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"L’ANR se substituera-t-elle au CNRS ? (I)", par le Collectif "Indépendance des chercheurs" sur son blog "La Science au XXI Siècle", 24 février 2009

jeudi 26 février 2009, par Elie

Pour lire cet article sur le blog "La science au XXI siècle", hébergé sur le site du Courrier international.

Le 24 février, les médias ne semblent guère évoquer le déroulement de la première journée du Colloque de bilan des programmes blancs de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) qui se tient cette semaine à Paris. Pourtant, ces journées ne manquent pas d’intérêt en ce qui concerne la situation politique de la recherche scientifique et technologique française, dans un contexte où le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) viennent d’être fragmentés en instituts et où la transformation des organismes publics de recherche français en simples agences de moyens paraît de plus en plus à l’ordre du jour. Or, l’idée d’une ANR avec un budget annuel de cinq millards d’euros semble être sérieusement avancée par certains cercles de « décideurs ». Mais quelles seraient dans la pratique les conséquences d’une telle proposition ?

Lors du débat de lundi soir au colloque de l’ANR à la Cité des Sciences et de l’Industrie, la présidente du CNRS Catherine Brechignac a estimé le budget annuel global du CNRS à trois milliards et demi d’euros. Celui de l’INSERM se situe autour de 650 millions d’euros.

Un budget de cinq milliards d’euros pour l’ANR impliquerait en toute logique, si on s’en tient aux chiffres actuels, la disparition pure et simple du CNRS et de l’INSERM au bénéfice de l’ANR. Il marquerait la fin des organismes publics de recherche français proprement dits, comme les EPST (Etablissements publics à caractère scientifique et technologique).

Il est d’ailleurs question, déjà à l’heure actuelle, de fusionner l’Institut des Sciences Biologiques (ISB), créé à partir du Département des Sciences du Vivant du CNRS, avec l’INSERM et l’ensemble de la Biologie et de la recherche médicale française de façon à mettre en place un grand institut unique. Cet institut serait destiné à devenir principalement une agence de moyens.

La proposition de porter directement le budget de l’ANR à cinq milliards d’euros annuels est avancée comme une alternative à ce projet de nouvelle agence pour la recherche biomédicale.

De surcroît, s’agissant d’organismes comme le CNRS et l’INSERM, les budgets comprennent les dépenses en traitements et salaires des personnels, qui en constituent une partie importante.

Le transfert à l’ANR des budgets de ces organismes impliquerait pour l’essentiel la disparition des statuts de fonctionnaires des personnels de la recherche publique et la généralisation définitive de la précarité du métier de chercheur.

De même, l’avenir d’un statut de fonctionnaires titulaires pour les enseignants-chercheurs paraît directement menacé par un schéma où le financement contractuel des programmes de recherche comprendrait les rémunérations des participants à chaque projet. Des rémunérations « à durée déterminée ».

En même temps, un représentant de l’European Research Council (ERC), également invité à ces journées, a envisagé un éventuel schéma faisant de l’ANR le partenaire local de ce Conseil.

Rien qui puisse vraiment suprendre, au vu du programme de travail de l’actuelle Présidence de l’Union Européenne et, à plus long terme, les implications du Traité de Lisbonne.

Mais qu’en pensent les chercheurs, les enseignants, les citoyens... ? Et quel rapport réel, si on va au fond des choses, avec le prétendu « modèle américain » souvent avancé pour justifier ce genre d’opérations ?

Voir également nos articles :

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