Accueil > Revue de presse > Tribunes > Les non-dits des regroupements d’universités - Jean-Louis Fournel, Tribune, (...)

Les non-dits des regroupements d’universités - Jean-Louis Fournel, Tribune, Libération, 7 octobre 2014

mercredi 8 octobre 2014, par Louise Michel

Fournel 1- Mérindol 0

Lire sur le site de Libération

TRIBUNE

Jean-Yves Mérindol s’est fendu, dans Libération du vendredi 26 septembre, d’un article d’éloge complaisant et sans nuance sur la politique de regroupement des universités au sein de « communautés d’universités et d’établissements » (dites Comue), regroupements pouvant aller jusqu’à la fusion. Un article d’auto-éloge pourrait-on dire d’ailleurs, puisque c’est la même personne qui, en tant que conseiller à l’Elysée pour l’enseignement supérieur pendant deux ans, a été l’une des chevilles ouvrières de la loi Fioraso de 2013.

L’article de Monsieur Mérindol ne vous dira bien sûr rien de cela ; pas plus qu’il ne vous dira – et c’est beaucoup plus important - que les nouvelles communautés d’universités pourraient bien s’avérer être une machine bureaucratique rajoutant une strate, coûteuse et stérile, au mille-feuille institutionnel que le « choc de simplification » voulait remettre en question ; pas plus qu’il ne vous parlera de l’éloignement mécanique des gouvernants par rapport aux gouvernés dans ces nouveaux mastodontes comptant parfois plus de 100 000 étudiants ; pas plus qu’il ne signalera l’étrangeté qu’il y a à nommer du terme d’université, au singulier, un regroupement qui prétend écarter la fusion de ses diverses composantes ; pas plus qu’il ne notera que les syndicats unanimes du CNRS (y compris celui qu’a dirigé longtemps Monsieur Mérindol, le Sgen, qui pourtant n’a pas brillé par ses critiques envers les gouvernements successifs depuis 2009) ont le 24 septembre rejeté toutes les propositions de Comue sur lesquelles ils devaient se prononcer ; pas plus enfin qu’il ne rappellera que les universités américaines ou anglaises que l’on nous cite en permanence comme exemples à imiter, par référence aux absurdes classements internationaux des universités, n’ont pour la plupart pas plus de 20 000 étudiants… Il serait long et fastidieux d’ajouter ici les remarques et les faits allant dans le même sens.

Que dire de tout cela sinon que la langue de bois et la dissimulation ne font pas une politique universitaire convaincante ? Et aussi que l’atmosphère raréfiée des hautes sphères de la nouvelle technocratie universitaire semble ne pas aider les hommes et les femmes qui nous dirigent à comprendre ce que sont les universités qu’ils prétendent diriger et les valeurs d’un service public d’enseignement supérieur ?

Jean-Louis FOURNEL Professeur à l’Université Paris 8