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Formation des enseignants : les mystères de la mastérisation (10) La double arrivée ou comment créer « trop » de postes alors qu’on fait tout pour en supprimer - L. Cédelle, blog Interro Ecrite, 10 juin 2010

vendredi 11 juin 2010

Dans la mise en application à la rentrée de septembre 2010 des dispositions de sa réforme de la formation des enseignants, qui suppose notamment de recourir à d’importantes possibilités de remplacement, le gouvernement dispose, au moins dans le premier degré, d’un atout. C’est un point positif au milieu d’une foule d’obstacles, mais c’est en même temps un élément de plus à verser au dossier d’une réforme décidément riche en modalités baroques.

6 à 8000 professeurs des écoles en « surnombre »

La prochaine rentrée présente une particularité éminemment paradoxale, liée à la mise en œuvre de cette réforme : bien que celle-ci permette au gouvernement d’économiser 16 000 postes de fonctionnaires stagiaires en IUFM, elle aboutit dans l’immédiat à créer un « surnombre » d’enseignants dans le premier degré. Selon les estimations, ce surnombre serait de 6 000 à 8000 professeurs des écoles. Syndicats ou ministère, personne ne le dissimule, mais personne ne s’en vante non plus.

Les syndicats parce qu’il est délicat pour eux de manier une information s’inscrivant concrètement à contre-courant de la politique gouvernementale de réduction des postes d’enseignants. Difficile de lancer simultanément deux messages contradictoires, même s’ils seraient en fait complémentaires et portant sur des périodes différentes : un « non à l’austérité » pour la période 2011-2013 et une sorte de « oui au surnombre » pour l’année scolaire 2010-2011.

« Un peu de bonheur… »

Sans oublier que la notion de « surnombre », qui s’applique au dépassement du « plafond d’emploi » fixé selon les règles de la LOLF (loi organique relative aux lois de finance), est difficilement recevable pour les syndicats. Ces derniers ont toujours réclamé l’application dans le premier degré du principe « plus de maîtres que de classes ». « Pour les collègues, c’est un bonus, et c’est même un peu de bonheur dans une période par ailleurs plutôt dure », souligne un syndicaliste.

C’est pour les mêmes raisons - l’apparente contradiction avec sa propre politique et la difficulté à l’expliquer - que le ministère de l’éducation s’est soigneusement abstenu de communiquer sur ce surnombre. Celui-ci s’explique par une double arrivée de nouveaux professeurs : ceux qui, dans le cadre de l’ancien système ont passé le concours en 2009 et finissent actuellement leur année d’alternance en IUFM et ceux qui, dans le nouveau système, viennent de passer leur concours 2010 et seront directement affectés à un poste.

Dans le premier degré, cet afflux de nouveaux professeurs permettra à la fois de les placer dans des classes aux côtés de maîtres expérimentés et de leur faire effectuer de remplacements en réalisant ainsi dans des conditions relativement confortables « l’accompagnement » promis par la réforme.

Mais ce confort n’était pas voulu : pour éviter cet afflux, le gouvernement avait même un temps envisagé de faire de 2010 une « année blanche », sans postes mis aux concours. Il a dû renoncer sous la pression du mouvement universitaire de 2009 car le résultat eût été à coup sûr de « mettre le feu aux facs » en élargissant la part étudiante de la mobilisation.

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