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« La recherche ne peut s’inscrire dans une logique de compétition individuelle » - par un collectif de chercheurs - Libération, 20 janvier 2020

lundi 20 janvier 2020, par Elie

Plus de 500 chercheurs défendent la vision d’une recherche publique attachée au collectif, à l’encontre des propos du président-directeur général du CNRS et de l’esprit de la future loi de programmation pluriannuelle.

Monsieur le PDG du CNRS,

Suite à l’indignation provoquée par vos propos invoquant « une loi inégalitaire et darwinienne », vous avez publié une tribune dans le Monde du 18 décembre pour apaiser les esprits. Les réponses que vous y apportez sont, dans leur majorité, tellement en phase avec les idées que nous défendons et l’attente de tant de collègues depuis tant d’années, que nous avons souhaité, par cette lettre, témoigner notre soutien à l’essentiel des positions que vous y exprimez, au moment où la loi de programmation pluriannuelle de la recherche va bientôt être votée.

Monsieur Antoine Petit, puisque vous êtes tant « attaché à la force du collectif » et que le darwinisme social est « tellement éloigné de vos valeurs personnelles », nous comptons désormais sur vous pour être en tête du combat contre une loi qui aurait pour principe la reconnaissance de « bons » et de « mauvais chercheurs » en demandant à ces derniers « d’en tirer les conséquences ». Comme vous avez dû serrer les dents lorsque vous avez entendu le président de la République prononcer ces paroles ! Car comme nous, vous savez que la recherche ne peut s’inscrire dans une logique de compétition individuelle. Et vous connaissez très bien les conséquences morales et éthiques désastreuses d’une telle logique tout comme son impact psychologique dévastateur, comme vous l’ont rappelé les Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail du CNRS.

Vous voulez que notre communauté scientifique puisse « participer à la résolution des grands défis qui se posent à la planète comme le réchauffement climatique, la transition énergétique, la préservation de la biodiversité, l’amélioration de la santé humaine […]. » Nous souscrivons pleinement à cette volonté. Il faut repenser notre monde et la communauté scientifique, composée de personnes qui sont aussi des citoyens, doit être un fer de lance de cette ambition. Nous rejoignons totalement les collègues demandant que, dans les missions du CNRS, on remplace le « progrès économique » par le « progrès environnemental et social ». Si vous êtes cohérent avec vos ambitions, vous ne pouvez qu’adhérer à ce changement de paradigme.

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