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Nicolas Sarkozy : le grand emprunt et l’innovation - Sylvester Huet, Sciences2,Libéblogs, 15 décembre 2009

mercredi 16 décembre 2009, par Laurence

Bonne nouvelle : la droite française a une stratégie pour valoriser la recherche publique par des activités économiques. C’est le sens du choix de Nicolas Sarkozy de consacrer une part décisive du grand emprunt à une dizaine de pôles regroupant universités, grandes écoles, laboratoires publics et structures de transferts des savoirs et technologies vers les entreprises. Visant ainsi le maillon faible français du continuum recherche, développement, innovations. Mauvaise nouvelle : cette stratégie technocratique n’a pas les moyens qu’elle prétend... et ses présuposés ne sont pas nécessairement vérifiés.

Ce volet financier met une touche finale à une série de réformes de la recherche et des universités (loi sur l’autonomie, création de l’Agence Nationale de la Recherche, de l’AERES…) en concentrant les moyens sur une dizaine de sites (peut-être moins d’après le discours du Président) où du rapprochement géographique des divers acteurs de ce continuum devrait jaillir l’étincelle créatrice d’emplois. « La bonne nouvelle, ironise le biologiste Patrick Monfort (le nouveau secrétaire général du SNCS-FSU), c’est que la droite a enfin écouté notre message : la préparation de l’avenir doit se faire en renforçant la recherche, base de l’innovation ».

A cette bonne nouvelle s’ajoutent donc des questions : la stratégie est-elle bonne, les moyens adéquats ?
L’idée centrale, c’est de copier des modèles étrangers fondés sur la concentration géographique, comme la célèbre Silicon Valley californienne. Mais, fait remarquer Monfort, aucun de ces sites ne s’est construit ab initio sur une décision étatique, ils résultent de rencontres spontanées entre recherche publique et initiatives privées. Le copier-coller risque donc de ne pas fonctionner.

En réponse au manque d’appétit pour l’innovation de l’industrie française, ou de décisions stratégiques délocalisant l’effort de recherche privée, l’Etat sarkozien réagit par l’incitation fiscale massive, le Recherche médicale financement de « l’amorçage » (les premières années des PME), et un effort d’accueil du privé sur des campus rénovés. Le biologiste y voit du bon - « il faut soutenir les PME innovantes », affirme t-il - mais sursaute devant la méthode et les moyens. Les chiffres annoncés sont mirobolants… mais ce ne sont que des dotations en capital, pour financer des partenariats public/privés assurant aux second d’être payés, et dont le rapport annuel demeure inchiffrable (400 millions ?). En outre, elle seront confiées non aux Universités ou aux organismes de recherche mais à des structures (Fondations, Réseaux divers) où la voix de la communauté scientifique est moindre. Est-ce la meilleure stratégie pour décoincer l’investissement privé en recherche et innovation ? Les deniers publics sont-ils dépensés au mieux ? Questions ouvertes.

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