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Formation des maîtres : Nicolas Sarkozy n’envisage que des modifications à la marge - Maryline Baumard, Le Monde, 20 janvier 2011

vendredi 21 janvier 2011

Si Nicolas Sarkozy avait lu le discours qu’il avait préparé à destination des acteurs de la connaissance, plutôt que d’en improviser un, le monde syndical bruisserait moins depuis deux jours. Si le texte qu’il avait mûri avec ses conseillers n’avait pas laissé place, mercredi 19 janvier, à une improvisation, main gauche dans la poche, l’idée que la formation des maîtres pourrait être revue et corrigée, ne circulerait sans doute pas dans le landernau éducatif.

"Je pense qu’il faut que nous remettions sur le chantier certains éléments de formation. Passer des instituts de formation des maîtres à l’université, passer d’un niveau licence à master ne suffit pas. Il y a toute la question de la formation pratique. Je pense qu’il ne faut pas avoir peur de reconnaître qu’il faut améliorer notre système", a lancé le chef de l’Etat devant un parterre réuni dans le froid du Grand Palais.

L’information est arrivée aux oreilles des syndicats d’enseignants, dont la plupart avaient boudé la cérémonie, compte tenu du nombre de postes qui vont encore disparaître à la rentrée 2011. Leur interprétation a été sans appel : le président de la République reconnaissait par cette phrase "l’échec de la masterisation", et notamment de son volet "professionnalisation"... En clair, il allait en finir avec cette réforme qui a envoyé à la rentrée devant les élèves 16 000 enseignants juste reçus au concours et qui, parfois, n’avaient jamais vu un élève. Une situation parfois difficile à gérer pour nombre d’entre eux.

FAUX ESPOIR

La nouvelle a suscité un large espoir dans le monde syndical, qui se bat pour que le dossier soit rouvert et non amélioré à la marge. "Le président de la République vient de reconnaître implicitement l’échec de la masterisation Darcos", a précisé le soir même Sébastien Sirh, le secrétaire général du SNU-ipp.

Mais ce n’était là qu’un faux espoir. De marche arrière, il n’y aura pas. Cela ne fait pas partie des projets de l’Elysée. En fait, le président souhaitait surtout que Valérie Pécresse, la ministre de l’enseignement supérieur, et Luc Chatel, le ministre de l’éducation nationale, discutent avec les présidents des universités de l’intérêt d’ouvrir des masters polyvalents ou de masters en alternance.

Les premiers permettant aux étudiants de mettre un pied dans la classe avant de se retrouver seuls en poste. Les seconds, d’améliorer une formation des maîtres du premier degré qui arrivent dans les classes mieux formés dans les disciplines littéraires que dans les disciplines scientifiques.

Si Nicolas Sarkozy avait lu le texte écrit par ses conseillers, il se serait adressé un peu plus largement au public universitaire un peu oublié dans le discours prononcé. Il était aussi prévu que le chef de l’Etat détaille tous les "cadeaux financiers" faits aux enseignants depuis 2007, du partage des heures supplémentaires aux primes diverses, et qu’il insiste une nouvelle fois sur la maîtrise des fondamentaux ou présente quelques lignes de réflexion sur le collège. Des sujets qui reviendront immanquablement sur le devant de la scène un autre jour.


Voir en ligne : Le Monde