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Marseille : l’enseignement supérieur en pointe malgré la crise - Corinne Matias, la Provence, 9 octobre 2014

vendredi 10 octobre 2014, par Hélène

Le président de la plus grande université s’alarme de la baisse des crédits

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"Construire une culture commune entre enseignement supérieur et scolaire, c’est l’enjeu de cette académie", a souligné Ali Saïb. Hier matin, le recteur d’Aix-Marseille recevait tous les présidents d’université et directeurs d’institut pour la rentrée de l’enseignement supérieur et la recherche. L’occasion pour lui de citer "les décrocheurs qui sortent, chaque année, du système scolaire. Entre 15 et 29 ans, 150 000 se retrouvent sans emploi ni formation".

"Pour lutter contre les inégalités et permettre la réussite de tous", il met en avant la loi de programmation et d’orientation "qui a permis de sanctuariser 60 000 postes d’enseignants" et la loi sur l’enseignement supérieur et la recherche qui entre en vigueur cette année. Elle a abouti au rapprochement de cinq établissements (Aix-Marseille, Avignon, École Centrale, IEP et Toulon Université).

"On arrive à l’os !"

Le Pr Yvon Berland, président d’Aix-Marseille Université (AMU), s’est félicité de cette politique d’association. Il a aussi mis en avant un programme de pointe comme "la plateforme de recherche laser ultrarapide qui n’existe pas ailleurs en Europe et classe l’AMU au plus haut niveau". Aix-Marseille Université va lancer avant la fin de l’année, en partenariat La Provence, Marseille Capitale du don (de sang et d’organes), une vaste mobilisation citoyenne ; dans les projets, un colloque consacré à la Méditerranée en février et des avancées dans la prévention et la prise en charge médicale des étudiants.

Néanmoins, cette rentrée de l’enseignement supérieur et de la recherche était aussi entachée par les inquiétudes. Pas un président d’université ou directeur d’institut qui n’ait évoqué les difficultés de budget et le CPER (contrat de plan État-Région). "Les contraintes budgétaires drastiques sont préoccupantes, a souligné Yvon Berland, alors qu’on a payé la fusion des trois universités, Marseille I, II et III, 10 millions d’€. Le CPER qu’on nous annonce est catastrophique. On ne peut pas ne pas en parler. Quand on arrive à l’os, on n’a plus grand-chose."

Ali Saïb s’est voulu rassurant : "Le CPER n’est pas arrêté,son contenu n’est pas précisé. La part des collectivités peut être essentielle et faire évoluer les budgets vers le haut." Pour le recteur, il faut continuer à construire en mettant en avant notamment l’apprentissage avec la filière aéronautique et une 2e en cours, les relations clients. Il annonce aussi un projet d’agrosciences dans le Vaucluse, "un nouvel outil pour valoriser les filières pro et répondre aux enjeux de territoires". En 2013, plus de 25 500 lycéens ont obtenu leur bac dans notre académie ; 70 % d’entre eux ont intégré une formation supérieure. Le credo du recteur pour 2015 : "Accompagner l’excellence et aider les plus fragiles sur le chemin de la réussite."

"Diplômes privés" : l’IEP annonce un moratoire

"La rentrée avait bien commencé, ce qui s’est passé après a perturbé l’établissement", a déclaré, en préambule, Christian Duval. C’est un directeur de l’IEP (Institut d’études politiques) d’Aix embarrassé qui a répondu hier à la presse, à l’issue de la conférence sur la rentrée universitaire.

Il était venu parler de politique d’égalité des chances, du double diplôme franco-russe et franco-marocain, de l’excellent taux d’emploi à l’issue de la formation - "plus de 80 % dans les six mois qui suivent la sortie d’un étudiant de l’école, dont 30 % à l’international, un exploit dans un contexte difficile" - de la création d’une académie d’entreprise avec CMA-CGM... Mais c’est l’affaire des diplômes dispensés par des organismes privés portant l’estampille Sciences Po Aix, grâce à des partenariats signés depuis 2008 avec des organismes de formation privés aussi bien en France qu’à l’étranger qui a focalisé les questions.

Cette externalisation de la marque "Sciences Po Aix", qui agace les autres IEP, qui émettent des doutes sur la légalité de cette pratique de sous-traiter des diplômes nationaux, pourrait avoir des incidences sur le concours commun. Les IEP demandent donc des réponses d’Aix avant le 10 novembre, avant le salon des étudiants de Paris où ils vont communiquer sur le futur concours. "Je vais m’entretenir avec mes pairs, précise Christian Duval ; j’ai demandé un audit qui donnera tous les éclaircissements sur cette affaire, sur la portée des conventions, les problématiques juridiques... En attendant je préconise un moratoire sur ces formations. J’engagerai ma responsabilité devant le conseil d’administration en décembre."

"L’AMU a un regard sur ce qui est dispensé à l’IEP, on fera un audit sur son fonctionnement, mais l’IEP a son indépendance juridique", rappelle Yvon Berland, président d’Aix-Marseille Université. Même attention de la part du recteur, Ali Saïb : "Le rôle de l’État est d’accompagner les universités, pas d’avoir un oeil inquisiteur. On va suivre ce qui est fait, on sera présent."