Accueil > Revue de presse > Université : la plateforme Parcoursup ouvre mais les interrogations (...)

Université : la plateforme Parcoursup ouvre mais les interrogations demeurent - Faïza Zerouala, Mediapart, 16 janvier 2018

mardi 16 janvier 2018, par Mademoiselle de Scudéry

Parcoursup, la plateforme d’orientation vers les études supérieures, qui succède au très décrié système d’admission post-bac, APB, entre en vigueur ce 15 janvier. Les interrogations soulevées par une réforme menée à une vitesse météorique restent fortes.

À lire ici dans Mediapart (abonnés)

Le gouvernement n’a pas droit à l’erreur, tant l’enjeu de l’orientation des bacheliers est devenu crucial. 800 000 lycéens de Terminale ou d’étudiants en réorientation vont pouvoir utiliser la nouvelle plateforme d’orientation, mise en place à la suite de la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur. La plateforme Parcoursup, qui succède au décrié APB, ouvre ses portes le 15 janvier ; mais les élèves ne pourront y saisir leurs vœux qu’à partir du 22 janvier. Ils disposent donc d’une semaine pour se familiariser avec le nouvel outil. À consulter la plateforme, il est évident que le ministère a mis l’accent sur l’information. Trois tutoriels animés ont été, par exemple, mis en ligne pour expliquer de manière didactique le déroulé de la procédure en utilisant les codes de communication des adolescents.

Officiellement, la sélection, terme ô combien tabou, n’est pas instaurée par ce nouveau dispositif. Le gouvernement et en particulier Frédérique Vidal, la ministre chargée de l’enseignement supérieur, n’ont eu de cesse de répéter qu’il ne s’agissait pas d’opérer un tri ni d’empêcher les étudiants de poursuivre les études souhaitées comme c’est le cas à l’heure actuelle. Il s’agit, à l’en croire, d’instaurer plus de cohérence dans le choix des filières et d’éviter les erreurs de parcours pour juguler l’échec en première année de licence. Gilles Roussel, président de la Conférence des présidents d’université (CPU), partage cet avis et considère qu’il faut plutôt parler d’une « optimisation du système ».

Dans les faits, tout dans ces nouvelles dispositions a le goût, l’apparence et les effets d’une entrée sélective. Personne ne conteste que le système antérieur méritait corrections et ajustements. Il était imparfait. Mais la propension de l’exécutif à justifier sa réforme par des situations dramatiques exagérées, voire fantasmées, démontre à quel point il fallait justifier de bouleverser toute une organisation. En un temps concentré de surcroît, avec un moment de concertation météorique eu égard à l’importance des enjeux et du bouleversement ainsi induit.

Tout l’été 2017, le gouvernement a parlé du naufrage du recours au tirage au sort, générateur d’évidentes frustrations, n’hésitant pas à dramatiser des situations certes très dommageables et anxiogènes, mais minoritaires, même si elles sont en progression.

L’algorithme d’APB qui présidait aux destinées estudiantines a été vilipendé de toutes parts. Même si plusieurs spécialistes ont expliqué qu’un logiciel ne pouvait pas être comptable d’erreurs politiques. L’exécutif a aussi souvent fait référence à ce fameux étudiant titulaire d’un bac professionnel qui désirerait ardemment s’inscrire en première année de philosophie ou de psychologie. Il y a aussi pléthore de rappels du taux d’échec de 60 %, alors que rien ne permet de savoir exactement ce que deviennent les étudiants qui abandonnent. Certains intègrent d’autres filières, changent de projet professionnel, bref ne sont pas forcément coincés dans une impasse. D’autant plus que les universités ne possèdent pas de statistiques sur le devenir de leurs élèves.

Lire la suite… et les commentaires