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Lettre ouverte à Mme Pécresse, MM. Darcos et Sarkozy (7 mai 2009)

samedi 9 mai 2009

Ci-dessous, une lettre ouverte à Mme Pécresse, MM Darcos et Sarkozy, adoptée à l’unanimité par l’A.G de l’IUFM de Livry-Gargan (93).

Madame, Messieurs,

Aujourd’hui, en raison de votre acharnement, des correcteurs issus de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur retiennent des notes du concours de recrutement des professeurs des écoles. Ayant répondu à l’appel à la rétention des notes que nous avons lancé après avoir bloqué le centre de corrections de Livry-Gargan, ils empêchent ainsi dans l’académie de Paris que soit établie la liste des candidats admissibles. D’autres académies vont vraisemblablement être touchées par ce mouvement ces prochains jours ou lors des épreuves d’admission.

Vous portez l’entière responsabilité de cette situation.

Depuis trois mois, par la grève, les manifestations, la non-remontée des maquettes de master, la ronde infinie des obstinés …, le monde universitaire vous a démontré son opposition à vos projets de casse de la recherche et de l’enseignement publics. A cette contestation, vous avez répondu d’abord par le mépris puis par des passages en force (décret des enseignants-chercheurs passé pendant les vacances scolaires), des effets d’annonce (prétendu report de la réforme alors que les lauréats du prochain concours devront obtenir un master pour être titularisés) et des manœuvres dilatoires (commission Filâtre – Marois qui rendra ses conclusions … le 15 juillet !)

Vos projets ne visent ni à améliorer le niveau de formation des enseignants ni leurs rémunérations. Les enseignants sont déjà recrutés à bac + 5, leur cursus pourrait dès maintenant être sanctionné par l’attribution d’un master professionnel, comme c’est le cas pour les sages-femmes et, si augmentation de traitement il y avait, celle-ci ne concernerait pas toute la profession mais seulement les toutes premières années d’exercice des futurs enseignants dont le début de carrière et donc les premiers salaires seraient différés d’un an. En supprimant l’année de formation professionnelle en alternance rémunérée située après le concours, vous vous apprêtez à envoyer devant les élèves de jeunes enseignants non formés. Vous comptez réaliser ainsi d’importantes économies budgétaires à leur détriment et au détriment des élèves.

De surcroît, en voulant créer des masters « métiers de l’enseignement », vous souhaitez créer les conditions d’un recrutement d’enseignants hors concours, non fonctionnaires. Compte tenu de la réduction des postes de fonctionnaires, cette nouvelle voie d’accès aux métiers d’enseignants éliminerait rapidement celle, sur concours, que nous connaissons aujourd’hui.

Soucieux de l’intérêt des candidats au concours, nous n’avons ni empêché le déroulement des épreuves ni porté atteinte à leurs copies. Nous ne voulons pas annuler la session 2009 des concours. Le concours peut reprendre à tout moment, il suffit pour cela que vous retiriez vos réformes. Conscients pareillement de nos responsabilités à l’égard des futures générations d’élèves et d’enseignants, nous continuerons à défendre le caractère national de l’Education, l’appartenance des futurs enseignants à la fonction publique d’Etat, les idéaux républicains d’égalité.

C’est pourquoi ni les examens, ni les concours ni les vacances scolaires ne mettront de terme à ce mouvement de résistance.

Notre détermination se renforce à mesure que vous vous obstinez.

Dans l’attente de l’annonce rapide du retrait de vos réformes destructrices, nous vous prions d’agréer, Madame, Messieurs l’expression de nos salutations distinguées.

Livry-Gargan, le 7 mai 2009,

L’I.U.F.M. en lutte de Livry-Gargan