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Compétition à la fac : le face-à-face Apparu-Julliard - Educpros, 23 septembre 2009

jeudi 24 septembre 2009, par Laurence

Benoist Apparu et Bruno Julliard répondent chacun à la question « Faut-il plus de compétition à la fac ? » dans un ouvrage édité par Magnard, le groupe L’Etudiant et France Info à la rentrée 2009. Le rapporteur de la loi Pécresse sur l’autonomie des universités et le secrétaire national à l’Education du Parti socialiste défendent leurs arguments, souvent sur des diagnostics largement partagés. Il faut dire que sur cette question, les lignes entre droite et gauche se sont brouillées.

Educpros vous en propose les bonnes feuilles en mettant en évidence points de convergence et de divergence. Un consensus apparaît sur le rapprochement entre grandes écoles/classes prépas et universités ou encore sur l’accès plus large des filières courtes sélectives aux bacheliers technologiques. Ce qui les oppose (encore et toujours) : la sélection des étudiants à l’entrée de l’université ou l’augmentation des droits d’inscription.
Un air de consensus sur :

- L’intégration/rapprochement des grandes écoles/classes prépas aux universités

Benoist Apparu
« Toute politique universitaire doit avoir pour
objectif de placer l’université au coeur du système. Il faut intégrer
les classes préparatoires aux grandes écoles et les
grandes écoles prestigieuses aux universités. Je dis bien
intégrer, et non pas simplement rapprocher.
 »

Bruno Julliard
« La réforme la plus urgente est celle de
tous les premiers cycles d’enseignement supérieur : rapprochement
des classes préparatoires et des universités, pluridisciplinarité
renforcée, pédagogie individualisée, aide à
l’orientation, passerelles plus nombreuses, tutorat…
 »

- L’accès plus large des IUT/STS aux bacheliers technologiques

Benoist Apparu
« Je préconise depuis longtemps l’instauration
d’un numerus clausus à l’entrée des IUT au bénéfice
des bacheliers technologiques. L’idée consiste à
réserver au minimum 50 % des places en IUT aux bacheliers
technologiques, et de n’ouvrir le recrutement des
bacheliers généraux qu’une fois ce quota atteint. Il faut
refaire des filières courtes – et notamment des IUT – le
débouché naturel du bac technologique, et réorienter les
filières générales vers les premiers cycles universitaires
qui sont leurs débouchés naturels.
 »

Bruno Julliard :
« Nous sommes dans une organisation perverse des premiers
cycles : les filières courtes (du type IUT ou BTS)
sont aujourd’hui prisées par les meilleurs étudiants, alors
qu’elles étaient à l’origine des voies d’ascension sociale
pour les bacs technologiques, voire professionnels. Et les
filières générales universitaires, qui demandent des capacités
de raisonnement et une autonomie importante d’apprentissage,
accueillent les élèves les plus en difficulté.
(…) « L’orientation des élèves est une question clé.
Une meilleure information est nécessaire, même si elle ne
sera pas suffisante. L’amélioration des dispositifs d’orientation
devra s’accompagner d’un changement structurel
des cycles courts professionnalisants, qui devront accueillir
nettement plus de bacheliers professionnels et technologiques,
afin d’éviter que ces derniers échouent dans des
filières universitaires non adaptées.
 »

Des oppositions (et encore) sur :

- La sélection à l’entrée de l’université

Benoist Apparu :
« Dans les années
soixante et soixante-dix, la sélection avait pour but de
limiter l’accès à l’enseignement supérieur, et la droite
française y était favorable. Depuis, notre corpus idéologique
a bougé et s’est adapté aux réalités du monde
moderne qui a besoin d’élever le niveau de connaissances
et de compétences de ses salariés. Le but d’une
éventuelle sélection n’est donc plus de limiter l’accès
aux formations du supérieur, mais de contraindre l’orientation
vers les filières du supérieur. Je reste convaincu
que l’on peut se passer d’une généralisation de la sélection
tout en étant plus performant sur l’orientation.
 »

Bruno Julliard :
« C’est une sorte de Kho-Lanta universitaire : tout est fait pour
que l’abandon soit le plus massif possible ! Plutôt que de
mettre en place une sélection à l’entrée, ce qui est
aujourd’hui politiquement impossible tant la réaction des
jeunes sera violente, on la remplace par la pire des sélections
possibles : celle de l’échec inexorable pour une grande
partie des nouveaux étudiants.
Je le répète : la sélection n’est en aucune manière la bonne
solution. Mais la situation actuelle ne l’est pas plus ! C’est
un immense gâchis humain et économique. Les étudiants se
retrouvent en situation d’échec et n’ont pas de solutions de
recours qui leur sont proposées. Quant au coût, il est considérable
 : les moyens déployés pour assurer la scolarité des
premières années sont certes faibles, mais c’est une dépense
à perte pour la nation dès lors
que l’échec est massif. J’ai déjà
fait part de la nécessaire
réforme des premiers cycles. »


- Les droits d’inscription
 : vous trouverez la suite sur le site d’Educpros