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Déclaration de la FCPE à la séance pleinière du Conseil Supérieur de l’Éducation (12 mai)

vendredi 14 mai 2010, par Mathieu

Depuis des mois, la FCPE se bat aux côtés de nombreux autres acteurs
du système éducatif pour dénoncer ce qu’elle juge comme la réforme la
plus désastreuse de ces dernières années pour l’avenir de l’Ecole, de
nos enfants, de notre pays. La FCPE refuse une formation des
enseignants au rabais qui ne pourra que mettre en péril l’éducation de
plusieurs générations de jeunes de notre pays et pèsera négativement
sur toute tentative de réforme pédagogique du système éducatif pour de
très longues années.

Il n’est pas acceptable que le gouvernement continue à mentir aux
parents d’élèves et aux citoyens de ce pays en affirmant que la
formation des futurs enseignants est améliorée alors que c’est bel et
bien le contraire que l’on est en train de faire.

La réforme de la formation des enseignants dite « de masterisation »
n’est pour nous pas une réforme mais une suppression de la formation
des enseignants. Ceux-ci auraient besoin d’une formation accrue sur
les aspects professionnels propres au métier d’enseignant. Ce qui est
prévu aujourd’hui ne peut correspondre aux défis de l’Ecole pour la
réussite de tous. La crise sociale et économique impose d’autres choix
pour l’Ecole et pour le métier d’enseignant.

La FCPE est convaincue qu’une formation professionnelle au métier
d’enseignant comprenant une période par alternance est un élément
déterminant dans la réussite des élèves. Pour nous, il est
indispensable que, où qu’elle soit dispensée, la formation préalable
des futurs enseignants intègre un nombre significatif d’heures
obligatoires et évaluées consacrées à :
la connaissance et le renouvellement des pratiques pédagogiques ;
la psychologie de l’enfant et de l’adolescent ;
la gestion de classe ;
l’enseignement en classes hétérogènes ;
l’évaluation positive des élèves ;
la relation avec les parents ;
l’utilisation de ressources, matériels et contenus numériques ;
le travail en équipe ;
la connaissance du système éducatif…

Cette nécessité d’une meilleure formation professionnelle et pas
seulement académique est affirmée également dans de très nombreux
rapports et analyses, en particulier émanant de la représentation
parlementaire. On peut citer en exemple le rapport de la mission
Fourgous sur l’Ecole numérique, celui de la mission d’information
sénatoriale en Finlande ou le rapport de la mission Grosperrin sur la
mise en œuvre du socle commun.

La FCPE est consternée par la suppression pure et simple du cahier des
charges national de formation des enseignants que prévoit le projet
d’arrêté soumis aujourd’hui aux membres du CSE. La simple mention des
dix compétences requises pour exercer le métier d’enseignant ne peut
suffire à garantir une formation et des recrutements de qualité et la
réduction à la portion congrue de la formation continue ne laisse
présager d’aucun rattrapage possible.

Or, la circulaire de cadrage présentée aujourd’hui au CSE, qui ne fait
que reprendre celle publiée par la ministre de l’Enseignement
supérieur fin décembre et qui viendra après l’abrogation du cahier des
charges, n’impose plus rien aux universités en matière de formation
professionnelle dans la construction des masters conduisant aux
concours de recrutement des enseignants. Il n’est pas possible que la
formation des enseignants dont notre pays a besoin soit à la merci de
la bonne volonté d’un président d’université.

Enfin, l’arrivée devant les élèves dès la rentrée prochaine
d’enseignants non formés et non accompagnés laisse présager bien des
déconvenues, voire des drames humains.

La FCPE demande le retrait de tous les textes publiés jusqu’ici et une
remise à plat complète de la formation des enseignants. Elle juge
indispensable que le débat soit ouvert à l’Assemblée nationale et au
Sénat, afin que l’opinion publique s’en saisisse.