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580 euros la convention : le business des « marchands de stage » - Mathieu Cantorné, Rue89, 18 février 2014

mardi 18 février 2014, par Mariannick

Les stages hors cursus universitaire étant interdits pour éviter les « étudiants fantômes », des écoles privées proposent contre paiement des conventions de stage en urgence. Une pratique « en marge de la loi ».

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Derrière la petite porte du 22 rue du cloître Saint-Merri, dans le IVe arrondissement de Paris, un vieil escalier en bois aux marches inégales conduit péniblement jusqu’au cinquième étage. Arrivé sur le palier, hormis une plaque discrète et une boîte aux lettres, rien n’indique la présence du siège social du Central Business Langage Education (CBLE), un établissement d’enseignement supérieur privé.

Il est possible d’y étudier la communication, la finance, le droit, mais aussi l’audiovisuel, l’architecture, la couture ou l’histoire de l’art occidental. Pour attirer les futurs étudiants, le site internet de l’école explique :

« Une école sympathique avec une forte personnalité. Dans le centre de Paris, CBLE est tout près d’endroits intéressants, magasins, restaurants, galeries, musées, théâtres et plus encore. »

C’est vrai. L’école est à deux pas du centre Pompidou et de la kyrielle de cafés qui l’entoure, des Halles et des théâtres de Châtelet. Sauf que des cours, au 22 de la rue du cloître Saint-Merri, il n’y en a jamais eu.

Ecoles spécialisées dans les conventions

Les stages hors cursus interdits

Depuis un décret publié en août 2010, tout stage en entreprise doit s’inscrire dans le cadre d’un cursus pédagogique. Ses modalités et finalités doivent être définies dans l’organisation de la formation et le stage doit donner lieu à une restitution de la part de l’étudiant, évaluée par l’établissement. Il s’agit d’empêcher les entreprises de proposer des stages à des personnes déjà diplômées, qui pourraient prétendre à un emploi salarié.

En l’espace d’une grosse demi-heure, deux clients se succèdent à la porte du CBLE. Le premier est un étudiant en année de césure, la seconde une femme d’un certain âge, mère d’un étudiant bientôt diplômé.

Les deux sont venus chercher la même chose : une convention de stage, document indispensable à l’obtention d’un stage en entreprise depuis un décret de 2010 (voir encadré).

Effet pervers de ce décret destiné à protéger les jeunes diplômés du travail déguisé en stage : l’apparition d’écoles plus ou moins sérieuses dont l’unique objectif est de délivrer le document si convoité. Il suffit de chercher « convention de stage » sur n’importe quel moteur de recherche pour les trouver.

C’est le cas du CBLE, qui apparaît en tête des réponses sur Google. L’école a payé le moteur de recherche pour cela. Avant même de cliquer sur le lien qui mène au site de l’école, un message apparaît :

« Vous cherchez une convention pour votre stage, contactez-nous ! »

« Même si votre stage a déjà commencé »

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