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CUE : Démission de la VP-Recherche de Lyon2 - 23 octobre 2013

lundi 11 novembre 2013, par Mam’zelle SLU

Et maintenant ?

Isabelle Lefort dans le Blog « L’Université Autrement », 10 novembre.

Lire en pièce jointe sa lettre de démission.

18 mois après l’installation de la nouvelle équipe présidentielle, le bilan de la gouvernance de Lyon 2 est inédit puisqu’il se solde par le départ de trois Vice-Présidentes occupant des fonctions clés de l’Institution : Ressources humaines, Relations Internationales et Recherche. Ces vacances successives et rapprochées depuis la fin du printemps semblent bien assumées par l’équipe présidentielle puisque lors du CA du 25 octobre 2013, qui a suivi ma démission, aucune des questions diverses acceptées par le Président n’a permis d’aborder et de discuter publiquement ces trois départs ni même celui d’un membre du CS (à la suite du Conseil du 21 octobre) sans parler de celui du directeur de l’ED Sciences Sociales. Les démissions vice-présidentielles sont en nombre aujourd’hui suffisant pour que nous soyons légitimement inquiets du silence de notre équipe présidentielle. En conscience et en responsabilité envers l’Institution, j’ai décidé de réagir à nouveau contre cette nouvelle forme de confiscation de la parole et cette ignorance des inquiétudes qui ne peuvent plus s’exprimer.

Lyon 2 est engagé dans un processus CUE, l’établissement doit se mettre en conformité statutaire avec la loi ESR Fioraso et en ordre de marche pour élaborer son prochain contrat – le tout selon un tempo que l’on peut qualifier, sans mauvais esprit, de vivace. Notre communauté universitaire est en droit de se demander si, dans ce contexte de perte de confiance et de repères, l’équipe en place reste en mesure de remplir ces missions, conformément aux aspirations de ses centaines de personnels et ses milliers d’étudiants ?

Le sentiment général qui prévaut au sein de la communauté SHS du site – et que je partage – est celui d’un échec annoncé du projet qui a mené l’équipe de Lyon 2 en place et qui lui avait valu une fort confortable majorité dans les Conseils. Plus avant, et de façon beaucoup plus alarmante, ce sont les conditions mêmes de déploiement, de visibilité et d’innovation de ces disciplines qui sont aujourd’hui mises à mal. Lyon 2 constitue un élément de poids dans le dispositif de la future Université de Lyon. Mais cet établissement affaibli perd ainsi de sa capacité motrice, partenariale et ce faisant en pénalise l’ensemble des projets en cours.

A titre personnel, j’ai souhaité mettre fin à ma mission de Vice-Présidente à la Recherche parce que je n’avais plus aucune des conditions objectives pour la mener. Cela ne signifie pas pour autant un désengagement de mes responsabilités en tant qu’enseignant-chercheur : je reste profondément soucieuse de l’intérêt général de notre communauté universitaire et de nos collectifs disciplinaires.

La communauté Lyon 2 se retrouve aujourd’hui amoindrie par une gouvernance confuse (quel calendrier pour le contrat ?) où l’improvisation a pris la place de la concertation et du partage des responsabilités. Pour les questions que j’ai eues à traiter, il est apparu que le Président de Lyon 2 valide – en l‘autorisant – une « politique » de la Recherche essentiellement menée en dehors de la Recherche et par des outils comptables réservés aux seuls spécialistes et services financiers dédiés. Ce qui, en toute logique conduit à une non-politique de la Recherche.

Les questions d’organisation de la Recherche, d’orientations de l’établissement dans et avec le site, de ses ambitions partenariales, de son intelligence d’articulation entre formation et recherche, de ses conditions de réponse aux systèmes de financement, de ses engagements dans la Cité, etc… semblent dès lors choses bien périphériques pour les dirigeants d’un établissement, poids lourd des Sciences humaines, sociales, des Lettres, Arts et Langues de la place lyonnaise et stéphanoise.

Nos collectifs de formation et de recherche, dans ces champs, sont face à un tournant décisif : scientifique, académique, professionnel et institutionnel. La « reconduction » d’un identique insatisfaisant n’est plus possible. Les rapports de force intra-établissement et inter-établissements sont ce qu’ils sont et longtemps il fut possible, avec quelques arrangements à la marge, de garder un certain équilibre. Mais ce « laisser se poursuivre » est aujourd’hui tout sauf souhaitable. Parce que la globalisation, les jeux d’échelles, les mutations de financements et de carrière, les impératifs de l’ESR sur le site de la CUE (pas de doublons de formations sur le site), les concurrences (de l’international au local) et les spécialisations (intelligentes) impactent, au cœur même, ces disciplines et leurs habitus.

Les réponses bien sûr ne peuvent être univoques, mais elles doivent faire levier, de façon innovante, sur l’ensemble des SHS pour produire une intelligence collective sur le site d’une protubérante CUE en devenir. Elles le doivent, sous peine de laisser décliner une véritable ressource d’intelligences, de recherches, de projets, d’envies aussi… Trop de projets restent en suspens faute de portage finalisé, de concertation, de pratiques renouvelées. Il y a donc nécessité (et urgence) pour ces disciplines d’être présentes, représentées, offensives, démonstratives de leurs valeurs, de leurs usages et de leurs nécessités politiques, sociales, culturelles et économiques. D’autres établissements sur le site ont décidé de se mettre en route.

C’est pourquoi j’ai choisi de poursuivre mon engagement et j’invite toutes et tous ceux qui partagent cette inquiétude, qu’ils soient ou non d’accord avec mes propositions à venir, à exposer les leurs et faire en sorte que la substance et la richesse de nos forces vives restent visibles et en action.

Isabelle Lefort.

Lire aussi les commentaires, particulièrement Le roi est nu… par le collectif Pour une Autre Université.