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Sarkozy cherche les chercheurs et les trouve - Marianne

jeudi 29 janvier 2009, par Laurence

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A force de multiplier les provocations à l’égard de nos cerveaux les plus brillants, le président s’est mis à dos toute la recherche française. Et il va comprendre que la recherche, quand on la cherche, on la trouve !

Sourd aux revendications mais pas muet, notre président de la République bourré de tics a affiché le 22 janvier dernier un mépris rare pour nos chercheurs. Mauvais, archaïques, idéologues, aveugles, refusant de voir la réalité en face et voulant seulement se mettre au chaud... A croire que Nicolas 1er n’a jamais mis les pieds dans un de nos labos. Il pointe du doigt la vétusté des institutions alors que celle des murs et des plafonds contraint nos cerveaux à mettre la main dans la pâte pour colmater des fissures et venir le dimanche donner un coup de peinture. Les esprits rationnels n’ont pas apprécié, mais alors pas du tout, les approximations et les provocations du chef de l’Etat qui sort des chiffres de son chapeau, les tord dans tous les sens pour les adapter à la violence hallucinante de son propos.

Sarkozy aurait-il trouvé Einstein glandeur ?

C’est d’ailleurs faire preuve d’ignorance ou de mauvaise foi que de mesurer la qualité d’un chercheur à la quantité de ses publications. En deux articles, publiés l’un en 1905, l’autre en 1916, Albert Einstein n’a-t-il pas révolutionné la physique ? «  A côté du mépris que le chef de l’Etat a manifesté à notre égard, il a confirmé sa volonté qui confine à l’obsession de poursuivre le démantèlement de l’intégralité des institutions qui organisent en France la production et la diffusion du savoir scientifique », proteste Isabelle This Saint-Jean, présidente de l’association Sauvons la recherche et professeur en sciences économiques, auteur d’une brillante thèse sur les « Anticipations et Croyances autoréalisatrices. Indétermination ou prise en compte des « facteurs psychologiques » en économie ». Son analyse du cas Nicolas Sarkozy est sans appel : « Comme à son habitude, le Président de la République fonde son projet sur un diagnostic totalement mensonger qu’il habille des atours de l’évidence. La France, nous dit-il, serait à la traîne en matière de recherche et d’enseignement supérieur, et ce en dépit des sommes formidables qui lui seraient consacrées ».

Or, c’est tout le contraire. La France occupe une place honorable dans la recherche internationale au regard des faibles moyens qui lui sont alloués. Un prix Nobel de physique en 2007, deux en médecine cette année — certes pour des travaux effectués il y a vingt-cinq ans, quand le pays investissait encore dans ses cerveaux au lieu de les précariser et les humilier. Les vocations scientifiques sont en chute libre et ce n’est pas ce type de discours présidentiel qui risque de faire revenir nos têtes blondes vers les équations, ni nos têtes carrées en fuite à l’étranger dans l’hexagone. Le 29 janvier, jour de la grève générale, les chercheurs seront dans la rue. Et si le chef de l’état n’ouvre pas le dialogue, ils seront en grève illimitée à partir du lundi 2 février. De droite à l’extrême gauche, ils forment un front uni contre la reforme du statut des enseignants - chercheurs. « On arrête tout, un tel mouvement ne s’est jamais vu », annonce Isabelle This Saint-Jean.