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Oui Monsieur le Président, nous sommes chauffés et nous avons de la lumière mais c’est bien tout... par Jean Dupouy-Camet, Parasitologue, Université Paris Descartes, "Le Monde" (Chronique d’abonnés), 19 février 2009

dimanche 22 février 2009, par Laurence

Pour lire cette tribune sur le site du Monde.

Oui Monsieur le Président, nous sommes chauffés et nous avons de la lumière mais c’est bien tout...

Oui Monsieur le président nous sommes pour l’évaluation.... L’évaluation, la notre ou celle des autres, est au cœur de nos activités depuis toujours. Nous sommes régulièrement évalués au niveau national par nos pairs élus du Conseil national des Universités et cette évaluation, indépendante, est obligatoire pour nos carrières et promotions. Nos activités personnelles d’évaluation sont quotidiennes : exposés et mémoires d’étudiants, direction de travaux de recherche, participation à des jurys de thèses, relectures critiques d’articles... Sans compter les lourdes évaluations de projets ou d’équipes de recherche que nous effectuons pour des instances nationales ou régionales, qui à de rares exceptions, ne nous remercient jamais ...

Mais non à une évaluation locale, porte ouverte au retour du népotisme et en vertu de l’adage « nul n’est prophète en son village ».

Oui pour des publications en langue anglaise mais il est plus facile pour des anglo-saxons de publier dans leur langue maternelle car la quasi totalité des revues scientifiques à haut facteur d’impact sont de langue anglaise. Mais, connaissez-vous le prix élevé des relectures de nos articles par des traducteurs professionnels ? Et que font nos administrations pour nous aider si ce n’est d’attirer notre attention sur le fait que toute réunion scientifique organisée en France doit obligatoirement être bilingue sous peine de poursuites judiciaires... sans bien sûr proposer de financement pour d’éventuels frais de traduction simultanée ?

Oui pour défendre la science française à l’échelon international. Mais soutenez vous vraiment cette démarche quand on sait que la Société Française de Parasitologie qui accueillait, l’été dernier, à Paris 800 chercheurs pour un colloque spécifiquement européen n’a reçu aucun soutien des divers ministères contactés alors que la France était présidente de l’Europe ?

Oui pour ne pas se replier sur soi mais comment faire pour développer des collaborations avec des collègues étrangers quand il est si difficile pour eux d’obtenir des visas (parfois dans des conditions humiliantes, surtout quand ils viennent de pays de tradition musulmane) et qu’ils doivent obligatoirement parler le français.

Enfin, comment favoriser les participations de jeunes chercheurs à des congrès à l’étranger quand on sait que les crédits alloués à cet effet par le Ministère des Affaires étrangères au Comité National des Sciences Biologiques de l’Académies des Sciences se sont réduits comme peau de chagrin au fil des ans.

Lors de vos voyages officiels , Monsieur le Président, vous emmenez des dirigeants de sociétés multinationales et des hommes d’affaires mais emmenez vous des scientifiques ou des chercheurs qui souvent ont maintenu contre vents et marées des relations scientifiques avec des pays dans lesquels les liens politiques s’étaient distendus ?

Alors, monsieur le Président, oui pour moderniser et agir mais ce n’est pas tant de réformes dont nous avons besoin mais de moyens, de simplifications administratives et d’un peu de considération.