des enseignants a été soutenu par les députés de droite, sauf un, l’opposition votant contre sa publication.

"Les propositions visent pour l’essentiel à réformer la réforme, pour préserver l’attractivité du métier", a déclaré le rapporteur de la mission, l’UMP Jacques Grosperrin, mais les débats se sont d’emblée focalisés sur les concours de recrutement.

Le 6 juillet dernier, la même commission s’était en effet opposée à la publication d’un rapport très similaire, un événement rarissime, en raison de deux propositions visant, l’une à supprimer le concours externe de l’agrégation, l’autre à "remplacer à terme" tous les concours par le master "et confier aux autorités académiques ou aux établissements le soin de recruter sur la base d’un entretien professionnel les enseignants".

Dans la nouvelle version, ces deux propositions ont été retirées mais les idées qui les fondent figurent toujours dans le corps du rapport.

Ce changement a poussé l’UMP Bernard Debré à voter cette fois en faveur de la publication, mais Serge Couanau, député-maire de Saint-Malo qui a quitté l’UMP en avril, a de nouveau voté contre, jugeant que "le fond de la question" était "la situation catastrophique" de la formation des enseignants.

Les députés de gauche ont eux déploré que l’idée de supprimer les concours figure toujours dans le rapport, pendant que certains de droite criaient à "la censure". "La suppression des concours rendrait le recrutement plus opaque et plus injuste", a argué Martine Faure (PS).

"Le texte n’a visiblement été modifié qu’à la marge", a ajouté Marie-Hélène Amiable (PCF). "Quand on va dans la chair du rapport, le venin est toujours là. C’est un vrai brûlot, et vous verrez il vous brûlera les doigts", a renchéri Patrick Bloche (PS).

"Je préfère le modèle traditionnel de recrutement par concours de l’école républicaine que le recrutement par Pôle emploi", a aussi dit Martine Martinel (PS).

Au-delà des concours, le rapport tire un "bilan contrasté" de la réforme voulue par Nicolas Sarkozy, déplorant notamment "un allongement de la durée des études discriminant sur le plan social" et "une chute inquiétante du nombre de candidats aux concours".

Alors que la France était déjà isolée en Europe avant 2010 avec une formation très axée sur les disciplines et les savoirs académiques, au détriment de la pédagogie pourtant bien nécessaire pour faire cours à des classes hétérogènes, la réforme a même "paradoxalement accentué le recrutement disciplinaire", critique le rapport.

Pour y remédier, il prône de "réduire le poids des épreuves disciplinaires" et de "mieux articuler le concours et la formation", notamment en plaçant les épreuves d’admissibilité en fin de licence et en prévoyant pour les étudiants admissibles "des stages obligatoires, plus longs et rémunérés en master".