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A Paris, lycéens et professeurs défilent « pour de vraies écoles », Libération, 16 février 2010

mardi 16 février 2010

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REPORTAGE
Ils manifestaient ce mardi contre les suppressions de postes de l’Education nationale.

Les professeurs et les lycéens restent mobilisés dans l’académie de Créteil. Ils étaient 1500 selon les syndicats, 1000 selon la police, autant que lors de la manifestation de jeudi dernier. Ils sont venus à l’appel des syndicats – notamment la CGT Educ’ et le Snes-FSU – afin de dénoncer les manques de poste et les dégradations des conditions de travail dans l’éducation.

En tête de cortège, les professeurs font du bruit : armés de baguettes, ils frappent sur des boites de conserves ou des tuyaux transformés en tambour pour l’occasion. D’autres chantent, ils veulent « de vraies écoles et des moyens. »

Elsa Bourret, conseillère principale d’éducation (CPE), est venue pour plusieurs raisons : « On demande davantage de moyens humains : des assistants d’éducation, des professeurs. La vidéo surveillance ce n’est pas une solution : les élèves ont besoin d’encadrement, surtout dans des établissements qui accueillent des populations défavorisées. » Elle dénonce aussi la réforme de mastérisation : « Des professeurs qui viennent tout juste d’avoir le concours vont se retrouver devant des classes sans être formés. »

Plus loin, le cortège est animé par des lycéens. « Nous ne sommes pas d’accord avec la politique du gouvernement : il y a des suppressions d’options, des classes surchargées et cela se traduit par des situations de violence dans l’académie de Créteil. Nous réclamons aussi des moyens pour les élèves, plus de profs », résume Anne Pernet du bureau national de l’UNL (Union nationale des lycéens) tout en distribuant des tracts sur la votation lycéenne. Plusieurs organisations, comme l’UNL, ont appelé hier les élèves à « s’exprimer sur leur vision de l’éducation » en répondant jusqu’à fin mars à trois questions-accusations.

« Confrontés aux mêmes difficultés »
Le cortège ressemble à un défilé de banderoles, représentant tous les établissements mobilisés. Et ils sont beaucoup. Le mouvement, médiatisé après l’agression d’un élève au lycée Adolphe-Chérioux dans le Val-de-Marne, a débuté au lycée Henri Wallon, d’Aubervilliers. Et touche depuis toute l’académie de Créteil. Des lycées de l’Essonne et des Yvelines, des écoles primaires de Seine-Saint-Denis ont aussi rejoint le cortège aujourd’hui. « On se rend compte qu’on est confronté aux mêmes problèmes, nous sommes d’accord sur le fond : la nécessité d’avoir des postes et le refus de la précarité », explique Georges Vartaniantz, prof à Aubervillers.

Une pancarte autour du cou, où est inscrit « Ils veulent la mort de l’école », Andy, un de ses collègues, prof de français : « On est dans la rue à cause des suppressions de poste, la réforme de la masterisation et des lycées qui rendent nos conditions de travail plus précaires. Je n’ai pas peur quand je vais travailler mais je voudrais le faire sereinement, avec des moyens constants et pas me bagarrer chaque année pour garder ce qu’on a. »

Une dizaine de professeurs du lycée Cassin, de Noisel en Seine-et-Marne, sont repérables par la blouse bleue qu’ils ont sur le dos : « On est inquiet de l’avenir de la filière technique STI (sciences techniques des industries) qui est compromise dans la réforme des lycées. Il y aura moins de choix dans les options. On supprime les spécialités technologiques, regrette Céline, l’une des professeurs du lycée. Certains de nos élèves n’auront pas le niveau dans les filières générales et vont se retrouver dans des filières professionnelles. »

En fin d’après-midi, plusieurs des professeurs doivent se retrouver pour discuter des suites à donner au mouvement et préparer la nouvelle manifestation de jeudi.