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Lettre de la CPU n° 53 - 17 septembre 2010

vendredi 17 septembre 2010, par Mathieu

Pour lire la lettre sur le site de la CPU

Edito

La rentrée de la CPU, de la Ministre et des universités

Toutes les universités ayant adopté un calendrier prévoyant une rentrée précoce, la CPU a elle aussi avancé sa rentrée et tenu sa première conférence de presse le 8 septembre 2010.

Les journalistes n’avaient jamais été aussi nombreux à cette rencontre et nous ont particulièrement interrogés sur les effectifs de licence et sur la mise en œuvre de la « mastérisation » de la formation des maîtres. Nous leur avons aussi parlé du Grand Emprunt et de la réforme des écoles de santé.

La Ministre a, quant à elle, tenu sa première conférence de presse le lundi 13 septembre 2010. Son intervention a mis en valeur les progrès décisifs des universités dans l’accueil et la réussite des étudiants. Plusieurs d’entre nous ont ainsi relayé dans les médias les nombreux motifs de fierté qui sont aujourd’hui les nôtres et contribuent à attirer plus d’étudiants et de familles vers les premiers cycles (cf. entre autres Le Parisien du 13 septembre 2010 et Le Monde daté du 14 septembre 2010).

La semaine du 13 septembre est enfin pour tous la semaine de la rentrée universitaire, avec l’accent mis cette année par la CPU sur la notion de diversité (des personnels, des étudiants, des filières, des cursus).

CPU, Ministre et universités se sont donc retrouvées ce jeudi 16 septembre à 16h30 pour signer la convention relative à la charte pour l’égalité des chances dans l’accès aux formations d’excellence.

Retour de Madison, Wisconsin

Au début du mois de septembre, une délégation de 16 présidents d’universités françaises a réalisé un voyage d’étude à l’Université publique de Madison dans le Wisconsin.

Ce déplacement, dans cette université, classée 17ème au classement de Shanghai, a permis aux présidents de constater concrètement les différences d’organisation et de moyens qui existent entre les deux systèmes universitaires.

Pour en rendre compte, le président de la CPU, qui a participé à ce voyage, a répondu à quelques questions.

D’après le dernier rapport de l’OCDE, la part du PIB dépensée pour l’Enseignement « tertiaire » serait de 1,4% pour la France contre 3,1% pour les Etats-Unis, grosse différence ?

Lionel Collet : Oui, le décalage est important. Pour vous donner un point de comparaison, à l’Université Lyon 1, pour 35 000 étudiants nous avons un budget de 400 millions d’euros. A l’Université de Madison, le budget, pour 42 000 étudiants, est de l’ordre de 2 milliards d’euros, dont la moitié environ sur fonds publics.
Même s’il existe des systèmes de bourses, l’ensemble des étudiants paie des droits d’inscription fixés par l’Etat du Wisconsin et qui s’élèvent à 8 000 dollars par an pour les étudiants originaires de l’Etat et 10 500 pour les autres.
Enfin, les anciens étudiants, très attachés à leur université, représentent également une source de financement importante. Le réseau des anciens de l’Université de Madison compte aujourd’hui 400 000 membres environ.


Sur quels principes reposent les études « à l’américaine » ?

LC : Tout d’abord, il y a une sélection à l’entrée et Madison a sélectionné, cette année, 6 000 étudiants pour 25 000 candidatures.
Les formations au niveau « bachelor » ne sont pas tubulaires comme elles peuvent l’être en France. Elles sont plus généralistes. Un étudiant peut par exemple étudier à la fois les langues étrangères et la chimie. Les barrières entre les SHS et les sciences dites exactes sont donc moins présentes.
Par ailleurs, l’accompagnement des étudiants est très important, dans le domaine pédagogique mais aussi à tous les moments de la vie quotidienne et sociale.
L’intégration et l’engagement étudiants sont valorisés et l’université est réellement inscrite sur son territoire. Symboliquement, le campus est d’ailleurs installé au centre de Madison et la ville est construite autour de l’université.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué pendant votre visite à l’Université de Madison ?

LC : Nous avons pu participer à la cérémonie de rentrée universitaire qui a eu lieu dans un stade couvert en présence de la chancelière, du maire et de doyens de l’université.
Les discours étaient centrés sur l’engagement citoyen et l’évolution personnelle de chaque étudiant. C’est cohérent quand on sait que la sélection des étudiants est faite sur les notes mais aussi par rapport à ce que l’étudiant a pu réaliser dans son quotidien, notamment pour autrui.
Pouvoir intégrer l’Université est une réelle fierté pour ces étudiants et notamment pour 1 400 d’entre eux qui étaient les premiers de leur famille à poursuivre des études universitaires.
Une étudiante, qui avait gagné un concours de nouvelles, a résumé ainsi ce que représente pour elle l’Université : « Have fun, work hard, be a leader [1] ».

Alain Brillard, Président de l’Université de Haute Alsace et Lise Dumasy, Présidente de l’Université Grenoble 3 ont résumé ce qui les avait particulièrement marqués.

AB- Je retiens notamment que l’établissement a une vision stratégique et globale qui se décline ensuite au niveau des formations avec l’accueil des étudiants, l’implication des étudiants dans la cité ou encore l’accompagnement des étudiants dans leur formation. Mais aussi au niveau de la recherche, du transfert de technologie et dans la recherche de donateurs.
Même si la gouvernance semble très décentralisée, avec un poids fort des facultés et des laboratoires de recherche, il existe bien à un niveau central une coordination des actions phare pour l’établissement.

LD- J’ai été frappée par la souplesse de l’organisation d’ensemble, par exemple pour les changements de cursus des étudiants ou l’affectation d’une partie des ressources drainées par la recherche à de la formation. L’idée que l’université est là pour donner une formation générale avant de conduire à un métier précis est très partagée. L’université a la capacité de gérer tout ce qui relève de la vie étudiante, de la formation et de la recherche, à la différence des multiples acteurs que nous avons en France.
La générosité des donateurs individuels, qui ne sont pas des entreprises, est aussi remarquable.

CPU – CRUI : Rencontre franco-italienne des conférences d’université

Deux délégations des conférences des présidents d’universités italiennes et françaises, CRUI et CPU, se sont rencontrées à Paris le 15 juillet dernier. La nouvelle loi universitaire italienne est sur le point d’être votée et cette rencontre a donc permis d’échanger sur des sujets d’actualité dans les deux pays ainsi que sur les actions que les pays mènent en commun.

Une nouvelle loi universitaire italienne

Au delà de l’autonomie des établissements italiens, déjà très importante, la nouvelle loi prévoit un renforcement de leur responsabilité, avec notamment la mise en place d’un code éthique pour chaque université et un renforcement du lien entre la qualité de la gestion des établissements et le financement accordé par l’Etat.

En ce qui concerne la gouvernance, le mandat des recteurs sera limité à un maximum de 8 ans (2 fois 4 ans comme c’est le cas en France) et ce sont les conseils d’administration qui assumeront la responsabilité de la gestion des établissements. Ils seront composés à 40% de personnalités extérieurs, le président pouvant lui-même être recruté en dehors de l’établissement. La présence d’étudiants dans les organes universitaires est également renforcée.
De plus, des directeurs généraux seront nommés, qui agiront comme de vrais managers des établissements avec des responsabilités accrues.
Enfin les fusions et fédérations entre établissements seront simplifiées, comprenant notamment la mutualisation de services ou d’activités spécifiques.

Concernant le recrutement, le nouveau modèle italien reprendra des éléments du modèle français : ainsi la double sélection au plan national et au plan local. Le but de cette réforme est de dépasser le localisme engendré par le système actuel qui ne prévoit qu’une sélection locale. Une autre modification importante concernera les nombreux « ricercatori », les chercheurs universitaires dont le statut est peu favorable. Pour eux, la loi prévoit de créer un statut en CDD qui pourra ensuite déboucher sur un poste de professeur. La CRUI plaide cependant pour un système de transition qui permettrait aux « ricercatori » actuellement en poste, et non seulement aux « ricercatori » nouvellement recrutés, de postuler pour une place d’enseignant-chercheur.

Sur le plan financier, les universités italiennes ont subi des coupes budgétaires avoisinant les 20% depuis 2008, ce qui a mis de nombreuses universités italiennes dans une situation très difficile. Et si les universités italiennes ont utilisé la possibilité de fixer librement les droits d’inscription de leurs étudiants jusqu’à un montant représentant 20% de leur budget global pour compenser cette baisse, elles estiment être à présent au maximum des frais d’inscription (allant jusqu’à environ 1.500€ par an par étudiant). De nouvelles coupes auraient donc de graves répercussions sur le système universitaire. Si la CRUI soutient la nouvelle loi universitaire, c’est donc uniquement sous condition d’un financement suffisant des universités par l’Etat.

Comme leurs homologues françaises, les universités italiennes sont cependant en train de diversifier leurs financements. De nombreuses fondations bancaires investissent dans le secteur universitaire avec les variations imprévisibles de ressources que cela entraîne. Ainsi, l’Université de Sienne a-t-elle vu les contributions de la fondation de la Banque "Monte dei Paschi di Siena" diminuer considérablement à cause de la crise financière.


Ecoles doctorales en France et Italie

Le système d’écoles doctorales en France est principalement basé sur le partage de ces écoles entre plusieurs établissements et le rapport fort entre PRES, universités et écoles doctorales. Si en Italie on parle également d’écoles doctorales, ces structures ne sont pas comparables à celles qui existent en France. Très fragmentées, elles sont encore marquées par la forte dépendance à un enseignant-chercheur assurant le suivi des doctorants. La coopération avec les écoles doctorales françaises passe donc plus facilement par des cotutelles que par une coopération institutionnelles entre écoles doctorales.

La reconnaissance du doctorat par les milieux socioprofessionnels est encore difficile en Italie, comme en France. Les petites et moyennes entreprises, très présentes dans l’industrie italienne, n’ont pas l’habitude d’employer des diplômés universitaires, à fortiori des docteurs, « dotore ». La CRUI a donc proposé de créer des doctorats en collaboration avec les entreprises (à l’instar des « CIFRE » en France), mais pour l’instant cette possibilité ne se traduit pas dans la réglementation. Le gouvernement italien a plutôt tendance à renforcer les écoles spécialisées comme la Scuola Internazionale Superiore di Studi Avanzati (SISSA) de Trieste ou la Scuola Normale Superiore de Pise, établissements dont la vocation est avant tout de faire de la formation doctorale, plutôt que de renforcer le doctorat dans les universités.

Accords bilatéraux et Université franco-italienne

En 1996 et 1998, la CPU et la CRUI ont conclu des accords de reconnaissance mutuelle des diplômes. Même si avec le processus de Bologne le paysage des formations dans l’enseignement supérieur tend à plus de convergence en Europe, il existe encore en Italie des formations diplomantes qui ne rentrent pas dans le système LMD. Un accord de reconnaissance pourrait aider à placer ces diplômes dans l’architecture des formations.

Il a donc été décidé d’échanger des informations concernant les systèmes respectifs pour arriver à un nouvel accord de reconnaissance, et de développer dans la cadre de l’université franco-italienne (UFI) des programmes comme "Vinci" qui vise, entre autres, à développer des masters conjoints et des cotutelles de thèse.

Les Pres, membres associés de la CPU

Le jeudi 16 septembre, l’assemblée plénière de la CPU a approuvé l’attribution aux Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur (Pres) de la qualité de membre associé de la CPU.
En tant que membres associés, les présidents de Pres peuvent participer aux assemblées plénières et aux commissions de la CPU mais n’ont pas le droit de vote lors des consultations.

11 Pres avaient déposé leur candidature :

• Paris Est
• Aix-Marseille Université
• Université Montpellier Sud de France
• Clermont Université
• Sorbonne Paris Cité
• Université de Bordeaux
• Université de Lorraine
• Université de Toulouse
• Paris Tech
• Université de Lyon
• Université Nantes Anger Le Mans

Ces pôles reconnus aujourd’hui par les membres de la CPU comme des acteurs à part entière, apporteront à notre conférence une vision singulière : celle d’établissements regroupant sur un même site, selon des modalités à chaque fois uniques, des établissements eux-mêmes différents autour d’intérêts communs.

La CPU, malgré sa dénomination, ne regroupe pas uniquement des présidents d’Université mais aussi des directeurs de Grands Etablissements, d’Ecoles Normales Supérieures ou encore d’Instituts Nationaux Polytechniques et donc, depuis ce jour, des présidents de Pres.

Brèves de séance

La CPU plénière a fait sa rentrée le jeudi 16 septembre 2010 : retrouvez un résumé des sujets à l’ordre du jour sur notre site Internet.


[1S’amuser, travailler dur, être un meneur