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Pierre Force (doyen des humanités à Columbia) : "Malgré les discours alarmistes, l’importance intellectuelle du français aux Etats-Unis reste forte" - Educpros, 9 mai 2011

lundi 16 mai 2011

Pierre Force est l’une des grandes figures de Columbia University, à New-York. Ce Français sera, à partir du 1er juillet 2011, le futur directeur ("dean") du département des humanités à la faculté des arts et sciences. Ancien élève de l’ENS Ulm, Pierre Force vit aux Etats-Unis depuis 27 ans, et enseigne l’histoire et la philosophie à Columbia depuis 1987. A l’heure où certaines universités remettent en cause la place du français, il évoque pour Educpros la place de cette langue aux Etats-Unis, et plus largement, de la recherche française.


Quelle place occupe l’enseignement du français à Columbia ?

A Columbia, tous les étudiants du bachelor (les 4 premières années) étudient une langue étrangère pendant au moins 4 semestres. Selon les années, entre 15 et 20% choisissent le français : c’est le 2ème choix derrière l’espagnol, qui rassemble 30% des étudiants. Ensuite, certains décident en plus d’étudier la littérature et la civilisation francophone, en tant que « mineure » ou « majeure ». Outre l’histoire et la culture française, l’intérêt pour cette langue est de plus en plus lié à un attrait croissant pour le monde francophone : les Antilles, l’Afrique, le Maghreb.

L’étude du français vous semble-t-elle menacée aux Etats-Unis ?

Je ne crois pas. Malgré les discours alarmistes, l’importance intellectuelle et culturelle du français reste importante, et cette langue continue d’avoir, ici, un statut particulier. Si en proportion, les étudiants américains qui choisissent le français sont moins nombreux - dans les année 60, la moité optaient pour cette langue - en valeur absolue, ce nombre est resté à peu près stable.

Aujourd’hui, certaines universités d’Etat, soumises à des pressions budgétaires très fortes, sont tentées de réduire les programmes qui comptent moins d’étudiants, et à ce titre le français peut être touché. Mais il s’agit davantage d’une logique budgétaire que d’une idéologie.

L’idée que certaines langues ont une importance géopolitique plus forte que d’autres me semble une vision très cyclique et court-termiste. Et puis, les "bachelors of arts" aux Etats-Unis ne sont pas dans une logique d’adéquation directe aux besoins des entreprises, et c’est une bonne chose. Ce qui n’empêche que nos diplômés peuvent très bien, avec un diplôme en sciences humaines, travailler chez Goldman Sachs.

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