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Universités : face à l’urgence annoncée, l’action reste molle - Marc Lipinski, président de l’ARF, Tribune de Rue89, 17 juillet 2009

samedi 18 juillet 2009, par Laurence

Il y a trois ans, le New York Times créait le choc avec une photo des sanitaires vétustes d’un campus parisien. Nulle surprise, car année après année, l’université française accumule les handicaps financiers. Le Centre d’analyse stratégique vient de le rappeler : quand les pays développés consacrent en moyenne 1,5% de leur PIB à leur enseignement supérieur, la France traîne à 1,3%.

Et encore ! Cette moyenne gomme-t-elle les disparités entre filières sélectives, relativement privilégiées et universités maltraitées. Ce sont pourtant ces dernières qui accueillent à portes grandes ouvertes la majorité des néo-bacheliers et amènent un tiers de chaque génération à un diplôme à bac+3, ou mieux. Ce n’est certes pas ridicule, mais loin du modèle suédois, qui en forme 70%.

Il fallait donc battre le tocsin, clamer l’urgence et… agir. Or, qu’a fait l’Etat ? Il a parlé. Par la voix du président de la République, avec la subtilité et la crédibilité qu’on lui connaît depuis le 22 janvier. Plus encore -et c’est bien naturel-, par celle de la ministre chargée de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Récemment confirmée dans ses fonctions, Valérie Pécresse a depuis plus de deux ans multiplié effets d’annonces et financements incertains. « J’ai un chiffre en tête mais je ne vous le dirai pas… », vient-elle de déclarer en présentant la stratégie nationale de recherche et d’innovation.

A cet égard, son « plan campus » est symptomatique. Lancé en février 2008 pour « répondre à l’urgence immobilière » avec la promesse de cinq milliards d’euros pour dix projets lauréats, l’appel à projets suscita un espoir compréhensible chez des responsables d’universités habitués à la pénurie.

Trois projets franciliens

Un an et demi après, quelques projets retenus ont reçu l’annonce d’un capital qui n’est ni à emporter, ni à consommer sur place. Pour les premiers coups de pioche, il faudra attendre qu’ils produisent des intérêts. L’Ile-de-France illustre la façon dont le gouvernement traite l’urgence. En juillet 2008, un jury ad hoc retient trois projets franciliens.

Le « projet Saclay », élaboré sans prospective scientifique, dévoile un désir de reproduction d’une « Silicon valley » fantasmatique. Investissement nécessaire selon l’estimation initiale de la confédération d’acteurs : 3 milliards d’euros réels. Le président de la République vient d’annoncer 850 millions, non consomptibles.

« Condorcet », nouveau campus à créer ex nihilo au nord de Paris, est un projet évalué à 650 millions par ses acteurs. Il attend toujours une annonce de l’Etat.

Le troisième projet devait émerger des propositions émises par les acteurs parisiens. Hésitant, le ministère décida… de créer une commission. Ce fut la mission d’audit chargée d’établir la situation de l’immobilier universitaire à Paris. Rendu en janvier 2009, son rapport n’a à l’évidence pas étanché l’impérieuse soif de connaissance de la rue Descartes.

Lui succéda donc une mission sur l’évolution des établissements universitaires parisiens, dont l’échéance était fixée à mai dernier. Aux dernières nouvelles, Valérie Pécresse l’a reportée « à la fin de l’année 2009 ». «  Je ne vous le dirai pas », nous annonce donc la ministre en ce mois de juillet. Fin 2009, à l’approche de l’élection régionale, nous le dira-t-elle ?

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