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Classement de Shanghaï 2014 : revue de presse

samedi 30 août 2014, par Elisabeth Báthory, Mademoiselle de Scudéry

Le classement de Shanghaï est toujours aussi critiqué... mais toujours aussi utilisé pour éreinter les universités françaises, si peu compétitives...

Dans Le Monde (par Isabelle Rey-Lefebvre) :

Heureusement, d’aucuns en ricanent…

Shanghai 2014 (on peut pas s’en empêcher, même si on dit le contraire)

Poolp, lundi 25 août 2014
[…]
Zoom sur les universités françaises fusionnées.
Après un bond en 2011 (sur l’exercice 2010 !) et un fléchissement les trois années suivantes, l’Université de Lorraine (fusion en 2012) obtient un classement 2014 à peine mieux que l’année précédente. La fusion des établissements constituant l’Université de Bordeaux, intervenue en 2013, n’est pas à la hauteur des espoirs en 2014 et il faut croiser bien fort les doigts pour 2015 au vu du classement 2014 de Bordeaux 1 et de Bordeaux 2-Victor Segalen, Bordeaux 4 n’étant pas classée. On l’a dit plus haut, l’université d’Auvergne (Droit, Économie, Médecine et IUT) entre modestement dans le classement, aux alentours de la 430e place. La progression de l’Université Aix Marseille, fusionnée en 2012, apparaît bien peu convaincante au regard du classement de 2011 (sur l’exercice 2010 !), mais c’est tout de même une progression. Quant à la chouchou de Poolp, l’université de Strasbourg, première université française fusionnée en 2009, elle grimpe au 95e rang, progressant de deux petites places par rapport à 2013, sans revenir pour autant au niveau de ses meilleures cotes, 82e en 2004 et 92e en 2005... bien avant la fusion.



Classement de Shanghaï : les universités françaises maintiennent leur rang

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La France adore les classements, à la sortie des grandes écoles comme à l’internat de médecine, mais pas celui de Shanghaï. Chaque 15 août depuis 2003, celui-ci dresse le palmarès des 500 premières universités, sur les 17 000 que compte la planète, mais les universitaires français estiment qu’il ne rend pas justice au potentiel de recherche du pays.

L’édition 2014 réaffirme la suprématie des Etats-Unis, qui occupent seize des vingt premières places, avec en tête l’indétrônable quatuor Harvard – Stanford – Massachusetts Institute of Technology – Berkeley. Dans le top 20, les seules universités non américaines sont britanniques (Cambridge, 5e ; Oxford, 10e ; University College of London, 20e) et suisse (Institut fédéral de technologie de Zurich, 19e place, une de mieux par rapport à 2013). La Suisse se distingue d’ailleurs par la présence de cinq de ses universités dans le top 100, contre quatre l’an passé.

LA PREMIÈRE UNIVERSITÉ FRANÇAISE AU 35E RANG

La France, elle, compte 21 établissements dans ce classement des 500 premières universités mondiales, une de plus qu’en 2013. La première université française, Pierre-et-Marie-Curie (UPMC), a grappillé deux places en un an. Mais elle n’arrive qu’au 35e rang, creusant l’écart avec sa rivale, Orsay-Paris-Sud, légèrement rétrogradée, elle, de la 39e à la 42e place. L’Ecole normale supérieure de Paris, qui a formé pratiquement tous nos médaillés Fields à l’exception de celui de cette année, le Franco-Brésilien Artur Avila, arrive à la 67e place, quatre de mieux qu’en 2013.

L’université de Strasbourg figure, quant à elle, dans le top 100, à la 95e place. Mais cela n’émeut guère son président, Alain Beretz, également président de la Ligue européenne des universités intensives en recherche, qui rassemble une vingtaine d’entre elles : « Nous sommes certes heureux d’être bien classés, mais ces palmarès sont ineptes ! On ne résume pas la qualité d’une université, qui mène plusieurs missions de front, par une seule note et sur la base de données peu fiables, proteste-t-il. Inscrire dans les objectifs stratégiques de notre enseignement supérieur et de notre recherche celui de grimper dans les classements me paraît donc une erreur. »

Lire : Pourquoi faut-il se méfier des classements ?

« ON NE FONDE PAS UNE POLITIQUE SUR CE CLASSEMENT »

Pour Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche, « le classement de Shanghaï est un indicateur parmi d’autres, à prendre en compte mais sur lequel on ne fonde pas une politique. Nous encourageons les regroupements, mais dans un but de lisibilité pour les étudiants et de mutualisation des moyens. »

Grâce à la fusion, en 2009, de trois entités en une seule, Strasbourg a atteint l’envergure et la notoriété qui la rendent considérable aux yeux de tels classements. Depuis 2012, c’est le cas également d’Aix-Marseille, qui se situe entre la 101e et la 150e place cette année, ou l’université de Lorraine (située entre la 201e et la 300e place).

Lire l’entretien complet avec Geneviève Fioraso : « Nous devons intensifier les partenariats entre écoles et universités »

La fusion, en réalité, a un double impact : d’un côté, elle permet d’additionner publications et citations ; mais de l’autre elle dilue les performances entre un plus grand nombre d’enseignants-chercheurs, notamment ceux en sciences humaines, peu considérées. Si, d’ici quelques années, le projet d’université de Saclay se concrétise, englobant celle d’Orsay mais aussi Polytechnique, Centrale-Supelec, HEC et l’ENS Cachan, le nouvel ensemble pourrait prétendre au top 20 de Shanghaï.

LES ÉCOLES D’INGÉNIEURS SOUS-ESTIMÉES

La France est pénalisée par la spécificité de son système dual, la recherche étant principalement menée dans les organismes distincts des universités que sont, par exemple, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), premier publiant au monde, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), ou l’Institut Pasteur. Nombre de bons résultats des universités françaises dans les classements internationaux sont d’ailleurs dus aux laboratoires mixtes qui les associent à ces organismes. Les enseignants-chercheurs français ne jouent, en outre, pas toujours le jeu des palmarès en omettant, lorsqu’ils signent leurs publications, de citer leur université de rattachement, préférant la mention de leur laboratoire, de leur faculté…

Les grandes écoles d’ingénieurs françaises, dont le modèle est unique au monde, attirent de très bons étudiants mais sont encore peu tournées vers la recherche et se voient donc sous-estimées par ces classements. C’est le cas de Polytechnique, qui se voit reléguée, en 2014, au-delà du 300e rang, rejoignant l’Ecole de physique chimie de Paris, devant l’Ecole des mines, dans la dernière centaine. « Les écoles d’ingénieurs doivent encourager leurs diplômés à faire de la recherche, estime Geneviève Fioraso, mais les entreprises aussi ont leur responsabilité, en ne valorisant pas encore assez les chercheurs ni le diplôme de doctorat. Cela doit évoluer et ce sera un de mes combats de cette année. »

Depuis que les classements internationaux, notamment anglo-saxons, font la loi, l’Union européenne a décidé de lancer son propre outil, U-Multirank. Le premier classement a été publié en février, mais il se limite à quatre disciplines, génie électrique, génie mécanique, physique, études commerciales. U-Multirank n’a toutefois pas encore convaincu la Ligue européenne des universités intensives en recherche, qui n’a pas participé à la collecte des données : « C’est, pour nous, un classement de plus, particulièrement dangereux car cette initiative de l’Union européenne peut faire croire qu’il s’agit d’un classement officiel et orienter les financements et les politiques publiques », argumente Alain Beretz.

Les critères du classement de Shanghaï

Le classement de Shanghaï se concentre sur les performances de la recherche, surtout scientifique, sans considérer la qualité de l’enseignement. Il recense les lauréats Nobel et Fields parmi les enseignants (20 % de la note) et les anciens diplômés (10 %), fait la part belle au nombre de publications, dans l’année passée, dans deux revues anglophones, Nature et Science (20 %), aux citations de ces articles (20 %), aux chercheurs cités au cours des cinq années précédentes (20 %) et à la performance académique, rapportée au nombre d’enseignants-chercheurs (10 %). La première université classée se voit attribuer la note 100 et les suivantes vont en diminuant. C’est une petite équipe de l’université Jiao Tong, de Shanghaï, qui a délégué à l’Academic Ranking of World Universities (ARWU) le soin de collecter par Internet les données requises.

Geneviève Fioraso : « Nous devons intensifier les partenariats entre écoles et universités »

A lire sur le site du Monde (abonnés).

Alors que l’édition 2014 du classement des 500 premières universités mondiales a été dévoilée vendredi 15 août, entretien avec Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche.

Lire : Classement de Shanghaï : les universités françaises maintiennent leur rang

Que pensez-vous de l’édition 2014 du classement de Shanghaï ? Pour vous, ce palmarès est-il important ?

C’est un indicateur parmi d’autres, de fait mieux adapté au système anglo-saxon qu’au nôtre et vis-à-vis duquel il faut prendre du recul. Les universités américaines et anglaises sont très sélectives, ce qui n’est pas le cas de nos grandes universités de recherche, comme Pierre-et-Marie-Curie, Orsay-Paris-11 ou Strasbourg. Mais je constate avec plaisir une stabilité des positions de la France, en dépit de la compétition croissante et de la montée en puissance des universités chinoises qui, dans dix ans, seront juste derrière les américaines.

Avec 21 établissements classés sur 500, contre 20 en 2013, dont 4 dans les 100 premiers, cette édition 2014 confirme notre sixième place mondiale. Nous enregistrons de bonnes performances dans certaines disciplines, comme les mathématiques, où nous sommes 3e, la physique (5e), la chimie (7e). Les bonnes nouvelles de cet été, comme les succès du véhicule spatial ATV5 et de la sonde Rosetta, dont des organismes français comme le CNRS, l’université Paul-Sabatier de Toulouse, l’université Joseph-Fourier ou l’Observatoire de Paris sont partie prenante voire leaders, témoignent de la vitalité de la recherche française. Sans oublier la médaille Fields de mathématiques, attribuée, le 13 août, au Franco-brésilien Artur Avila !

Ces performances sont-elles durables, dans un contexte budgétaire tendu ?

Nous avons complètement préservé le budget de la recherche : sur les 7,7 milliards d’euros, plus de la moitié va à des projets de recherche fondamentale, qui elle-même alimente ensuite la recherche appliquée. Le budget des Conventions industrielles de formation par la recherche (Cifre) a été maintenu envers et contre Bercy. Quant aux salaires des chercheurs français, ils sont dans la moyenne européenne, légèrement supérieurs à ceux des Allemands, mais nous devons faire un effort pour les jeunes en début de carrière.

Comment se fait-il que les écoles d’ingénieurs soient si mal classées par Shanghaï ?

Shanghaï privilégie la recherche, ce qui n’est pas l’objectif de ces grandes écoles mais le devient de plus en plus. Aujourd’hui, seuls 10 % de leurs diplômés vont jusqu’à la thèse et s’engagent dans la recherche, mais cette proportion augmente grâce aux partenariats plus serrés avec les universités. Par exemple, Polytechnique vient de signer un accord majeur avec l’université d’Orsay pour créer des diplômes communs – masters et doctorats – en biologie. C’est ce type de coopération que nous souhaitons intensifier. Un autre de mes combats, cette année, sera de convaincre les entreprises de valoriser les doctorats en embauchant des docteurs et des chercheurs.

Lire l’entretien : « Le classement de Shanghaï ne reflète pas toutes les missions d’une université »

Votre politique est-elle influencée par ces classements ?

Non, pas du tout, mais nous sommes soucieux de visibilité internationale et nous constatons qu’il faut développer les partenariats structurants à l’étranger. L’exemple de la médaille Fields d’Artur Avila, fruit d’une coopération avec le Brésil et d’un institut commun de mathématiques appliquées, montre la voie. Mais surtout, l’abolition de la circulaire Guéant a permis à la France de redevenir le troisième pays d’accueil d’étudiants étrangers, derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Ce sont les réseaux de chercheurs et les partenariats étrangers qui comptent.

Les regroupements et fusions d’universités et d’écoles sont-ils un moyen de grimper dans ces classements ?

Ils sont surtout une façon d’être plus visible aux yeux des étudiants, mais il est vrai qu’ils sont un élément de visibilité internationale et, quoi qu’ils en disent, les universitaires français sont fiers d’y figurer en bonne place.


« Le classement de Shanghaï ne reflète pas toutes les missions d’une université »

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Dans le sillage de l’initiative européenne U-Multirank, la France a décidé de se doter de son propre système de cartographie des universités, le projet de caractérisation des établissements de recherche et d’enseignement supérieur (Céres). Pour Sophie Béjean, professeure de sciences économiques à l’Université de Bourgogne et présidente du comité de pilotage de ce nouveau système, les critères dont il tiendra compte sont plus complets que ceux retenus par le classement de Shanghaï, dont l’édition 2014 a été dévoilée vendredi 15 août.

Lire : Classement de Shanghaï : les universités françaises maintiennent leur rang

Qu’apporte Céres par rapport aux classements internationaux type Shanghaï et au système européen U-Multirank ?

Ces outils ne sont pas comparables. Ils ne collectent pas les mêmes informations. Le classement de Shanghaï mesure essentiellement la production scientifique, et encore, surtout pour les sciences exactes, sans refléter toutes les missions d’une université. U-Multirank, pensé par l’Union européenne, se veut déjà plus complet en abordant la recherche, la qualité des formations et l’insertion professionnelle, mais aussi les liens avec la société et le territoire, la valorisation de la recherche et l’orientation internationale des établissements. Nous coopérons d’ailleurs pleinement avec les acteurs qui collectent les données d’U-Multirank.

Avec Céres, nous ajoutons plusieurs dimensions, notamment, à la demande des organisations étudiantes, celle des services offerts, tels que les bibliothèques, les équipements de sport, de santé, les bourses, l’accès pour les handicapés. Certains de ces critères sociaux ne sont d’ailleurs pas faciles à mesurer. Des enquêtes de satisfaction des étudiants sont aussi prises en compte. D’autres pays comme l’Espagne, la Suède ou la Pologne envisagent également d’adapter l’outil européen à leurs objectifs et spécificités. C’est, pour nous, l’occasion d’un dialogue constructif et approfondi.

Certaines universités françaises d’envergure ne collaborent pas à Céres et U-Multirank, critiquant leur utilité. Que leur répondez-vous ?

Plus de 130 établissements ont souhaité participer à U-Multirank et Céres, dont 42 universités françaises sur les 77. Nous sommes encore en phase d’expérimentation et espérons bien les rallier un jour, mais leur contribution relève bien sûr du volontariat. Nous avons adopté une méthode d’élaboration collaborative avec la Conférence des présidents d’universités (CPU), la Conférence des grandes écoles et la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI), tous très moteurs au sein du comité de pilotage, et avec le soutien du ministère.

Lire l’entretien avec Geneviève Fioraso : « Nous devons intensifier les partenariats entre écoles et universités »

Nous avons tenu à associer les organisations étudiantes, ce qui est original par rapport à U-Multirank, et elles se montrent également très présentes et actives. Enfin, dans notre premier pilote, aux disciplines traitées par U-Multirank comme les sciences de l’ingénieur, la physique, le management, nous avons ajouté la sociologie, pour bien montrer l’importance accordée aux sciences humaines, champ qui mérite une prise en compte spécifique, au-delà du management déjà intégré dans U-Multirank.

Quand Céres sera-t-il opérationnel ?

U-Multirank a, dans sa première mouture, été publié un peu rapidement. En relation avec les établissements, nous tenons à approfondir la fiabilité de leurs données puis le comité de pilotage validera les modalités de communication. Une première version devrait donc être publiée dans les prochains mois et elle répondra à une réelle demande de la part du public et des étudiants qui souhaitent mieux se repérer dans notre paysage institutionnel.