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"Je demande à mon cher recteur d’écorner sa prime"..., C’est classe, V. Soulé, 31 janvier 2011

mardi 1er février 2011

Economie oblige, Patrick Olivier, directeur d’école, n’aura plus de secrétaire à la rentrée 2011. Il sera alors seul à gérer un établissement de 378 élèves, du CP au CM2. "Ce qui veut dire faire le concierge, l’infirmier, le conseiller d’orientation, le gestionnaire, l’agent administratif, et s’il me reste un peu de temps, j’ai le droit de m’occuper de la réussite scolaire des enfants qui me sont confiés et des enseignants qui vont avec".

Patrick Olivier est le directeur de l’école de Bras Creux, sise impasse des pétunias, au Tampon, une ville de 70 000 habitants au sud de la Réunion. Deux jours avant les vacances de Noel, il a appris que sa secrétaire ne serait pas reconduite. Pour participer à l’effort national d’allègement de la dette publique.

Pour protester, des parents d’élèves ont décidé d’occuper l’inspection à partir du 3 février. Et Patrick Olivier nous a fait parvenir son témoignage, un brin désabusé mais plein d’humour.

"Je suis directeur d’école au Tampon, charmante bourgade de l’ile de la Réunion. Deux jours avant les vacances de Noel, notre cher recteur a annoncé qu’à partir de la rentrée, je devrais me passer des services de ma secrétaire."

En contrat aidé depuis deux ans - un CAE (contrat d’accompagnement dans l’emploi) désormais remplacé par les CUI (contrats uniques d’insertion) - , la secrétaire travaille 24 heures par semaine. Avec un programme plutôt chargé, selon le directeur :

- Gestion du téléphone aux parents : enfants malades, alerte pluie ou cyclone
- Gestion du courrier electronique
- Réception et gestion des enfants malades en mon absence pour réunions ou problème avec la mairie à régler
- Réception et contrôle des fournisseurs

"Je demande à mon cher recteur, poursuit P. Olivier, d’écorner la prime que va lui valoir sa bonne Ecole de bras creux au tampon, la réunion (janv 2011, P. Olivier) mise en oeuvre de la politique de mon cher ministre et de me payer un costume de superman (15,50 euros chez le chinois qui tient boutique en face de la mairie)."

Le directeur d’école fait ici allusion à la prime très contestée des recteurs, créée en novembre dernier. Avec une part variable fonction de leur "manière de servir et des objectifs atteints", elle peut atteindre cette année 22 000 euros pour les "meilleurs éléments", et remplace un système indemnitaire nettement moins généreux.

"J’ai la chance d’être entouré de collègues pleins de bonne volonté, de parents impliqués dans la bonne marche de lécole, enchaîne P. Olivier. Mais là, la coupe est pleine. Jeudi 3 février, les parents ont décidé de bloquer l’inspection départementale car pour eux, la sécurité de leurs enfants n’est plus assurée."

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