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Les naufragés d’Admission post-bac à la recherche d’une place à l’université - Isabelle Rey-Lefebvre, Le Monde, 17 septembre 2014

vendredi 19 septembre 2014, par Elisabeth Báthory

La plate-forme Admission post-bac (APB) a proposé, lundi 15 septembre, ses dernières affectations aux étudiants et bacheliers à la recherche d’une place dans l’enseignement supérieur.

Pour un certain nombre d’entre eux, l’angoisse le dispute à la déception : tous ceux dont la demande a été refusée. Combien sont-ils, ces étudiants « en rade » ? Le rectorat de Paris n’en compte officiellement qu’un ! L’Union nationale des étudiants de France (UNEF) recense 200 dossiers en souffrance à Paris-X Nanterre, une quarantaine à Paris-I, des chiffres qui enflent chaque année, car « les universités ont tendance à restreindre leur capacité d’accueil et à multiplier les filières sélectives », estime William Martinet, son président.

A lire sur le site du Monde.

TIRAGE AU SORT

Selon nos informations, ils seraient 500 en Ile-de-France, une goutte d’eau parmi les plus de 65 000 bacheliers franciliens, mais qui représentent 500 angoisses à apaiser et autant de problèmes à résoudre.

De leur tour de contrôle, les rectorats voient une rentrée réussie et ne mesurent pas les frustrations qu’engendre cette belle mécanique administrativo-informatique. L’enquête de l’UNEF menée en juin révélait pourtant que 29 % des inscrits en L1 n’étaient pas dans la filière souhaitée.

Dans les disciplines les plus convoitées : droit, gestion, langues étrangères appliquées et surtout sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps), les règles d’affectation sont impénétrables… Les universités communiquent le nombre de places aux rectorats, pilotes d’APB dans chaque académie, qui répartissent les candidats en accordant la priorité à ceux qui ont eu leur bac dans l’académie et exprimé six voeux. S’ils sont trop nombreux, ils sont tirés au sort sans que la qualité de leur dossier soit prise en compte.

MANQUE DE TRANSPARENCE

Nul ne veut dire combien d’étudiants sont ainsi soumis à cette loterie. La priorité géographique pose aussi question, le périmètre des académies ne correspondant pas toujours aux bassins de vie.

« Près de 40 % des lycéens de l’académie de Grenoble habitant la Savoie, la Haute-Savoie et tout le nord de l’Isère vont plus commodément étudier à Lyon », dit Bruno Etienne, chef du service académique d’information et d’orientation du rectorat de Grenoble. « Il faudrait modifier les priorités, faire passer en premier le voeu numéro un du lycéen », suggère Paul Fontayne.

Le système manque aussi de transparence sur les modes de sélection mis en place : les trois grandes universités parisiennes de droit, par exemple, ont multiplié les cursus à l’accès restreint. « Ce sont toutes ces zones d’ombre, ces opacités, ces sélections cachées que nous dénonçons, explique Charles Bozonnet, vice-président de la Fédération des associations générales étudiantes, mais APB marque, pour nous, un net progrès. »

LE CAS DES BACS PRO

Les grands perdants d’APB sont les titulaires d’un baccalauréat professionnel : 90 % de ceux qui veulent poursuivre des études demandent un BTS mais voient leur requête refusée car les établissements sélectionnent leurs élèves.

La loi sur l’enseignement supérieur et la recherche votée en juillet 2013 donne pourtant la priorité aux bacheliers professionnels en STS (sections de techniciens supérieurs) et aux bacheliers technologiques en IUT (institut universitaire de technologie), sous forme de quotas. Au recteur de fixer un pourcentage minimal. Des consignes ont été données pour accueillir davantage ces publics. Mais les habitudes sont lentes à changer.

Selon le secrétariat d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche, 34 205 bacheliers professionnels ont, en 2014, intégré un BTS, soit 10 % de plus qu’en 2013. Avec des disparités. Dans l’académie de Grenoble, dont le rectorat est dirigé par un ancien conseiller de la secrétaire d’Etat Geneviève Fioraso, 28 % des candidats à un BTS ont obtenu ce qu’ils souhaitaient, contre 23 % l’an passé.