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Appel de la Société des Hispanistes Français (17 janvier 2009)

mardi 20 janvier 2009, par Elie

APPEL DE LA SOCIÉTÉ DES HISPANISTES FRANÇAIS

Les réformes en cours dans l’enseignement supérieur, engagées sans qu’ait été pris le temps de la réflexion et sans véritable concertation, suscitent des inquiétudes et une exaspération croissantes au sein de l’hispanisme français. Celles-ci ne sont pas apaisées par les récentes déclarations des ministères de tutelle (cf. communiqué de presse du 15 janvier 2009).

1. Leurs inquiétudes se portent d’une part sur la formation des enseignants et sur les nouvelles modalités de leur recrutement.

Le cadre du master ne permet pas d’assurer simultanément une formation disciplinaire de qualité, une véritable initiation à la recherche ainsi qu’une formation professionnelle suffisante.

La part des contenus disciplinaires est dangereusement réduite par celle qu’occupent en M2 le stage en observation (deux à trois semaines) et le stage en responsabilité (une centaine d’heures), comme cela a été précisé dans le communiqué du 15 janvier. Elle l’est aussi par la nature des épreuves du CAPES dont une épreuve disciplinaire a été remplacée par un entretien sur la connaissance du système éducatif (coefficient 3 sur un total de 10).

L’importance que prend, dans les nouveaux masters, la formation professionnelle antérieure au concours exclut en M2 la réalisation d’un véritable mémoire de recherche, pourtant recommandé par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche pour la préparation de l’agrégation (cf. circulaire du 17 octobre). Celle-ci est irréalisable dans un tel cadre. La place minime laissée à la recherche en M2 menace aussi la constitution d’un vivier de futurs doctorants. Dans ces conditions, les équipes de recherche ne peuvent cautionner de tels masters.

C’est pourquoi les hispanistes français signataires de cet appel demandent le maintien du CAPES sous sa forme actuelle pour la session 2010 et tant que n’aura pas été menée une véritable réflexion concertée sur ces questions essentielles pour l’avenir de leur discipline.

2. Ils demandent, d’autre part, que le projet de modification du décret n° 84-431 du 6 juin 1984 sur le statut des enseignants-chercheurs soit abandonné pour être intégralement renégocié. Ce projet confère, en effet, aux exécutifs locaux des établissements d’enseignement supérieur des pouvoirs exorbitants. Il fragilise le lien entre enseignement et recherche en compromettant un accès égal à tous les enseignants-chercheurs à celle-ci. Il introduit en outre des facteurs d’inégalité et de tensions au sein des départements, entre domaines et entre filières ainsi que dans les équipes de recherche. Dans un contexte d’autonomie des universités, il peut entraîner des disparités régionales dans les conditions d’exercice de la profession.

Face aux divisions que de telles mesures sont susceptibles d’entraîner, les signataires de cet appel tiennent à manifester la cohésion et la solidarité qui existent au sein de l’hispanisme.

Ils invitent leurs collègues à participer aux actions locales et nationales organisées pour obtenir, sur ces deux questions, l’ouverture de négociations incluant les instances représentatives des enseignants-chercheurs.