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Elections universitaires : le vote électronique pour encourager la participation ? - Eric Nunès, le Monde, 28 septembre 2009

mardi 29 septembre 2009, par Laurence

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Pour tenter de réduire le faible taux de participation aux scrutins universitaires, Arnaud Robinet, député UMP de la Marne, pense avoir la solution : le vote par Internet. Il est donc à l’origine d’une proposition de loi, qui vise à instaurer le vote électronique pour l’élection des conseils centraux d’université, qui participent aux choix stratégiques de l’institution (formations, nouvelles filières, évaluations...). Elle sera examinée lundi 28 septembre dans la soirée par l’Assemblée nationale.

Actuellement, ces élections ont lieu uniquement dans des bureaux de vote. Cette procédure est "largement responsable de la désaffection constatée lors de ces élections", affirme la proposition de loi. Selon M. Robinet, la participation étudiante aux élections est "d’une faiblesse consternante". "Dans les universités, elle plafonne autour de 15 %, et peut ne pas dépasser 5 % dans certaines filières. Cela se traduit par un affaiblissement de la légitimité des conseils", affirme-t-il. "Nombreux sont les étudiants qui se sentent peu concernés par les enjeux de ces scrutins. Ils estiment qu’ils sont à l’université pour étudier, pas pour donner leur avis", renchérit Rémi Martial, délégué national de l’UNI (Union inter-universitaire, classée à droite). "Leur permettre de voter à distance devrait, mécaniquement, augmenter la participation", estime-t-il.

FRACTURE NUMÉRIQUE

A gauche, ce texte est fortement critiqué. Le député PS Patrick Bloche a parlé d’une "fausse bonne idée" : "Nous craignons qu’elle ne traduise la tentation de consulter les étudiants par voie électronique pour casser les mouvements de grève." Un avis partagé par l’UNEF (Union nationale des étudiants de France, classée à gauche). "L’objectif des promoteurs de cette proposition de loi n’est pas de se donner les moyens d’une plus grande participation des étudiants aux votes mais au contraire de la réduire", affirme Jean-Baptiste Prevost. Selon le président de l’UNEF, premier syndicat étudiant, mettre en place le vote électronique pourrait, contrairement aux objectifs affichés, faire baisser le taux de participation : "Dans l’univers étudiant, la fracture numérique existe : deux étudiants sur trois n’ont pas d’ordinateur personnel et les universités demeurent mal équipées."

Si la Confédération étudiante (Cé) reconnaît que le système actuel d’élection au sein des universités "n’est pas démocratique", certains soulignent également le risque de fraudes qui pourrait survenir avec un tel système. "Il faudra tout mettre en place pour éviter des fraudes ou soupçons de fraude, et notamment éviter que le président de l’université puisse avoir le contrôle de l’élection", met en garde Rémi Martial, de l’UNI. "Il est nécessaire que le scrutin soit sous le contrôle d’une instance indépendante", ajoute-t-il.

La proposition de loi pourrait être étendue aux élections des conseils régionaux des œuvres universitaires et sociales (Crous) via un amendement lors de son passage au Sénat. Une mesure qui pourrait faire monter de plusieurs degrés la température de la rentrée universitaire.

Eric Nunès