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Motion du jury du Capes externe d’italien (25 novembre 2009)

dimanche 29 novembre 2009, par Laurence

Le jury du Capes externe d’italien, qui l’année dernière a voté une motion demandant l’abrogation de la mastérisation des concours, a pris connaissance des propositions des 13 et 18 novembre 2009 des ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur sur la réforme des concours de recrutement des enseignants. Il tient à exprimer ici l’analyse que lui permet de faire son expérience en matière de recrutement des Professeurs de Lycées et Collèges.

Si le « caractère disciplinaire » des épreuves d’admissibilité semble acquis, lesquelles, comme le demandaient les sociétés savantes, « ne comporteront pas d’évaluations à caractère didactique ou pédagogique, non pertinentes à ce stade », les autres propositions contenues dans ledit document ne répondent pas aux attentes de notre jury.

Différentes organisations (syndicales, CDIUFM, etc.) ont déjà exprimé leur opposition au projet. Nous souhaitons, en tant que jury du Capes externe, mettre plus particulièrement l’accent sur les points qui relèvent directement de notre expertise, à savoir :

1. Le passage de 3 à 2 épreuves d’admissibilité signifie, pour notre Capes de langue, un préjudice considérable dans l’évaluation équitable de la double compétence, en français et en langue étrangère, des futurs professeurs de collèges et lycées. Rappelons tout d’abord qu’une première réduction du nombre des épreuves a déjà eu lieu, qui nous a contraints à réunir thème et version dans une même épreuve au nom de l’équilibre entre les langues. Si l’épreuve de double traduction était maintenue, dans quelle langue serait la seconde épreuve ? Quel que soit le choix, il avantagerait les francophones ou les allophones et induirait de graves disparités entre les candidats. Aussi demandons-nous, au nom de ce principe d’équité, le maintien de trois épreuves écrites pour les Capes externes de langue.

2. Il ne nous semble pas cohérent d’affirmer tout à la fois que les épreuves d’admissibilité « ne comporteront pas d’évaluations à caractère didactique ou pédagogique » et d’indiquer que « les programmes scolaires devront constituer l’univers de référence des savoirs évalués ». L’expression même d’« univers de référence » est suffisamment vague pour laisser place à de nombreuses interprétations contradictoires. Nous souhaitons voir réaffirmé ici le caractère disciplinaire du programme du Capes externe.

3. Le calendrier du concours, enfin, ne nous paraît pas pouvoir correspondre à celui d’un concours pourvu d’un « programme ». En fixant au 1er décembre les épreuves d’admissibilité, cela ne laisse guère plus de deux mois pour préparer les candidats à ce « programme ». L’argument qui consiste à laisser penser que, de la sorte, «  les étudiants qui le souhaitent pourront se présenter la même année aux concours du premier et du second degré » nous paraît méconnaître totalement les motivations des candidats du Capes externe qui, pour leur écrasante majorité, ne souhaitent aucunement devenir professeurs des écoles. Lorsque les candidats choisissent de préparer deux concours à la fois, il s’agit très naturellement du Capes et de l’Agrégation. Il nous paraît donc indispensable de placer les épreuves d’admissibilité du Capes externe en fin d’année universitaire (sans doute de M1 et non de M2 comme cela a été proposé par les groupes techniques ad hoc).

Sans une évolution radicale des trois points évoqués qui tienne pleinement compte de notre analyse, le concours deviendrait inéquitable, incohérent et asynchrone, et ne saurait par conséquent répondre aux exigences d’un concours d’État. De ce fait les membres sous-signés remettraient en question leur participation au jury à venir.

NPPV : 3

Motion adoptée à l’unanimité des votants : 21

Paris le 25 novembre 2009