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Grève à l’université : Mediapart en direct de l’AG des juristes - Jade Lindgaard, "Médiapart", 26 janvier 2009

mardi 27 janvier 2009, par Laurence

Ce devait être une conférence de presse du collectif Défense de l’université sur les raisons de la grève des enseignants-chercheurs. Faute de journalistes – Mediapart est le seul média présent –, la réunion vire à l’AG. Lundi 26 janvier, pendant près d’une heure, la dizaine de juristes présents, dont une partie de professeurs d’université de premier plan et le directeur de l’institut Cujas, Guillaume Drago, expliquent pourquoi ils ont décidé de cesser le travail. C’est un fait rarissime dans l’univers habituellement peu contestataire des universitaires spécialisés en droit.

Créé le 6 janvier 2009, le collectif Défense de l’université est essentiellement composé de juristes, de sensibilités politiques « très diverses » : « Ce n’est pas tous les jours que nous menons une action ensemble. » Une partie de ses membres s’étaient par exemple tenus à l’écart des mobilisations contre la LRU de l’automne 2007 alors que d’autres, comme Olivier Beaud, s’y étaient publiquement opposés. La plupart d’entre eux ne sont pas syndiqués. Leur groupe est emblématique de la forme prise aujourd’hui par le mouvement de contestation des réformes de l’enseignement supérieur et de la recherche, constitué de pléthore de collectifs locaux, apparus université par université, parfois discipline par discipline. A l’écart des organisations syndicales nationales, et sans porte-parole officiellement institué.

Un autre collectif, la Coordination nationale des universités, appelle avec un ensemble de syndicats et les associations SLU et SLR à la « grève illimitée » à partir du 2 février. Ce serait un événement historique dans une université française qui n’a pas connu de grandes grèves de ses enseignants depuis des années. Elle pourrait prendre plusieurs formes : grève des notes, grève des cours, grève des maquettes d’enseignements. Les établissements de Clermont-Ferrand, Montpellier-III, du Maine, Bordeaux-III, Rennes-II, Paris-I, Paris-VIII, Paris-IV, Paris-X, Paris-III, Toulouse-II et Caen ont annoncé retenir leurs documents.

A l’origine de ce mouvement, il y a la levée de boucliers provoquée par trois aspects des réformes impulsées par Valérie Pécresse depuis un an et demi : l’instauration d’une modulation de service pour les enseignants-chercheurs, la mastérisation de la formation des futurs enseignants du primaire et du secondaire et la suppression annoncée de 900 postes. Mais au-delà de la dénonciation de la politique gouvernementale, les membres du collectif Défense de l’université lancent une véritable alarme sur la dégradation de leurs conditions de travail, la dévalorisation de leur fonction, et le risque d’une fuite des cerveaux vers les universités étrangères et le secteur privé. Le discours de Nicolas Sarkozy dénonçant le système actuel de la recherche « infantilisant et paralysant », jeudi 22 janvier, a jeté de l’huile sur le feu.