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Palme d’or du syndicalisme d’accompagnement attribuée au SGEN-CFDT pour son communiqué du 22 mai 2014.

samedi 24 mai 2014, par Mam’zelle SLU

Communiqué de presse n° 63 du 22 mai 2014.

Il est aujourd’hui très facile, mais peu honnête, pour certains, de s’autoproclamer défenseurs de l’ESR alors qu’ils ont manqué l’occasion de le défendre quand c’était possible, et surtout nécessaire.

Le CNESER qui s’est réuni lundi 19 mai, a eu à se prononcer sur une motion présentée par le Snesup-FSU sur les regroupements d’établissements. Le Sgen-CFDT n’a pas souhaité s’y associer, bien que certains éléments dénoncés dans le texte – calendrier contraint, risque d’un ESR à deux vitesses... [1] – soient largement partagés par notre organisation et aient fait l’objet à plusieurs reprises de dénonciations dans le cadre d’une large intersyndicale. Cependant, pour le Sgen-CFDT, l’analyse des causes de ces dérives et les réponses proposées dans cette motion pour y faire face sont erronées.

Lors d’un CNESER précédent, nous avons porté une motion intersyndicale demandant que le calendrier de mise en œuvre, en particulier des COMUE, soit desserré pour permettre une large consultation des personnels. Lors des différentes instances représentatives qui se sont réunies, mais aussi lors de nos nombreux échanges avec le cabinet du MESR puis du MENESR, nous avons dénoncé des pratiques locales qui, au lieu de mettre au cœur de la démarche de regroupement les intérêts de formation et de recherche, servent d’abord à distribuer les pouvoirs des uns et des autres.
Nous avons aussi dénoncé le risque de décrochage entre certaines universités pluridisciplinaires qui se verraient confier les formations du seul cycle de licence, et celles qui auraient les moyens, par la politique des PIA 2, de s’inscrire dans une politique intensive de recherche.

Pour le Sgen-CFDT, cette situation n’est pas provoquée, ni même amplifiée, par le développement de la politique des regroupements en général et par celle des COMUE en particulier. Ceux qui, aujourd’hui, reprochent aux COMUE d’exacerber la concurrence entre établissements se trompent, ou cherchent à tromper. Car c’est, au contraire, en favorisant les collaborations et les partenariats, en permettant aux universités et aux organismes de recherche de se regrouper autour d’un projet de formation et de recherche commun et ambitieux, que nous sortirons de cette situation héritée de la LRU, mais surtout, de la mise en concurrence exacerbée par les politiques précédentes.

Cependant, nous ne sommes pas naïfs. Cette révolution des mentalités ne se fera pas en un jour et ne sera pas parfaite dès sa mise en place — quelle réforme peut se vanter de l’avoir été ? D’abord, parce qu’il nous faut réapprendre à travailler ensemble, en mettant en avant le projet de formation et de recherche avant le projet de structure administrative. Il faut également apprendre à ne plus voir dans « l’Autre » (établissement, composante, organisme...) un concurrent mais un partenaire. La mise en place difficile, voire dramatique, de certaines ESPE est la démonstration même que ces schémas de concurrence ne sont pas encore dépassés et que d’aucuns n’ont pas encore compris, ou au contraire trop bien, l’intérêt de faire entrer l’ESR dans une nouvelle ère qui permettra de dépasser les querelles de clochers, de pouvoirs locaux, de postes, de formations, etc. Car, sinon, cela reviendrait à dire que la situation actuelle, héritée des politiques désastreuses des gouvernements précédents, est satisfaisante. Rien ne serait pire que le statu quo !

Dès 2012, le Sgen-CFDT a demandé, et obtenu, un premier rééquilibrage entre les financements sur projets et les financements récurrents. Nous demandons, encore et toujours, une reconfiguration du Crédit Impôt Recherche pour que ses effets d’aubaines fiscales soient rectifiés. Nous continuons, enfin, à revendiquer une réelle concertation de l’ensemble des personnels, en particulier des personnels BIATSS, dont les conditions de travail peuvent être très impactées par les regroupements, en particulier par les fusions. C’est le dialogue social qui fait défaut dans les établissements – pourquoi les CHSCT ne sont-ils pas systématiquement saisis des politiques de prévention accompagnant les politiques de fusion ?

Comme d’habitude, les difficultés liées à la réforme n’ont rien à voir avec la réforme elle-même, mais avec la façon dont se comportent les corps intermédiaires de ce pays, en l’occurrence, de trop nombreuses équipes dirigeantes d’université, ainsi que la majorité des organisations syndicales. Pour les premiers, la politique des regroupements est nécessaire pour assurer l’avenir de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, mais ils ne font pas confiance aux personnels pour la porter et la mettre en œuvre. Ils se méfient donc de tout ce qui affaiblit le pouvoir des présidences d’universités et se sont opposés aux progrès de la démocratie interne à l’occasion de la loi Fioraso. Pour les secondes, toute réforme est l’occasion de vendre les mérites illusoires du statu quo, dans l’espoir de récupérer un petit bénéfice électoral, quand ce n’est pas avec l’objectif de maintenir en l’état la hiérarchie entre les établissements et entre les formations. Tous s’ingénient à escamoter le vrai débat, celui de plus d’égalité dans l’ESR.

Le Sgen-CFDT a donc été bien seul, lors du débat sur la loi ESR du 22 juillet 2013, à mettre en garde contre les risques qui pesaient sur les COMUE si la loi ne modifiait pas en profondeur le système de gouvernance des universités, et en particulier la toute-puissance des équipes présidentielles. Nous avions déjà dénoncé le risque de confiscation d’une démarche, pertinente dans son esprit et son texte, par des logiques de pouvoir. Nous n’avons pas été entendus par le ministère, et il porte aujourd’hui la responsabilité de la gestion calamiteuse de l’application dans les établissements de la loi Fioraso. Mais c’est aussi le refus de certaines organisations syndicales de s’approprier et de soutenir le projet d’universités fédérales – pourtant issu des assises de l’enseignement supérieur de l’automne 2012 – qui n’a pas permis de créer un rapport de force suffisant pour faire évoluer la loi vers plus de démocratie et de collégialité. La politique du « NON » systématique de certaines organisations syndicales a eu pour seul résultat que le point de vue des personnels n’a pas suffisamment été entendu et pris en compte. C’est l’une des raisons des faiblesses de la loi ESR en matière de démocratie interne, faiblesses dont les personnels et les étudiants sont les premières victimes.

Il est aujourd’hui très facile, mais peu honnête, pour certains, de s’autoproclamer défenseurs de l’ESR alors qu’ils ont manqué l’occasion de le défendre quand c’était possible, et surtout nécessaire.

Prix spécial du jury pour

La section CFDT de l’UPMC pour son communiqué du 22 Mai 2014 aux personnels de l’UPMC
« Le SGEN-CFDT ne s’associe pas au mouvement de grève du 22 mai dans les bibliothèques. »

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Position du SGEN-CFDT sur l’ouverture des bibliothèques à Jussieu - 22 mai 2014

[1Pour mémoire, voici les résultats du vote : Vote : 15 pour (SNESUP-FSU, UNEF, UNSA, CGT, QSF) ; 6 contre (FAGE, 1 CPU, CFDT, 2 SGEN) ; 7 abstentions (dont FCPE, 2 SGEN, 1 CPU, CGPME, MEDEF, CJC) ; 1 NPPV (FO)(note de SLU)