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Lettre ouverte sur l’avenir de l’Université Paris Diderot - Les élus de la liste Ensemble pour d’Autres Possibles, Université Paris Diderot, 14 mai 2016

dimanche 15 mai 2016, par Tournesol, Pr.

Lettre ouverte sur l’avenir de l’Université Paris Diderot, 14 mai 2016

Le 29 avril 2016, nous apprenions que le jury de l’Idex avait proposé au Premier ministre l’arrêt de l’Idex SPC (de même que celui de Toulouse), 18 mois de période probatoire pour Saclay, PSL et Sorbonne Université, enfin la pérennisation des intérêts des crédits Idex pour Aix-Marseille, Bordeaux et Strasbourg. Ces propositions ont été acceptées par le Premier ministre.

La fin de l’Idex est l’occasion de repenser, à plus long terme, l’avenir de Paris Diderot et, plus largement, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Gardons-nous de toute réaction hâtive. Posons les questions fondamentales, liées à nos missions premières de formation et de recherche. Pour l’heure, il n’existe pas de nouvelles lignes Idex dans les PIA suivants, et les stratégies conduites par les gouvernements à venir ne nous sont pas connues. Ce n’est donc pas en imposant des restructurations arbitraires, après coup, que nous élaborerons des solutions : il faut sortir des cadres contraints et penser plus librement notre futur. Prenons le temps de penser ce futur, ensemble.

Suite aux propositions de fusion des universités par le Président de SPC, nous apprenons ce jour que la Présidence de l’Université Paris Diderot soutient cette option, contrairement aux engagements de sa campagne. Sachant que notre volonté est de trouver la meilleure issue possible pour l’avenir de notre Université, nous tenons à affirmer d’emblée deux principes :

- Nous rappelons la primauté du temps universitaire sur le temps politique : la programmation des Idex destinés à restructurer l’ESR par la pression financière est un processus managérial calqué sur les modèles industriels, dont nous n’avons cessé de dénoncer le manque de pertinence, accru par les découpages arbitraires des regroupements notamment en région Île de France. Ce processus a aujourd’hui créé trois grandes universités en province fusionnées sur site ; et une fusion envisagée à Paris (Paris 4 Sorbonne et Paris 6 UPMC). Le projet de clarification de l’ESR français, avec 5 à 10 pôles d’excellence, se construira donc aussi avec des regroupements à géométrie variable, qui ne seront pas des fusions. Un diagnostic global et partagé doit être aujourd’hui posé.

- Nous rappelons notre opposition frontale au projet de fusion des universités au sein de SPC : les universités n’y sont pas complémentaires, car les mêmes disciplines y sont présentes, notamment les grands secteurs médecine, santé (P5, P7, P13) et les lettres, sciences humaines et sociales (P3, P5, P7, P13), ce qui conduirait à d’énormes pôles sectoriels, dysfonctionnels et ingérables. Du point de vue de la recherche comme de la formation de proximité que nous souhaitons continuer de promouvoir pour former les générations futures, le gigantisme créerait forcément des effets pervers dans un système qui reste, jusqu’à nouvel ordre, public. Les très grandes universités américaines ou canadiennes données en exemple ne sont pas des modèles fonctionnels pour nous dans la mesure où elles s’inscrivent dans un système différent du nôtre. La fusion, enfin, entraînerait probablement la dislocation de l’université Paris Diderot, une partie des sciences exactes, marginalisée dans le nouvel ensemble, rejoignant d’autres regroupements d’Île de France (Sorbonne Universités avec UPMC, et Paris Saclay).

Nous appelons donc à une réflexion impliquant l’ensemble des personnels et à un débat démocratique au sein des UFR et des organismes de recherche en lien avec les conseils centraux et la Présidence, sur ce que doit être l’université au XXIe siècle, notamment la nôtre, mais aussi les regroupements, à l’horizon de cinq, dix, voire vingt ans. Cette réflexion pourrait aboutir à d’importantes reconfigurations en Île de France. La mise en place graduelle d’un réseau universitaire Paris Île de France aurait l’immense avantage d’instaurer une politique régionale cohérente.

Comme nous l’avons rappelé à de nombreuses reprises, aucune solution ne sera efficace sans l’adhésion de la communauté universitaire. Il nous faut donc sortir du régime de crise et d’urgence permanente. De nombreuses pistes concrètes sont à explorer : comment concilier formation des élites et formation du plus grand nombre ? Comment financer une recherche de très haut niveau, inscrite dans la durée, en dehors de la course frénétique aux appels à projet ? Comment rapprocher les Universités et les Écoles en préservant les atouts de chacun ? La liste est encore longue, mais ces questions ne peuvent être éludées.

Les élus de la liste Ensemble pour d’Autres Possibles, Université Paris Diderot