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Budget de l’enseignement supérieur et de la recherche : la réalité qui dérange - Valérie Pécresse, Le Monde, 24 février 2011

jeudi 24 février 2011

Nicolas Sarkozy s’était engagé à redonner aux scientifiques français les moyens de lutter à armes égales avec leurs homologues du monde entier. Quatre ans après, chacun peut le constater, cet engagement est tenu, avec des hausses de budget qui atteignent 22 % pour les universités, 21 % pour l’Inserm ou bien encore 14 % pour le CNRS. En cinq années à peine, l’université et la recherche françaises auront rattrapé leur retard avec 9 milliards d’euros supplémentaires.

Après des décennies de sous-investissement et d’indifférence, cet effort budgétaire sans précédent marque donc le grand retour de la France dans la bataille mondiale de l’intelligence. Cette priorité absolue donnée à l’enseignement et à la recherche ne fait pas la moindre doute et c’est sans doute cette réalité qui dérange tant aujourd’hui : car ce gouvernement est à l’évidence le seul, dans notre histoire récente, à avoir eu l’audace de répondre à la crise en investissant 22 milliards d’euros dans la science et l’innovation.

Le plan d’investissements d’avenir est en effet le signe de notre confiance retrouvée dans notre enseignement supérieur et à notre recherche. Pour doper notre croissance et créer les emplois de demain, nous avons fait le pari de donner à nos scientifiques les moyens d’aller jusqu’au bout de leurs rêves et de leurs ambitions. Nos chercheurs et enseignants-chercheurs l’ont parfaitement compris, eux qui se sont mobilisés comme jamais en élaborant plus de 750 projets en quelques mois à peine, des projets dont la qualité et l’originalité ont été unanimement salués par les jurys internationaux.

Dès 2011, ce sont donc 3,6 milliards d’euros qui permettront aux équipes retenues de lancer partout en France les premiers projets financés grâce aux investissements d’avenir. A Lille et à Brest, nos scientifiques approfondiront notre connaissance des changements climatiques en mettant en œuvre de nouvelles méthodes d’analyses de l’océan et de l’atmosphère ; à Caen, ils testeront une nouvelle méthode de lutte contre le cancer, l’hadronthérapie ; à Bordeaux, ils renforceront encore notre avance en matière de lasers de puissance ; à Lyon et à Saint-Etienne, ils exploreront les mécanismes de vieillissement des cellules ; à Paris, ils pourront analyser le fonctionnement de l’économie européenne sans avoir à passer par des bases de données américaines.

Derrière les chiffres, il y a donc des réalités tangibles, car ces moyens considérables sont en train de transformer de l’intérieur nos établissements et nos laboratoires. Nos campus en sont la meilleure preuve. Aux yeux des étudiants et des scientifiques, ils étaient devenus le symbole d’une université française en perte de vitesse. Dès cette année, 51 chantiers vont démarrer un peu partout dans notre pays, grâce aux 270 millions d’euros d’intérêt de la dotation de 5 milliards consacrée à l’opération campus. 2011 sera l’année où se poseront les premières pierres des 12 campus du XXIe siècle qui rivaliseront avec les plus grands établissements du monde.

A l’image de ce qui a été fait en dix-huit mois pour l’université Paris-Diderot sur la ZAC de la rive gauche, le recours aux partenariats public-privé accélèrera le rythme des travaux et permettra d’entretenir dans de bonnes conditions les nouveaux bâtiments et équipements universitaires. Nous éviterons ainsi de reproduire les erreurs du passé, quand chaque plan de construction public se soldait par des retards considérables et par des infrastructures qui vieillissaient en quelques années à peine faute de maintenance. A nos universités devenues autonomes, nous allons enfin offrir un écrin digne d’elles.

PLUS DE CROISSANCE ET PLUS D’EMPLOIS

Ce formidable renouveau de la science et l’université françaises trouve son juste prolongement dans la montée en puissance de la culture de l’innovation dans notre pays. Grâce au triplement du crédit impôt recherche, nous avons fait plus que conjurer le risque de délocalisation de nos centres de recherche et développement à l’étranger, nous avons inversé le processus, en attirant à nouveau en France les entreprises étrangères : en 2009, en pleine crise, elles sont 51 à avoir choisi notre pays pour implanter leurs équipes de R&D.

Quant à notre recherche publique, elle s’engage à présent sans complexe sur le chemin de l’innovation, en valorisant les résultats de ses travaux : en une année à peine, les brevets publics déposés ont augmenté de 35 % et ils donnent bien souvent lieu d’emblée à un partenariat avec le monde économique, avec à la clef plus de croissance et plus d’emplois. Le temps où sur les batteries électriques, les scientifiques français réussissaient des percées fondamentales dont les fruits étaient tirés par d’autres nations est donc bel et bien révolu.

A mille lieues du déclinisme et du fatalisme ambiants, notre pays fait depuis quatre ans le pari de l’intelligence, en donnant à notre université et à notre recherche les moyens d’exprimer tout leur potentiel. Grâce à la mobilisation de nos scientifiques, qui sont déterminés à saisir cette occasion historique, la science française retrouve sa fierté et son rang. Plutôt que s’engager dans de vaines polémiques, mieux vaudrait que l’ensemble de la nation dise enfin toute sa reconnaissance aux hommes et aux femmes qui, dans nos laboratoires et nos amphithéâtres, œuvrent chaque jour pour faire briller la France et nous offrir un avenir meilleur.


Voir en ligne : http://www.lemonde.fr/idees/article...