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Disparition annoncée de la musicologie à l’université de Besançon ? Une paille ! (19 novembre 2016)

samedi 19 novembre 2016, par Mam’zelle SLU

Les enseignants-chercheurs de langues de l’université de Franche-Comté viennent de découvrir la nouvelle offre de formation prévue pour la rentrée 2017.

Un module entier de méthodologie en L1 est supprimé et, surtout, la durée des semestres devient à géométrie variable : 10 semaines en L1, 11 semaines en L2, 12 semaines en L3.

Ces pertes horaires sont censément compensées par des "projets tuteurés" en L3 qui permettent d’atteindre les 1500h étudiants sans générer de surcoût puisque les heures d’encadrement sont dérisoires : pour un projet compté 100h par étudiant de L3, 12hTD sont prévus pour l’enseignant encadrant l’ensemble de la promotion de L3.

En outre, plusieurs formations n’ouvriront pas en septembre 2017 : la licence de Musicologie, la Licence LLCE italien, les parcours anglais / russe et anglais / TAL (Traitement Automatique des Langues). La licence LLCE allemand est sur un strapontin.

Ci-dessous, un état des lieux de la licence de musicologie au moment où l’information de sa disparition est arrivée aux enseignants-chercheurs concernés.

Il y a 2 ans, la musicologie bisontine comprenait 3 titulaires. Fin 2015, le 2e enseignant-chercheur a obtenu sa mutation pour St Etienne. L’UFC (université de Franche-Comté) devait remettre un poste au mouvement, mais entre-temps, un enseignant de lettres absent depuis 15 ans a décidé de revenir. De ce fait, sans support existant, il a fallu en trouver un. Celui de la musicologie était tout désigné pour le président de l’université qui, de toute façon, préfère les sciences dures. Il n’y a donc pas eu de poste en musicologie en 2016. La présidence s’était engagée à le rendre cette année.

Après de multiples réunions, la situation se transforme comme suit : non seulement le poste ne sera pas attribué, mais la section même de musicologie risque de disparaître !

Bien entendu, ce sont les étudiants bisontins qui, les premiers, vont payer les pots cassés. En effet, telles que les choses étaient organisées pour la rentrée 2017, l’enseignement généraliste de musicologie devait se poursuivre, avec, en plus, une licence pré-pro mise en place avec le Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR) du Grand Besançon dans les nouvelles maquettes. Une telle licence implique une continuité avec les classes musicales (TMD) avec, comme objectif, que ces instrumentistes complètent leur formation à l’université tout en ayant le temps de travailler leur instrument à haut niveau. Ce public qui déserte d’ordinaire l’université au profit d’étudiants au profil plus généraliste, se voyait donc ouvrir une porte jusqu’alors plutôt fermée. La mutualisation de certains cours universitaires aurait vraisemblablement créé une émulation et une synergie nouvelles. Il serait d’ailleurs encore possible que la musicologie élargisse cette action avec l’ESM (Ecole Supérieure de Musique) sachant que le CRR de Besançon serait encore notre principal partenaire avec des écoles de musique de Montbéliard. Le Directeur, Bernard Descôtes, a donné un accord de principe, sous réserve des décisions politiques locales.

Il pourrait donc y avoir 3 parcours différents dans notre licence bisontine de musicologie. C’est tout ce travail qui est brutalement détruit par l’annonce de la fermeture de cette licence.

Pour justifier la suppression de la musicologie qui ne comporte actuellement qu’une licence à l’UFC , l’argument de la présidence se fonde sur nos effectifs très faibles, surtout en L3 (9 étudiants). Elle ne prend pas en compte la trentaine d’étudiants de cette année (L1) à laquelle devraient s’ajouter les étudiants du CRR l’an prochain et les années suivantes. L’argument quantitatif ne pourrait pas tenir longtemps si nous avions l’opportunité et le temps de nous développer.

Un autre élément aurait pu être pris en compte, le positionnement de l’Université de Franche-Comté par rapport à l’Université de Bourgogne : si le master 1 de l’UB n’ouvre pas en 2017, faute d’inscrits, les 70 étudiants de 1ère année de cette même université auxquels viendraient se joindre les 30 de Besançon, impliqueraient… un dédoublement, faute de locaux adaptés ! Dans ce cas, pourquoi ne pas rester chacun chez soi ? Et rêvons un peu, si l’UFC avait un jour un master, le profil serait, comme la licence, de toute façon différent de celui de Dijon, puisqu’il s’agit de développer les liens entre « l’Interprétation, la musique et les Arts » alors que Dijon se concentre sur l’interprétation d’un point de vue cognitif.

Au total : la licence de musicologie à l’université de Franceh Comté a construit des synergies avec la ville de Besançon (un partenariat était envisagé avec l’orchestre Victor Hugo…) et ses institutions. Elle tient à renforcer sa visibilité avec des partenariats solides, notamment avec le département Arts du spectacle dirigé par Guy Freixe, de même que les collègues de lettres dont Pascal Lecroart, bien connu dans notre milieu.

Les enseignants de l’UFC ont publié une une pétition.