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Etudiants, arrêtez de vous plaindre des personnels de l’université - Olivier Monod, l’Express, 19 juin 2015

samedi 20 juin 2015, par Mr Croche

Les étudiants ont-ils raison de se plaindre des personnels des universités ? Romain Pierronnet, doctorant en sciences de gestion à l’université Paris-Est, répond en décortiquant les résultats du baromètre EducPros 2015. Selon lui, le mal est systémique et invite à dépasser quelques idées reçues.

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L’engagement des personnels non enseignants des universités auprès des étudiants est-il soutenu ?

Les répondants au baromètre EducPros 2015 disent "non" pour 40%, "oui" pour 27% et "non concerné" pour 23%. Nous pouvons interpréter ce "non" de deux manières différentes. Soit les personnels n’ont pas les moyens de mettre en place des projets, ce qui est évoqué en partie dans les commentaires libres ; soit les personnels estiment leur engagement insuffisamment reconnu et soutenu par le management. Là encore, on retrouve cet engagement dans les commentaires libres puisque beaucoup disent repousser un congé, une formation, parfois même une promotion, pour pouvoir continuer à mener à bien un projet.

Dans le milieu étudiant, se plaindre des responsables administratifs est un poncif, pourquoi ?

56% des personnels interrogés disent qu’ils n’ont pas le temps de mener à bien toutes leurs missions. Finalement, tout le monde est d’accord sur le constat. Donc les étudiants se plaignent que les bureaux de la scolarité ne sont pas assez ouverts et les BIATSS (bibliothèque, ingénieurs, administratifs, techniciens, social, santé) se plaignent de ne pas avoir assez de temps pour tout faire.

Pourquoi cette incompréhension perdure-t-elle ?

L’université est le lieu de rencontre de plusieurs temporalités. Les enseignants-chercheurs et les étudiants travaillent 24 heures sur 24. Les personnels, eux, sont tenus à des horaires plus "postés", de bureau. Mais beaucoup ne comptent pas leurs heures et il m’arrive d’avoir des échanges par mail avec eux à 4 heures du matin.

L’université n’arrive pas à concilier ces différentes temporalités ?

Prenez l’exemple d’un service communication. En cette période d’inscription, il est soumis sur les réseaux sociaux à des questions relevant de la scolarité. Où en est mon dossier ? A qui dois-je m’adresser pour tel master ? Un établissement peut faire le choix de ne répondre qu’aux heures de bureau, mais, sur les réseaux, le culte de l’immédiateté règne. Après, ce choix dépend aussi du nombre de personnes dans le service et de son statut.

La multiplication des contrats courts change-t-elle quelque chose dans l’attitude des personnels ?

C’est une des questions de ma thèse. Ce qui est sûr, c’est que lors de l’entretien annuel que doivent passer tous les agents titulaires, l’enjeu est plutôt, par exemple, de savoir de quelle formation on a besoin. Pour un contractuel, pour qui ces entretiens ne sont pas obligatoires mais parfois néanmoins réalisés, l’enjeu est de savoir s’il va être renouvelé ou pas... L’approche est forcément différente.

Les responsables de l’enseignement supérieur sont-ils conscients de ce problème ?

Ils le deviennent. J’ai rencontré un directeur d’établissement qui a bien pris conscience que les secrétaires pédagogiques étaient la première image de l’université pour beaucoup d’étudiants. Elles jouent un rôle social important car elles écoutent les étudiants, leur donne l’emploi du temps qui structure leur quotidien, les aident dans leur dossier de bourse ou autre. Il a donc décidé de travailler avec elle en fonction de leur besoin de formation, à la prise de parole en anglais par exemple. Mais cette approche n’est pas encore généralisée.

Pour prolonger : à propos du baromètre 2015, en date du 6 juin
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