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L’Elysée veut "réduire" les organismes de recherche - Sylvestre Huet, Libéblog "Sciences²", 9 décembre 2010

jeudi 9 décembre 2010, par Elie

Arnold Munnich, le conseiller en sciences de la santé de Nicolas Sarkozy relance l’offensive de l’Elysée contre la recherche publique. Il vient de déclarer,que les organismes de recherche allaient subir « une réduction de leur voilure » et laisser la place aux universités pour conduire la recherche.

Pour ce qui est de réduire la voilure, on sait déjà qu’en 2011 le Cnrs va diminuer les dotations aux laboratoires de 11% et sabrer 25 millions d’euros dans les budgets des gros équipements.

Lors de cette séance, le 8 décembre 2010, commune à l’Académie nationale de médecine et l’Académie des sciences, consacrée à la recherche clinique, il a multiplié les déclarations montrant que l’exécutif n’a pas abandonné l’objectif que lui avait fixé Nicolas Sarkozy lors de son fameux discours du 22 janvier 2009, qui avait mis le feu aux poudres dans les laboratoires et les universités.

Affirmant que le paysage de la recherche était « en train de se modifier de manière considérable » depuis 2007, il a précisé que l’exécutif avait voulu « ne pas faire d’exception culturelle pour la recherche clinique ou médicale ».

Ce nouveau paysage, il le voit ainsi : séparer le rôle « d’agence de moyens » dévolu aux organismes de recherche fédérés dans des alliances, comme l’alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan), du rôle « d’opérateur de recherche » confié aux universités. Le troisième acteur est l’Agence nationale de la recherche (ANR), chargée du financement de la recherche sur des projets. Sur le fonctionnement de l’ANR, voir l’interview d’Alain Trautmann et cette note sur les Alliances.

Cette vision tripartite, présente dans le discours de Nicolas Sarkozy, et à nouveau affirmée par son conseiller, est pourtant en contradiction totale avec les actuels contrats quadriennaux, d’objectifs et de moyens, entre l’Etat et les organismes de recherche, par exemple celui signé par le CNRS et par Valérie Pécresse, en octobre 2009. Elle reprend par ailleurs les idées du rapport Zerhouni sur la recherche biomédicale et en sciences de la vie.

Arnold Munnich a estimé que les facultés de médecine étaient trop nombreuses et qu’il fallait « promouvoir, sinon une fusion, du moins un rapprochement des UFR biomédicales dans les universités devenues autonomes ».

Evoquant la future création de cinq instituts hospitalo-universitaires (IHU), des laboratoires d’excellence, des équipements d’excellence, des cohortes et les instituts de recherche et de technologie (IRT), il a déclaré : « Il va y avoir du remue-ménage. Ca va tanguer dans les prochaines semaines. Ca va faire mal. Il y a des gens qui pensent qu’ils sont bons et qui ne seront pas retenus et d’autres qui ne croyaient pas en eux et qui vont être retenus. On va avoir un paysage drôlement secoué début 2011 par les résultats des appels d’offres » du grand emprunt.

Ces cinq IHU pourraient être liés à des Fondations de coopération scientifique (FCS). « Il y aura une extension de ce droit à créer des fondations de coopération scientifique et ces FCS pourront lever des financements partenariaux avec les associations, les fondations ou des industriels pour des objectifs nationaux ou universitaires », a affirmé Arnold Munnich. « Les grandes universités labellisées IHU pourront créer des FCS, dans lesquelles rentreront des partenaires industriels, régionaux ou associatifs, de manière à rendre possible le projet de l’IHU », a-t-il expliqué.

En miroir de ces fondations de coopération scientifique adossées aux IHU, il sera créé une fondation de coopération scientifique nationale, adossée à Aviesan et à l’Alliance pour la recherche et l’innovation des industries de santé (Ariis).

Or, note le site Fabula : « Un amendement – adopté - donne la compétence au PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) de statut EPCS, de délivrer des diplômes nationaux. Ceci revient à donner à ces PRES qui peuvent comporter des établissements privés, et qui sont associés aux projets Idex (Initiatives d’excellence) la possibilité de délivrer des Masters et Doctorats, notamment ceux portés par les laboratoires d’excellence (Labex). Les universités restantes deviendraient ainsi les établissements de seconde zone type « Collège » (limité aux Licences déconnectées de la recherche) ».

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