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Sarkozy, Hollande et l’Université : pour en finir avec la désinformation ! - Guillaume Tronchet, EC et militant socialiste, LePlus NouvelObs (Edition H. Sergent), 28 février 2012

jeudi 1er mars 2012, par Mariannick

Voilà des mois qu’on nous le dit, qu’on nous l’écrit, qu’on nous le rabâche, au cas où la chose ne s’imposerait pas encore à nous comme une évidence : s’il y a bien une réforme que Nicolas Sarkozy a réussi, c’est celle des universités.

Autrefois, il y avait de l’échec massif en premier cycle, nos enseignants-chercheurs étaient fainéants pour la plupart, et jamais évalués, au détriment de la place de la France dans les classements internationaux. Nos universités et nos laboratoires disposaient de peu de moyens. À partir de 2007, tout a changé : réforme de l’autonomie des universités, révision par décret du statut des enseignants-chercheurs, Plan Campus à 5 milliards, investissements d’avenir de 22 milliards, 3,5 milliards de plus pour le Crédit Impôt Recherche, Plan Licence...

Jamais, dit-on, pareil effort n’aura été fourni en faveur de l’université et de la Recherche. Le résultat serait là, incontestable : "nos universités ont enfin les armes pour décoller", se félicite le magazine "Capital" de mars 2012, quand la députée UMP Françoise Guégot y va, dans "Libération", elle aussi de son satisfecit : "nul ne peut nier le succès de la réforme de l’autonomie des universités".

Bref. La messe semble dite.

Le vrai bilan de Nicolas Sarkozy

Pourtant le véritable bilan du président de la République est moins glorieux. J’ai relevé neuf points sur lesquels Nicolas Sarkozy ne peut, en aucun cas, se vanter.

1. On compte aujourd’hui 50% d’échec pour les étudiants en premier cycle (et 90% d’échec pour les étudiants issus de bacs professionnels), tandis que le "Plan Licence" a été sévèrement épinglé par la Cour des comptes, qui ne se satisfait "ni des conditions hâtives dans lesquelles les crédits ont été alloués, ni des modalités sommaires qui ont présidé au suivi de leur emploi, ni enfin, du défaut d’évaluation de leur impact".

2. Les "universités autonomes" de la loi LRU n’ont pas reçu les moyens financiers de leur autonomie au point que certaines d’entre elles sont aujourd’hui en grande difficulté et ont été placées sous tutelle de l’État quand d’autres, faute de moyens, ont été obligées de sous-traiter une partie de leurs activités, jetant dans la précarité des milliers de salariés parmi les personnels administratifs, techniques, d’encadrement et de surveillance.

3. Des milliers de postes ont été gelés à l’université et dans la Recherche quand, dans le même temps,ont été créé des dizaines de milliers d’emplois précaires, dont 15.000 par l’Agence nationale de la Recherche (ANR) à destination de docteurs de plus de 30 et 35 ans, sur-diplômés précaires et sous-payés.

4. La formation des enseignants a été supprimée, comme si enseigner à nos enfants n’était pas un métier qui devait s’apprendre.

5. Les 22 milliards annoncés dans le cadre du Grand Emprunt sont un trompe-l’œil : ils ne seront pas réellement affectés aux universités. Ce sont les intérêts (environ 3%) de cet emprunt qui le seront. C’est un peu comme si votre banquier se félicitait partout de vous avoir accordé un prêt de 10 000 euros pour monter votre entreprise alors que vous ne perceviez en réalité que 3% de cette somme, soit 300 euros !

6. La politique des investissements d’avenir n’a concerné qu’un tout petit nombre d’universités, selon de graves inégalités territoriales : le Nord, l’Ouest et le Centre de la France ont été les grands oubliés, comme s’il ne pouvait y avoir, là aussi, de grands pôles d’excellence universitaire.

7. La France est tombée au 26e rang mondial sur 32 (données OCDE) pour le budget civil de la Recherche.

8. Les milliards que coûte le Crédit impôt Recherche ont été détournés au profit des grands groupes, et sans augmentation significative de la Recherche dans les entreprises (d’après le rapport Gilles Carrez, député UMP).

9. La circulaire Guéant sur les diplômés étrangers a gravement porté atteinte à l’image et à l’attractivité de la France dans le monde, quand l’augmentation de 30% du montant exigé pour la délivrance d’un titre de séjour étudiant a jeté dans la précarité soudaine des milliers d’étrangers en pleine rentrée universitaire 2011.

De quoi donner le tournis. On est loin de la "réussite" tant vantée par ce qui relève bel et bien d’une propagande gouvernementale. D’autant qu’on pourrait citer bien d’autres exemples encore !

Et François Hollande ?

En miroir, les appels à préciser son projet en ce qui concerne l’Enseignement supérieur et la Recherche se multiplient à l’égard de la gauche et de son principal candidat, François Hollande, depuis plusieurs semaines, non sans que - une fois encore - règne une véritable désinformation : face aux appels citoyens des uns et aux lettres quelque peu assassines des autres, "Le Monde" décrivait ainsi ce week-end un camp socialiste "paralysé" qui ne serait "pas la hauteur des enjeux". Qu’en est-il réellement ?

François Hollande - qui s’était déjà exprimé lors de la primaire socialiste sur les questions universitaires et scientifiques (qu’on le relise !) - précisera le 5 mars prochain à Nancy son projet pour l’enseignement supérieur et la Recherche. Il n’est pas acceptable de lui prêter des propos qu’il n’a jamais tenus.

En attendant le 5 mars, et au-delà des vaines polémiques autour de celui ou de celle qui serait le conseiller pro-LRU ou anti-LRU le plus proche du candidat, prenons acte de ce qui seul fait foi pour l’heure, les déclarations des représentants du candidat Hollande : Vincent Peillon, qui a livré pour la première fois une feuille de route précise à ce sujet devant un parterre de jeunes chercheurs le 17 février dernier ; Jean-Yves Le Déaut, qui a accordé un entretien spécifique à l’AEF la semaine dernière. Que disent-ils en substance ?

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