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Pécresse et Darcos confrontés à la relance de la contestation - Sylvestre Huet, Sciences2, Libéblogs, 9 mars 2009

lundi 9 mars 2009, par Laurence

La grève active continue et les manifestations de mercredi 11 mars promettent d’être imposantes. Valérie Pécresse et Xavier Darcos ne semblent pas être parvenus à désamorcer la contestation de leur politique par les concessions de la première sur le statut des universitaires, actés vendredi soir.

L’espoir du gouvernement, la semaine dernière, était d’obtenir un cessez le feu en reculant sur un des sujets de contestation, le statut des universitaires.

Aussi, vendredi soir, l’accord entre Valérie Pécresse et quatre syndicats (Autonome Sup, Sgen CFDT, Sup recherche UNSA et FO) sur la réécriture du statut et les principes du futur décret sur le CNU (doc joint), était présenté par la ministre comme la voie de passage qu’elle prétend chercher pour sortir de la crise. « Le dialogue a porté ses fruits au terme de cette 3ème séance de négociation, laquelle clôture 23 heures de négociations au total. Nous avons un projet de décret réécrit, un projet de décret équilibré qui prend en compte l’ensemble des positions qui se sont exprimées », a déclaré Valérie Pécresse.

L’ennui, pour le gouvernement, c’est que ces quatre syndicats ne jouent pas un rôle décisif dans la mobilisation. En outre, ils ne peuvent pas lâcher leurs collègues en action, au moins sur la question de la formation des enseignants. Autrement dit, ils ne peuvent pas appeler de manière franche à cesser le mouvement... voire sont conduits à réaffirmer que cette question constitue un préalable au retour au calme. Pire (pour Valérie Pécresse) : après réflexion, le SNPREES-FO vient de publier un long communiqué où il estime que le texte de vendredi ne suffit pas et appelle aux manifestations du 11 et 19 mars, ainsi qu’au rassemblement des chercheurs le 12 mars.

En réalité, Valérie Pécresse, Xavier Darcos et le Président de la République comptent sur une éventuelle lassitude des universitaires, personnels des universités, chercheurs et étudiants pour ne pas opérer d’autres retraites sur la formation des enseignants (mastérisation), les créations de postes, les organismes de recherche, le contrat doctoral, voire une révision de la LRU... tous sujets au coeur de la mobilisation depuis le 2 février. Cet espoir sera t-il réalisé ? Réponse cette semaine, en particulier avec les manifestations de mercredi mais aussi une multitudes d’actions variées, comme la création d’une 14ème université à Paris... dans le métro.

L’appréciation des résultats de la négociation de vendredi sur le statut diffère suivant les acteurs. Pour les quatre syndicats ayant participé aux négociations, il s’agit d’un bon accord. Pour SLU, non. Pour le SnesSup-FSU non plus. Voici l’ analyse d’un juriste (doc joint 2). Qualité de la science française attend le texte final... mais surtout « estime que dans l’état actuel de la mobilisation des universités, l’accord signé ne permettra pas de sortir de la crise et elle s’étonne que le ministère fasse le pari risqué de la démobilisation des universitaires et de l’enlisement du conflit. Elle demande l’ouverture immédiate de négociations sur la réforme des concours de recrutement avec les deux ministères concernés. »

Parmi les personnels mobilisés, le débat s’amplifie sur la manière dont il faut se positionner vis à vis du gouvernement. Certains estiment que les syndicats les plus engagés dans l’action (SnesSup, Ferc CGT, Sgen recherche) doivent aller au ministère de manière plus visible, même si c’est pour claquer la porte en repartant. Au sein de la Coordination, on se demande comment, et si c’est possible, devenir un interlocuteur du ministère, sur la base d’une dénonciation du « manque de légitimité de la Conférence des Présidents d’Université (CPU)) ».

En tous cas le texte de la Coordination nationale des universités de vendredi ne présente aucune ambiguité. Le voici :

Vendredi 6 mars 2009, 19h45

La Coordination Nationale des Universités dénonce une nouvelle provocation du Ministère

Comme vendredi dernier à la même heure, Valérie Pécresse fait croire à une avancée significative des pseudo-négociations engagées avec trois syndicats minoritaires. La Coordination Nationale des Universités, réunie aujourd’hui à Créteil en présence de 500 délégués mandatés par toutes les universités et organismes de recherche de France, dénonce catégoriquement cette supercherie. La réécriture du décret, annoncée ce soir sur le site du Ministère, est inacceptable dans la mesure où elle maintient les orientations du premier texte contesté. Elle ne satisfait aucune de nos revendications. La Coordination Nationale des Universités appelle à une amplification du mouvement en lien avec les étudiants et l’ensemble de la communauté d’éducation et de recherche, de la maternelle à l’université. Aujourd’hui, l’Université n’était pas au Ministère. Elle était à Créteil.
Notre réponse : tous dans la rue le 11 mars !