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Le très mauvais film de la rentrée : la Fusion-acquisition de Paris IV par Paris VI - Jean François Trans, 24 septembre 2016

jeudi 24 septembre 2015, par Tournesol, Pr.

Préparée dans une grande concertation de quatre personnes durant la dernière canicule estivale, la fusion de Paris IV et Paris VI a été totalement cachée aux personnels des deux établissements et a fait l’objet d’un plan com’ particulièrement verrouillé : les journaux nationaux devaient diffuser l’information le même jour, juste après que la lettre commune aux personnels de Paris IV et Paris VI fut envoyée (cf lettre aux personnels en pièce jointe). Le Monde diffusa l’information un peu avant que certains personnels de ces deux établissements ne soient informés de ce que l’on avait, sans eux, décidé pour eux. Ces personnels ont donc appris par la presse ce qu’on leur cachait en interne, et en particulier, à leurs représentants élus.

Les éléments de langage - on évite comme la peste de parler des conséquences de cette fusion sur les personnels BIATS, des conséquences sur les étudiants, de tous les rajouts de tuyaux entre ces deux usines à gaz, ainsi que des dysfonctionnements si visibles de la COMUE ...- sont :

- ce n’est pas une fusion c’est la création d’une nouvelle Université (plus c’est gros plus celà passe, celà devrait passer ...).

- les fusions réalisées à Strasbourg et Marseille n’ont pas été une réussite, mais nous, nous allons faire une bonne fusion comme à Bordeaux (sic !).

- les médecins seront encore plus autonomes dans cette nouvelle Université qu’auparavant (si, si ...).

- ce n’est pas pour convaincre le jury de l’Idex (Initiative d’excellence), devant lequel Sorbonne Universités devra repasser en 2016 (si,si ...)

Le bilan de la COMUE Sorbonne Universités sera effectivement difficile à vendre auprès du jury de l’Idex : il y a un peu plus d’un an, sur environ 180 millions du Grand Emprunt seuls 2 millions avaient réussi à être dépensés. Il était temps de faire un très gros contre-feu.

L’ UNEF s’est déjà prononcé catégoriquement « opposé à cette fusion, course au gigantisme au détriment de la proximité et de la réussite des étudiants », comme l’indique son président, William Martinet, qui pour souligner son propos, rappelle que l’UPMC se classe 71e sur 77 pour la réussite en licence, selon le classement du ministère.

Une communication maitrisée.

Moi président, il n’y aura pas de fusion de Paris VI avec Paris IV, Moi président, les établissements de Sorbonne Universités resteront indépendants, Mon ennemi c’est la fusion,

Dans les mois qui ont précédé, le président de Paris VI n’a eu de cesse, dans tous les conseils de l’UPMC, de justifier la COMUE Sorbonne-Universités en jurant qu’il n’y aurait pas de fusion des établissements constitutifs.

Pour mémoire, lors du CT de l’UPMC du 24 juin 2014, il avait été débattu des statuts de Sorbonne-Universités, M. CHAMBAZ précisait que les établissements de Sorbonne Universités sont indépendants. Les établissements de Sorbonne Universités exerceront des compétences en commun, sans entraver l’indépendance et la liberté d’action de chacun.

Un représentant FSU souligne que dans le document soumis au jury de l’IDEX il est question de trajectoire de constitution de l’université globale d’ici à 2016. Il constate que des promesses ont été faites devant le jury de l’IDEX et que le discours d’aujourd’hui semble totalement différent de celui de 2012. Il demande à M. CHAMBAZ s’il a dit la vérité au jury de l’IDEX ou s’il dit aujourd’hui la vérité devant le Comité Technique puisque ses deux discours sont contradictoires.

Cette dernière intervention n’apparait pas dans le projet de PV qui a été présenté pour approbation....

Que dire après un tel coup d’état universitaire ?

Peut-être, reprenant la formule de Vincent Badie, s’écrier « Vive la Démocratie et vive l’Université quand même !  ».

"Quant la chose disparait, on y met le mot" disait déjà Montherlant.